Témoignage

Comment je suis devenu organisateur de festivals

Diplômé d'un Bachelor of Arts et d'un master de l'IAE de Grenoble, Geoffroy organise le festival de hip-hop Who got the flower ?!
Diplômé d'un Bachelor of Arts et d'un master de l'IAE de Grenoble, Geoffroy organise le festival de hip-hop Who got the flower ?! © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 04 juillet 2019
8 min

À 28 ans, Geoffroy Durochat, passionné de break dance, a réussi à conjuguer amour de l’art et événementiel en organisant des festivals de hip-hop réputés dans le monde entier, comme Who got the flower ?! Portrait.

9 h 30, à Pontcharra, dans l’Isère. Comme chaque matin depuis juin 2018, où il est devenu salarié de son association Nextape, spécialisée dans le spectacle et les arts vivants, Geoffroy Durochat se rend à son bureau. Outre un festival annuel de hip-hop, Who got the flower ?!, qui a fêté sa cinquième édition en avril 2019, il est également professeur de danse et danseur-interprète, sollicité dans toute l’Europe. "Actuellement, c’est l’événementiel qui absorbe 80 % de mon temps, même si, à une période, c’était l’inverse", précise-t-il.

La passion de la danse depuis l'enfance

Sa rencontre avec la scène et le monde du spectacle ne date pas d’hier... Son père, lui-même impliqué dans le milieu associatif, l’emmène avec lui dans un forum d’associations. À 7 ans, Geoffroy découvre, fasciné, un ado exécutant un salto arrière au cours d’une démonstration de break dance. Il décide d’apprendre à en faire autant, et ses parents l’inscrivent à son premier cours de danse.

Bon élève au collège, il présente des facilités en sport, arts plastiques, maths et physique, avec un profil scientifique assez marqué. À fond dans ses cours de danse, il décide d’organiser une compétition de skate, discipline à la mode cette année-là, au sein de son collège. "J’étais en 5e. Je suis allé voir le proviseur, le CPE [conseiller principal d'éducation], la vie scolaire pour expliquer mon projet et avoir le feu vert. Cela s’est très bien passé. J’ai obtenu ce que je voulais et j’ai créé moi-même l’affiche et le déroulé de l’évènement, de A à Z", se remémore-t-il.
Malgré le succès et le plaisir pris à organiser son premier "événement", Geoffroy n’imagine pas du tout s’engager dans cette voie. Ses cours de break dance et les compétitions occupent tout son temps libre, et c’est toujours avec la perspective de suivre des études "classiques" qu’il entre au lycée public Pierre-du-Terrail, à Pontcharra.

En parallèle d’une scolarité sans nuages, il devient le président de l'association de break dance Nextape, située dans la même ville. "J’avais en tête de développer la culture hip-hop sur le territoire, car il n’existait pas grand-chose localement et tous les passionnés comme moi manquaient d’infrastructures pour s’entraîner", raconte Geoffroy, qui dispense déjà des cours de danse dans des MJC (maisons de la jeunesse et de la culture) à cette période.

Des études optimisées

En 2009, c’est relativement sans efforts qu’il décroche son bac S spécialité maths avec la mention assez bien. Aimant "tout ce qui est carré", il n’a aucune idée précise en tête lorsqu’il s’inscrit en DUT (diplôme universitaire de technologie) techniques de commercialisation, à Grenoble. Mais il est conscient de son intérêt pour les contacts humains, la jeunesse et la culture populaire.

Toujours bien organisé, il a augmenté son nombre d’heures de cours de danse, donnés à Pontcharra et aux alentours, et optimise au maximum le temps passé à l’université. "Je crois que c’est parce que j’ai toujours été très attentif en cours que j’avais des facilités", constate Geoffroy. Son diplôme en poche, il se tourne vers des stages dans l’événementiel. La gestion de toute la partie sportive d’un "week-end de la glisse", au cours d’un stage non rémunéré de deux mois, basé à Grenoble, le passionne.

Il intègre une troupe de danseurs anglais

De son propre aveu "nul en anglais", il part ensuite en échange Erasmus en Angleterre, tout en poursuivant sa licence à la fac de Grenoble. Inscrit dans une école anglaise à Coventry, il entame en parallèle un Bachelor of Arts, à ses frais. Une semaine après son arrivée, il fait la rencontre d’une troupe de danseurs anglais qu'il intègre immédiatement.

S’ensuivent alors de nombreuses compétitions de break dance, en Europe et dans le monde, sans que ses études en souffrent. "J’adorais ma vie en Angleterre, j’étais devenu très fluide en anglais et je m’éclatais à la fois comme danseur et organisateur d’événements hip-hop que j’avais commencé à gérer là-bas, raconte Geoffroy. Mais je savais aussi que si je ne retournais pas en France finir rapidement mes études, je n’aurais plus le courage d’y revenir ! Surtout, je trouvais les événements et festivals culturels mal organisés. Je n’étais jamais satisfait et dans ma tête, je refaisais le déroulé comme j’imaginais qu’il aurait dû être ! C’est à ce moment-là que j’ai envisagé d’intégrer l’IAE [institut d'administration des entreprises] de Grenoble".

D’étudiant-entrepreneur à créateur de festival

Son dossier est accepté à la rentrée 2013. De retour en France, il récupère l’ensemble de ses cours de danse, reprend les manettes de Nextape et renoue avec son réseau. À l’IAE, où il apprend "tous les outils nécessaires à la création d’un business", il effectue un master 1 en marketing, puis un master 2 en ingénierie marketing. En avril 2014, il décide, au cours de ses études, de créer son premier festival de hip-hop à Pontcharra, fort d’un statut d’étudiant-entrepreneur. "Mon mémoire de fin d’études, c’est sur mon propre événement que je l’ai écrit", déclare-t-il.

Une deuxième édition voit le jour en 2015, l’année de son diplôme, avec un budget de 20.000 €, de fonds publics et privés. Aujourd’hui salarié de sa propre association, Geoffroy gère un budget annuel de 100.000 euros et 50 artistes pour les trois jours de Who got the flower ?!, devenu une référence mondiale des festivals de la discipline hip-hop. L’IAE de Grenoble vient même de lui demander d’intervenir devant ses élèves afin d’expliquer les étapes de la création d’un festival. Un honneur pour cet artiste dont les chorégraphies sont aussi précises que ses stratégies événementielles.

Geoffroy Durochat en 6 dates

18 février 1991 : naissance à Grenoble
Juillet 2009 : bac S mention assez bien
2011 : diplômé du DUT tech de co à Grenoble
2012 : diplômé d’un Bachelor of Arts à Coventry (Angleterre)
Avril 2014 : crée la première édition de son festival de hip-hop Who got the flower ?!
2015 : Diplômé en master 2 en ingénierie marketing à l’IAE de Grenoble
Comment devenir organisateur de festivals ?

Commencer par un BTS événementiel, marketing ou communication ou la branche événementielle de l’IAE est une possibilité. Beaucoup d’écoles, comme le CELSA, l’ISCOM ou encore Sup de pub, permettent également d’acquérir le bagage nécessaire à tout organisateur d’événements culturels.
Salaire : 2.500 € net mensuels.

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