Reportage

Etudiant-entrepreneur : il faut savoir être "un couteau suisse"

Par Rachel Rodrigues, publié le 10 novembre 2023
5 min

Être étudiant et entrepreneur(e) en même temps ? Le pari peut paraître osé mais c'est pourtant le quotidien de nombreux jeunes, qui, chaque année, lancent leur propre entreprise. À l'occasion des dix ans du prix Pépite, organisés à Paris ce jeudi 9 novembre, l'Étudiant a rencontré plusieurs d'entre eux.

"L'envie de créer notre société". C'est en ces termes qu'Antoine résume aujourd'hui les raisons qui l'ont poussé à créer son propre projet. Après un double diplôme d'ingénieur et de commerce, le jeune entrepreneur a expérimenté la vie en entreprise pendant deux ans, avant de se lancer dans sa propre aventure : Glaaster. Le concept ? Un outil d'intelligence artificielle destiné à faciliter la compréhension écrite des enfants dyslexiques.

Comme lui, des milliers de jeunes se lancent chaque année. "Le monde a besoin de jeunes entrepreneurs prêts à aborder des problèmes urgents", a d'ailleurs félicité la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, lors de la cérémonie de remise des prix Pépite organisée à Paris (75). Celle-ci a récompensé, le 9 novembre, 62 créateurs d'entreprise venus des quatre coins de la France.

Plus de 5.600 jeunes étudiants entrepreneurs accompagnés

Derrière ce prix décerné par le ministère de l'Enseignement supérieur, le statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE), qui a été mis en place en 2014, en France. Il concerne de plus en plus de jeunes, chaque année : un peu plus de 5.600 en 2022-2023, contre près de 640 en 2014-2015, année de lancement du dispositif.

Le principe : offrir la possibilité pour les étudiants et jeunes diplômés porteurs d'un projet de création d'entreprise, de pouvoir le réaliser, grâce à un accompagnement. Seule condition d'accès : disposer du baccalauréat ou d'un équivalent.

Au total, 33 pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite) ont été créés depuis dix ans, sur l'ensemble du territoire. Présents à proximité des établissements d’enseignement supérieur, ils apportent aux jeunes diverses ressources pour acquérir des compétences entrepreneuriales, avec l'aide d'un réseau d'enseignants-chercheurs, ou de différents mentors au sein des entreprises.

Un panel de compétences à acquérir

"Le réseau Pépite nous permet d'aller chercher de l'aide, quand on en a besoin", décrit Antoine. Elle "peut à la fois porter sur le juridique, le technique, ou encore le commercial", précise-t-il.

Ce soutien est d'autant plus précieux qu'en se lançant tôt dans l'aventure, il arrive aux étudiants-entrepreneurs d'être confronté à des difficultés "qu'on n'avait pas prévues, par manque d'expérience", admet Antoine : "Il faut préparer le financement, les enjeux techniques, être capable de recruter pour s'entourer des bonnes personnes".

Il faut savoir être "un couteau suisse", résume Cindy, créatrice d’une agence de voyages à destination de personnes en situation de handicap : "Le matin, on est expert-comptable, on s'occupe du juridique, et d'un coup, on doit pouvoir s'occuper d'un problème de communication" autour du projet.

Finalement, "on n'est pas des experts dans tous les domaines, mais c'est pas grave, on a des connaissances", affirme la lauréate.

"Jongler" entre les études et l'entrepreneuriat

Concilier études et entrepreneuriat n'est pas toujours facile : "Il y a les partiels, les devoirs à rendre", détaille Cindy. "Parfois, on a l'impression qu'on se perd", explique Kathlynn, qui a commencé à entreprendre pendant ses études de langue et marketing, il y a deux ans. "Être sûre des études qu'on veut suivre et du diplôme qu'on vise, c'est déjà compliqué. Avoir un projet en plus, ça peut nous pousser dans nos retranchements."

Néanmoins, l'accompagnement des réseaux Pépite permet de "plus facilement jongler entre les deux", affirme la jeune entrepreneure, à l'origine d'une plateforme qui permet aux marques de produits finis textiles de revaloriser leurs invendus.

C'est à ce titre qu'Adnane, créateur d'un système permettant aux villes de réduire leurs dépenses énergétiques en éclairages publics, a pu intégrer son projet entrepreneurial dans le cadre de son PFE (projet de fin d'études), au sein de son cursus d'ingénieur.

Le défi de la féminisation de l'entrepreneuriat

À l'heure actuelle, 38% des jeunes entrepreneurs sont des femmes, contre 20%, il y a dix ans. Une marge de progression encore trop faible pour le réseau Pépite, qui souhaite aller encore plus loin en termes de parité.

"Dans mon secteur, je me retrouve souvent à être la seule femme", témoigne d'ailleurs Kathlynn, qui compte sur le fait qu'un mouvement soit en marche pour que l'entrepreneuriat se féminise. "Elles étaient très peu avant moi, et j'espère qu'elles seront très nombreuses après moi".

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