Portrait

Hugo, 24 ans, danseur étoile à l'Opéra de Paris : "J'ai atteint le titre suprême !"

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Hugo, à 24 ans, a atteint l'excellence dans son domaine. © Ann Ray/Opéra National de Paris pour l'Etudiant
Par Étienne Gless, publié le 19 avril 2018
4 min

ILS GAGNENT 3.000 EUROS AVANT 30 ANS. Hugo a intégré l'École de danse de l'Opéra de Paris à 13 ans. Aujourd'hui, danseur étoile, il enchaîne entraînements, répétitions et représentations. Portrait extrait de notre enquête sur les moins de 30 ans qui gagnent 3.000 € par mois.

"Je suis rétribué environ 3.500 € net par mois. À 24 ans, je gagne certes très bien ma vie mais je suis arrivé au dernier grade auquel je peux accéder !" Hugo a été nommé danseur étoile à l’Opéra de Paris par Aurélie Dupont, la directrice de la danse, en mars 2017. "La rémunération d’un danseur étoile à l’Opéra de Paris oscille entre 3.500 et 7.000 €, selon que l’artiste est en début ou fin de carrière. Or celle-ci s’arrête à 42 ans et demi pour les garçons comme pour les filles. Je ne peux pas m’attendre à de grosses augmentations", précise Hugo.

Son parcours

Hugo a quitté Nantes pour entrer en internat dès l’âge de 13 ans à l’École de danse de l’Opéra de Paris. "J’ai un peu sacrifié ma vie de famille. On ne sortait jamais de ce building." Entré en cinquième division à l’école de danse, Hugo passe en première division à 16 ans en sautant une classe.
"En 2011, j’ai passé le concours interne de l’Opéra.

J’ai été recruté avec un contrat de quadrille stagiaire, soit danseur de cinquième échelon dans la hiérarchie des emplois de danseurs de ballet. J’ai d’abord été coryphée, puis sujet et, enfin, danseur étoile. J’ai appris ma nomination alors que j’étais en représentation à Tokyo."

"On donne physiquement, mais aussi émotionnellement"

Le planning d’un danseur étoile ? Dense. "À 9 h 15, étirements pour réveiller le corps ; à 10 heures, cours de Pilates ; à 11 heures, cours de danse ; de midi à 16 heures, répétition du spectacle ou parfois de 13 h 30 à 16 heures, pour se ménager. Des fois, je reste tard à l’Opéra pour assister à une représentation."
Il arrive qu’Hugo donne une représentation le soir et répète un ballet en journée. "On peut jouer classique, le soir, et répéter contemporain, la journée, être amené à jouer à l’opéra Garnier et à Bastille. Parfois, on joue du lundi au vendredi, à Paris, et on part en gala, à Rome, le samedi et dimanche, pour atterrir à Paris, le lundi à 6 heures du matin et reprendre les répétitions à midi !"
Pour résister à ce planning, Hugo cherche toujours à maintenir l’équilibre entre la discipline qu’exige son statut d’étoile et des plages de repos et d’évasion : "Dans les ballets à histoires comme 'Onéguine', on donne physiquement, mais aussi émotionnellement. On a donc vite besoin de décrocher : visiter des expositions, voir ses amis, bien manger, bref, se faire plaisir, confie Hugo qui a du mal à décrocher de ses rôles. Les personnages sont si intenses que même sorti de l’Opéra, on y pense encore. C’est un travail qui demande beaucoup d’énergie, mais c’est génial, car ce sont parmi les plus beaux ballets à danser."
Hugo confesse pourtant être un bon vivant. "J’adore boire du bon vin et faire la fête. Mais en ce moment, je me dois d’être en forme, car j’ai très envie de danser ce ballet, je ne vais pas manger un burger et boire une bière le soir." Si dans la danse Hugo a déjà atteint l’excellence, il est un domaine où il peut progresser, l’anglais : "Pour ma carrière internationale, j’ai vraiment besoin de m’améliorer. J’utilise mon compte personnel de formation pour prendre des cours."

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