Décryptage

Baromètre l’Etudiant-BVA : les jeunes stressés mais optimistes

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Par Thibaut Cojean, publié le 09 novembre 2021
5 min

Après 18 mois de crise sanitaire, la rentrée est déjà éprouvante pour les lycéens et étudiants. Le troisième baromètre de confiance dans l’avenir des 15-20 ans de l’Etudiant et BVA montre que les élèves, s’ils restent majoritairement motivés, sont de plus en plus stressés et de moins en moins confiants en l’avenir.

Dans de nombreux aspects de leur état d’esprit, le monde des jeunes se joue à deux contre un. Selon le troisième baromètre de confiance dans l’avenir des 15-20 ans de l’Etudiant-BVA, deux jeunes sur trois sont stressés (64%) par la rentrée 2021, mais autant sont motivés (66%). La même proportion se dit concerné par ses études (64%) et, deux jeunes sur trois encore (67%) se disent optimistes pour l’avenir.

Motivation et optimisme en baisse chez les 15-20 ans

Les 2.000 jeunes interrogés sont scolarisés de la seconde au bac+2. Les écarts d’âge et les différences de niveau scolaire, et donc d’attentes en matière d’emploi ou d’orientation, peuvent expliquer, en partie, qu’une majorité nette ait souvent du mal à se dégager. Jamais plus de deux jeunes sur trois, soit moins de sept sur dix, partagent un même état d’esprit en cette rentrée 2021.

L’an dernier à la même période, ils étaient pourtant très majoritaires - 77%, près de huit sur dix - à se sentir motivés par leurs études. La forte baisse de la motivation observée cette année - ils ne sont plus que 66% - s’accompagne d’une baisse générale de l’optimisme : 71% en 2020 contre 67% en 2021.

En outre, on observe une montée du stress : 61% il y a un an contre 64% en cette rentrée 2021. La tendance est donc au recul de l’épanouissement au profit, par exemple, de l’appréhension. En réponse à une question non posée l’an dernier, 61% des jeunes disent en effet démarrer l’année avec crainte, contre 51% avec enthousiasme.

Les lycéens sont les plus sujets au stress

Ces résultats ne surprennent pas Dounia Addad, secrétaire générale de la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne). "C’est vrai que quand on parle avec les lycéens, beaucoup sont de moins en moins motivés", constate-t-elle. Elle y voit un symptôme de l’"énorme manque d’accompagnement dans le corps éducatif, notamment avec la réforme du lycée". Elle vise aussi la procédure Parcoursup, qui selon elle, suscite "du stress et de l’incompréhension". Les élèves de première et de terminale sont justement ceux qui affichent le plus haut taux de stress de l’échantillon.

Bien que les jeunes restent majoritaires motivés, la représentante des lycéens insiste sur la faible part d’élèves confiants : 36%, soit un peu plus d’un sur trois. "Ce n’est pas seulement très peu, c’est grave ! Les études sont censées nous motiver, on a des filières variées où la plupart des personnes sont censées s’épanouir." Selon elle, les jeunes ne se sentiraient pas forcément à leur place : "Il y a un problème dans l’orientation qui dure depuis des années et qui s’est aggravé avec les réformes et la crise sanitaire."

Moral, méthodes de travail : un impact durable de la crise sanitaire

Le baromètre l'Etudiant-BVA confirme l’influence de la crise sanitaire sur l’état d’esprit des jeunes : 64% (deux sur trois, toujours) disent qu’elle a affecté leur moral. Mais on peut aussi y voir du positif : 65% estiment que la crise a eu un effet sur leur organisation personnelle, 64% sur leur capacité à étudier à distance, ou encore 60% sur leurs méthodes de travail. "Pour beaucoup, l’hybridation a eu des effets bénéfiques", reconnaît Dounia Addad. Même si "les lycéens qui se rapprochent de la FIDL disent que cette nouvelle autonomie a créé des confusions entre vie personnelle et vie scolaire".

Signe que l’accompagnement leur est insuffisant, les apports en lesquels les jeunes misent pour améliorer leur avenir montrent qu’ils comptent avant tout sur eux-mêmes. Les items les plus cités sont un solide socle de connaissances et de compétences (par 49% des jeunes), le développement des qualités personnelles (48%) et la connaissance du milieu professionnel (47%). Loin devant l’accompagnement dans un projet d’études (31%) ou dans un projet professionnel (24%).

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