Travailler chez Facebook, ça ressemble à quoi ?
Au cœur de Paris, dans le quartier de l’Opéra, un immeuble à la façade de briques et de verre abrite des entreprises stars du Web. Les nouveaux locaux de Facebook, qui accueillent plus de 70 salariés, occupent les deux derniers étages. Bienvenue dans la petite Silicon Valley à la rencontre des métiers du réseau social.
Le mur des recrues
Chez Facebook, aucune embauche ne passe inaperçue. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Tout est mis en œuvre pour que les employés trouvent leur place dans la grande famille Facebook. À chaque nouvelle arrivée, une photo de la recrue est affichée au mur.
Brice, responsable marketing
D'après Brice (debout) chez Facebook : "On a le droit de faire des erreurs ; l'entreprise se remet elle-même constamment en cause". // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Diplômé du master marketing et études de Sciences po Paris, Brice, 28 ans, a rejoint la célèbre entreprise américaine en 2015, après quelques années au sein d'une agence de communication. "En tant que responsable marketing, mon rôle consiste à définir et exécuter la stratégie de développement de Facebook pour les entreprises. Cela passe notamment par la création de contenus spécifiques aux différents secteurs d'activité, l'organisation d'événements, le développement de partenariats et d'études." Un poste qui réclame une bonne capacité d'analyse et de l'écoute. L'aspect qu'il préfère ? "J'ai l'impression de travailler dans une grande start-up, avec une réelle liberté d'initiative. Facebook mise sur des personnes et s'attache à les faire progresser dans l'organisation. On ne s'ennuie jamais !"
À l'avenir, Brice pourrait être amené à s'expatrier, à Dublin (Irlande), à Austin Texas ou à Menlo Park, le siège de l'entreprise situé en plein cœur de la Silicon Valley (Californie).
Open space et work in progress
Les bureaux français de Facebook reprennent les caractéristiques du siège californien. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Chez Facebook, oubliez la hiérarchie verticale. Les bureaux sont ouverts. Juniors et managers sont dans le même espace. Cette logique de l'open space provient tout droit du siège californien de l'entreprise.
Le plafond non fini, que l'on distingue au fond à droite, est une autre marque de fabrique. On la retrouve dans tous les bureaux Facebook à travers le monde. Il illustre l'idée que le travail n'est jamais fini, toujours en perpétuelle évolution. Work in progress !
De même, les slogans qui ornent les murs tels des mantras – "Black lives matter", "Be open" – reproduisent à l'identique les posters affichés dans les locaux emblématiques de la Silicon Valley. Ils perpétuent la culture d'entreprise.
Molly, chargée de la communauté francophone d'Instagram
Molly pose dans la "maison Instagram", réplique de l'originale en Californie. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Le compte instagramfr, c'est elle. Molly, 27 ans, est chargée de la communauté francophone de l'application Instagram (application et service de partage de photos et vidéos, lancée en 2010 et acquise par Facebook en 2012). Un poste sur mesure pour cette férue de photos, diplômée d'une licence d'histoire à l'université Paris-Sorbonne.
"À la sortie de l'université, j'ai créé un webmagazine culturel dans lequel je m'occupais de la découverte de photographes sur Instagram. On me disait que le domaine de l'image était bouché, mais j'y suis quand même allée ! Quelques années plus tard, un de ces photographes m'a parlé du poste que j'occupe actuellement."
Sur ce type d'application, l'écrit s'efface devant l'image. Mais Molly est chargée d'identifier les points forts des francophones. Chaque jour, elle poste une photo avec un article à ses 785.000 abonnés. "Pendant cinq ans, j'ai été habituée à travailler chez moi, sur mon canapé : Facebook me permet de garder cette flexibilité dans mon travail."
Pas de dresscode
Chez Facebook, on peut se mettre à l'aise pour travailler. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
En chaussettes ou en tongs, comme à la maison. "Ma génération accorde beaucoup d'importance aux conditions de travail. Avoir une salle où on peut s'isoler une heure avec des snacks et des boissons à disposition, c'est un vrai plus", observe Grégoire, consultant en stratégie digitale.
Formel, informel... Les limites sont parfois floues dans la start-up. Pas de dresscode imposé, si ce n'est celui de rester soi-même.
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Clothilde, manager au sein de l'équipe Affaires publiques
Clothilde a travaillé en agence de communication avant d'entrer chez Facebook. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Diplômée du CELSA (École des hautes études en sciences de l'information et de la communication), à Paris, Clotilde (au centre), 30 ans, est manager au sein de l'équipe Affaires publiques.
"Je communique sur les initiatives de Facebook qui ne sont pas toujours connues, par exemple, un hackaton organisé avec des lycéens de Béthune (62) pour lutter contre le cyberharcèlement."
Après sept ans passés dans une agence de communication, la future maman a été embauchée l'été dernier par son principal client : Facebook. "J'ai été sélectionnée après une dizaine d'entretiens de vingt à trente minutes, notamment en visioconférence, avec des personnes qui occupent le même poste que moi à l'étranger et avec lesquelles je travaille régulièrement depuis."
Si Clotilde était déjà enceinte de quatre mois lors de la phase de recrutement, elle précise que la grossesse n'a pas été un obstacle. La clé pour se démarquer, selon elle ? "Comprendre les attentes et proposer des projets disruptifs, innovants."
La cantine, lieu de détente et de travail
La cantine, un lieu convivial qui sert aussi de salle de réunion. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
L'accueillante cantine s'improvise facilement en salle de réunion. Elle donne sur une vaste terrasse arborée, qui bénéficie d'une vue imprenable sur les toits de Paris. On peut contempler la Tour Eiffel et la Grande Roue de la place de la Concorde, confortablement installé dans un fauteuil du salon d'extérieur. Détente garantie !
Ici, tout est fait pour que le salarié se sente bien. Un large assortiment de barres chocolatées, bonbons, fruits frais ou secs est proposé en libre-service dans la cafétéria.
Grégoire, consultant en stratégie digitale
Pour intégrer Facebook, Grégoire a postulé à Dublin. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
À la sortie de Toulouse Business School (une grande école de commerce), en 2010, Grégoire traduit son CV en anglais et postule chez Facebook à Dublin (Irlande). En moins d'une semaine, le département des ressources humaines le contacte. "Ce n'était pas impossible, mais encore fallait-il oser", sourit-il.
Revenu en France en 2015 pour occuper un poste de consultant en stratégie digitale, le tout jeune trentenaire conseille les grandes entreprises de la distribution sur la digitalisation de leurs activités. "Ce qui a fait la différence dans ma candidature ? Le choix de mes stages chez Sony, SFR et Ubisoft, orientés vers l'univers de la communication et des technologies. Je n'ai pas choisi un métier mais un secteur d'activité", résume-t-il.
Les bulles, espace d'isolement
Les bulles permettent aux salariés de s'isoler en cas de besoin. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
L'absence de cloisons, entre les salariés et les bureaux, n'empiète pas pour autant sur l'intimité de chacun. Les locaux comptent de nombreuses salles de réunion et des petites "bulles" aux noms frenchies pour s'isoler, pour passer un appel ou pour organiser une visioconférence. Ici, la bulle Mille-feuille.
Neil, chercheur dans le domaine de l'intelligence artificielle
Neil prépare une thèse sur la reconnaissance de la parole. // © Bruno Lévy/Divergence pour l'Etudiant
Unique en Europe, le laboratoire d'intelligence artificielle, qui réunit une vingtaine de chercheurs internationaux, fait la fierté du bureau français. Neil, 25 ans, y prépare une thèse sur la reconnaissance de la parole, co-encadrée par le département de sciences cognitives de l'ENS (École normale supérieure) Ulm, à Paris. "Il faut enregistrer des milliers d'heures de paroles pour qu'un logiciel de reconnaissance vocale fonctionne. Or, on sait qu'un bébé est capable d'apprendre un nouveau langage en cinq cents heures au maximum. L'idée est donc de créer un système capable d'apprendre par lui-même à partir de données", explique-t-il dans les grandes lignes.
L'intérêt du studieux jeune homme pour la recherche sur l'apprentissage du langage est né entre deux masters, le premier suivi à l'université Paris-Dauphine, le second à l'ENS Paris-Saclay. "Outre un background solide en mathématiques et en programmation, le goût pour l'intelligence artificielle est indispensable. C'est un domaine très sélectif qui exige beaucoup d'investissement", prévient-il.