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Sylvie Retailleau écarte la piste du revenu universel pour les étudiants

Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, répond aux questions de l'Etudiant.
Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, répond aux questions de l'Etudiant. © MESR/Alexandra Lebon
Par Pauline Bluteau, publié le 05 février 2024
5 min

À l’occasion de sa venue au salon du lycéen et de l'étudiant en Ile-de-France de l'Etudiant ce vendredi 2 février, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, a donné quelques indications sur la réforme des bourses en cours. Une réforme nécessaire mais qui ne prendra pas la forme d’un revenu universel ou d’une allocation d’études. Explications.

Celle qui se surnomme "la ministre des étudiants" n’est pas prête à donner son blanc-seing à toutes les revendications. Depuis son arrivée au gouvernement en mai 2022, la ministre de l’Enseignement supérieur a fait de la vie étudiante son cheval de bataille.

Or, depuis plusieurs mois, voire plusieurs années maintenant, parmi les revendications qui reviennent régulièrement sur la table du côté des associations étudiantes, l’instauration d’un revenu universel arrive en tête.

En pleine réforme des bourses, ce n’est pourtant pas l'arbitrage ministériel qui se profile d’ici 2025. Pourquoi ce choix et quelle forme prendra la seconde étape de la réforme des bourses engagée ? Sylvie Retailleau nous a précisé ses intentions.

Une alerte pour lutter contre la précarité étudiante

En septembre dernier, 14 présidents d’université ont eux aussi signé une tribune, publiée dans le Monde, réclamant une allocation d’études. Chaque étudiant percevrait un revenu minimum, revenu qui pourrait augmenter au fur et à mesure des études.

Si la ministre est en accord "avec beaucoup de choses qui ont été remontées" et qu'elle n'a pas "attendu la tribune pour faire ce constat", elle désapprouve la solution proposée. "Ce que je ne comprends pas avec le revenu universel, c'est en quoi aider des personnes issues de familles privilégiées contribue à diminuer la précarité de ceux qui en ont vraiment besoin", répond ainsi Sylvie Retailleau.

"Nous avons fait tout un travail sur les bourses, dans un contexte difficile. Les étudiants en avaient besoin et nous l'avons fait avec des sommes non négligeables, de façon urgente. Nous avons pensé aux étudiants. Nous avons fait cette première étape de la réforme avec un réel souci de la qualité de vie étudiante. Nous avons discuté avec les présidents d’université. Nous avons échangé, je comprends leur alerte, parce qu’ils s’en sentaient la responsabilité", rappelle-t-elle par ailleurs.

Un revenu universel pour les étudiants ? "Infaisable" financièrement

La concertation, la ministre de l’Enseignement supérieur y tient et en a fait sa marque de fabrique. Selon elle, plusieurs présidents d’université auraient finalement changé leur fusil d’épaule après ces discussions.

Car au-delà de cette mise au point, Sylvie Retailleau estime surtout cette mesure intenable. "Est-ce que c’est la bonne solution ? Le vrai sujet, c’est comment aider plus ceux qui en ont le plus besoin. Le bon sujet, ce n’est pas de proposer des choses infaisables. Cette mesure coûterait 25 milliards d’euros, c’est tout le budget du ministère", affirme-t-elle.

D'autant que pour elle "philosophiquement, aider tous les étudiants de la même façon ne correspond pas au modèle que nous souhaitons en France" : "On doit former les étudiants à devenir des citoyens éclairés, on doit leur faire prendre conscience de ce que représente le modèle social dont ils font partie. Nous ne devons pas aider tout le monde de la même manière, mais aider plus ceux qui en ont le plus besoin."

Plus de boursiers pour rattraper la baisse

Malgré la volonté de la ministre, depuis la présidence d’Emmanuel Macron, le nombre d’étudiants boursiers a diminué. A la rentrée 2017, 697.000 étudiants bénéficiaient des bourses du Crous sur critères sociaux. Ils ne sont plus que 665.000 à la rentrée 2022, soit une baisse de 32.000 boursiers en cinq ans.

Pourquoi une telle baisse ? "La baisse du nombre de boursiers était lié au barème. Mais depuis, nous l'avons donc fait augmenter. Nous avons aussi mis le repas à un euro pour tous les étudiants, nous avons gelé les frais d’inscription, etc. Tout ça, c’est du pouvoir d’achat supplémentaire. Il s’agit d’un effort global. Le barème a été changé pour que personne ne soit perdant", répond Sylvie Retailleau.

Depuis la rentrée 2023, les étudiants perçoivent au minimum 145,40 euros par mois à l’échelon 0 bis, c’est 37 euros de plus qu’avant la réforme. Au total, la ministre prévoyait 35.000 boursiers supplémentaires... tout juste de quoi rattraper les 32.000 boursiers qui n’en ont pas bénéficié ces dernières années.

Sans revenu universel en vue donc, la réforme des bourses se poursuit avec pour échéance une mise en place à la rentrée 2025.

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