Portrait

Anaïs-Mai Desjardins, étudiante en médecine et kitesurfeuse professionnelle : "Je sais que le sport de haut niveau est éphémère"

Anaïs a commencé la pratique du kite surf à 13 ans.
Anaïs a commencé la pratique du kite surf à 13 ans. © Photo fournie par le témoin
Par Valentine Daléas, publié le 01 août 2023
4 min

Anaïs-Mai Desjardins jongle entre ses études de médecine et la pratique du kite foil à haut niveau. Deux ans après l’avoir rencontrée, l’Etudiant est revenu vers elle à l’approche des Jeux olympiques de Paris pour en savoir plus sur sa préparation.

Étudiante en quatrième année de médecine à la faculté de Lille (59), Anaïs-Mai Desjardins pratique en parallèle le kite foil, une branche du kite surf, à haut niveau. "La différence avec le kite surf, c’est qu’on a un foil en dessous de notre planche, c’est-à-dire une sorte de grand mât qui permet de s’élever au-dessus de l’eau avec la vitesse", explique la jeune femme de 22 ans.

Championne d’Europe junior en 2018 et vice-championne de France senior en 2021, Anaïs-Mai a commencé le kite surf à l’âge de 13 ans. "Je ne pouvais pas commencer trop tôt pour des raisons de sécurité, mais je n’ai pas arrêté depuis, glisse la licenciée du club de Dunkerque. Avec ma famille, on mangeait kite, on dormait kite, on respirait kite. C’est vraiment ça que je voulais faire."

Prochain objectif : les Jeux de Paris 2024. C’est la première fois que le kite foil devient une discipline olympique. Mais avant de pouvoir rêver d’une médaille, il faut se qualifier. La tâche est loin d’être aisée puisqu’il n’y a qu’une seule place pour cette catégorie en France.

Des chances de qualification aux JO 2024 "minces"

Pour Anaïs-Mai, le kite foil "a pris un certain virage" depuis qu’il est devenu une discipline olympique. "On s’est rendu compte qu’il fallait être lourd pour être rapide, sauf que je n’ai pas le gabarit pour être lourde et rapide, détaille l’athlète. Je fais 1m58 pour 55kg quand les autres font 75kg."

Si elle a essayé de suivre la tendance et de prendre du poids, "c’était difficile en termes d’image de soi", admet la jeune femme. "En tant qu’étudiante en médecine, je ne me voyais pas manger très mal pour prendre du poids tout en faisant du sport à côté, affirme la jeune femme. Ce serait aller à l’encontre de ce qu’on est censé véhiculer auprès du public en tant que sportifs."

L’étudiante en médecine juge aujourd’hui ses chances de qualification "minces". "Je me suis demandé si j’allais continuer, mais le projet reste porteur de messages positifs", juge-t-elle. Des partenaires lui permettent de financer les 50.000 euros annuels liés à la pratique du kite foil à haut niveau.

La sportive "essaie de transposer toutes les techniques apprises dans le cadre du kite foil pour devenir meilleur médecin" : "Il y a beaucoup de choses que je vois en préparation mentale, pour les situations de stress élevé, qui m'ont servi à l’hôpital, par exemple quand j’ai fait un stage aux urgences".

"Ça fera toujours partie de moi d’avoir fait une campagne olympique"

En revanche, Anaïs-Mai a déjà décidé qu’elle ne participera pas à la campagne olympique de 2028. En plus de "l’histoire du poids", l’étudiante en médecine prévoit que "les aménagements scolaires seront plus compliqués au moment de l’internat". Depuis sa deuxième année, l’université de Lille lui a permis de ne pas assister à certains cours ou d’avoir des dates de stage plus flexibles.

Mais le kite foil se pratiquant à l’extérieur, il est impossible de prévoir une routine. "On dépend des conditions, il peut y avoir du vent le matin, l’après-midi ou le soir, observe l’étudiante. C’est une adaptation constante, car l’entraînement de kite conditionne le travail à la salle de sport et les révisions."

Anaïs-Mai ne compte pas pour autant arrêter d’avoir "des projets à côté de la médecine" : "Je me suis aperçu que ça m’aide de m’évader et de me vider la tête pour être plus concentrée par la suite".

L’étudiante vise la spécialité de médecine généraliste et s’intéresse aux diplômes liés au sport et aux médecines alternatives. "J’apprécie mon projet parce que je sais que c’est temporaire et que le sport de haut niveau est éphémère, affirme-t-elle sans détours. Mais ça fera toujours partie de moi d’avoir fait une campagne olympique et sportive de haut niveau."

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