Reportage

Rentrée 2023 : l’attractivité des BTS en question

À Avignon (84), la rentrée bat son plein au Campus des Sciences et Techniques.
À Avignon (84), la rentrée bat son plein au Campus des Sciences et Techniques. © Florian Dacheux
Par Florian Dacheux, publié le 06 septembre 2023
5 min

Alors que la réforme de la voie professionnelle bouscule un peu la rentrée pour les lycéens engagés dans un bac pro, leurs aînés en BTS ne sont pour l’heure pas ou peu affectés. Reportage à Avignon.

À Avignon (84), la rentrée bat son plein au Campus des Sciences et Techniques, né de la fusion entre le lycée polyvalent régional Philippe de Girard et le lycée professionnel Robert Schuman.

Ce 5 septembre, ce sont les étudiants qui font leur rentrée. Côté supérieur, cet établissement propose 6 BTS (maintenance des véhicules, électrotechnique, maintenance des systèmes, conception des produits industriels, systèmes numériques CIEL, économie sociale familiale) ainsi qu’une classe préparatoire ATS.

Attractivité des BTS en baisse

Doté d’un excellent plateau technique, le campus avignonnais tente de répondre aux enjeux du moment en termes de formation et d’insertion professionnelle. Mais selon son proviseur Florent Briard, il serait temps d’optimiser certaines filières.

"Les effectifs en BTS sont remplis de manière très variable, dit-il. C’est un problème d’appétence ou de motivation à l’issue de l’obtention du bac pro. Je pense notamment au BTS CIEL ou au BTS maintenance des véhicules qui forment pourtant à des métiers où il y a un gros besoin de main-d’œuvre. Il faudrait peut-être mixer davantage les publics issus de formation initiale et de l’apprentissage."

La concurrence de l’apprentissage

Pour Frédéric, professeur en maintenance des systèmes, la perte de vitesse et d’attractivité de certains BTS serait directement lié à la promotion de l’apprentissage. "Notre vivier en bac pro sort diplômé avec une formation de moins en moins technique. Or, nous avons en BTS des technologies de pointe relativement complexes à maîtriser. Et sans les notions de base, c’est plus compliqué pour certains. Dans le même temps, on subit une forte pression de l’apprentissage par une volonté politique et des publicités qui favorisent cette voie. C’est une très bonne formation dès lors que l’entreprise joue le jeu et que le jeune est adapté à ce rythme-là."

Ce phénomène explique notamment les échecs en BTS des élèves issus de la voie professionnelle qui sont encore trop nombreux. "L’an dernier, nous avons eu 33% de perte en 1ère année, précise Frédéric. Il est certain que c’est plus compliqué pour un bac pro que pour un STI2D, notamment en termes d’autonomie et de notions scientifiques, mais on y arrive. On travaille beaucoup sur le savoir-être, la ponctualité. Certains ne sont pas opérationnels mais adaptables en tant que techniciens."

"Du sérieux et de l'assiduité"

"C’est vrai qu’il y a une vraie différence en termes d’environnement mais je suis là pour apprendre et toucher aux machines, témoigne Alexis, en 1ère année de BTS Maintenance des systèmes. On est conscient que ça passe par beaucoup de sérieux et d’assiduité."

Arrivé en retard à cause d’un problème de transport en commun, son camarade Younès sourit : "Je découvre. C’est beaucoup plus grand que mon ancien lycée. Je suis là pour compléter mon bac pro électrotechnique."

Lutter contre le décrochage

Pour lutter contre le décrochage, la réforme de la voie professionnelle propose une modification de la période de stages en fin de terminale. Concrètement, pour ceux qui veulent s’insérer dans la vie active, la durée des stages sera augmentée de 50%. Pour les autres, qui souhaitent poursuivre leurs études, quatre semaines de cours supplémentaires seront organisées pour préparer notamment à l’entrée en BTS.

"C’est une mesure qui semble cohérente, réagit le proviseur. Mais je me demande si on ne devrait pas explorer les compétences psychosociales de ces jeunes, afin de prendre en compte davantage leurs sentiments en termes d’orientation, de rationalité, etc."

Autre levier ? Le recrutement d’un animateur du bureau des entreprises qui viendrait compléter le travail du directeur délégué à la formation professionnelle et technologique (DDFPT) pour la recherche de stages. Sans oublier le dispositif "Ambition Emploi", qui consiste à accueillir des élèves sans solution. En se réinscrivant dans leur lycée d’origine dès cette rentrée, ils ont quatre mois pour se réorienter tout en formulant une demande de bourse avant le 19 octobre.

Une 3e année de BTS ?

La carte des formations sera également amenée à évoluer d’ici le mois de décembre, mais le Campus des Sciences et Techniques juge qu’il est encore trop tôt pour réviser ses cursus déjà en place. "Nous avons une majorité de BTS dans l’industrie, un secteur qui recrute", observe la proviseure adjointe Alice Gusse.

Et pourquoi pas s'inspirer de la récente réforme des DUT pour renforcer la réussite en BTS ? "Compléter certains BTS d’une troisième année ne serait pas idiot, rebondit Florent Briard. En tout cas, ça mérite d’engager une réflexion."

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