Reportage

Polytechnicien et circassien, Théo Touvet rencontre des lycéens : "Il ne faut pas se mettre dans des cases"

Par Pauline Bluteau, Emma Faury, publié le 28 février 2023
5 min

VIDEO. Artiste circassien, Théo Touvet est revenu sur le chemin de l’école pour échanger avec des élèves de son ancien lycée autour de sa passion pour les arts. Il raconte son parcours scolaire loin d’être linéaire. Reportage.

Ce jeudi 23 février 2023, une classe de seconde du lycée Louis Pasteur à Besançon (25) a accueilli pendant 1h30 un ancien élève pas comme les autres. Il s’agit de Théo Touvet, artiste circassien, mêlant arts et sciences, avec comme spécialité la roue Cyr (discipline avec un agrès de cirque). "L'entrée du lycée n’était pas ici à mon époque", s'amuse-t-il, sous la grisaille matinale, en arrivant devant les grilles de l'établissement.

Originaire de Besançon où il a suivi toute sa scolarité jusqu’au bac, Théo Touvet, souriant et décontracté, revient sur les bancs de son ancien lycée dans le cadre du dispositif Un artiste à l’école. Après des retrouvailles surprises et touchantes avec son ancien professeur de physique en 5e qui lui a donné la passion des sciences, c’est l’heure de la rencontre avec des élèves attentifs et curieux d’un parcours hors du commun.

Théo Touvet - Lycée Louis Pasteur à Besançon
Théo Touvet - Lycée Louis Pasteur à Besançon © Emma Faury / L'Etudiant

De Polytechnique à l’École du cirque

"Regrettez-vous de ne pas avoir continué à la NASA ?" Réponse cash : "ce sera peut-être le cas dans dix ans mais aujourd'hui j'ai encore envie d'explorer beaucoup de choses au niveau artistique." En effet, avant de s'engager corps et âme dans l'art Théo Touvet a eu un parcours plus académique.

Deux ans de prépa scientifique, une licence à l’École normale supérieure de Lyon (69), un master à Polytechnique, des recherches au MIT et un stage de fin d’études à la NASA… Et enfin un virage à 180° en intégrant l’École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois (93).

S'il a toujours été captivé par le monde artistique - avec beaucoup de pratique (jonglage, trombone, gymnastique etc.) - et qu'à 17 ans, il est accepté dans l'école de cirque de ses rêves, l'artiste décide finalement d'opter pour les sciences, son autre passion.

"J'ai eu la chance d'aimer l'école. Même si j'adorais le domaine artistique, j'ai fait un bac scientifique, j'avais l'impression de me fermer moins de portes. Et puis j'étais curieux de ce monde scientifique et de ce qu'on faisait en prépa", admet Théo Touvet, en toute simplicité, devant les lycéens en pleine orientation et aussi sous le regard, plein de malice, de son ancien prof qui a eu droit à plusieurs clins d'œil durant l'intervention.

Les arts du cirque, une pratique méconnue pour les lycéens

Entre des questions d'orientation et sur sa vie à l'époque au lycée, les arts du cirque intriguent les jeunes bisontins avec des questions directes, "pourquoi avoir choisi la roue ?". Réponse franche de Théo Touvet : "Quelqu'un a fait un triple salto arrière lors d'une sortie d'une bascule coréenne (une discipline de cirque), il s'est mal réceptionné et il a été dans le coma pendant plusieurs mois avant qu'on le débranche. Je sais que le risque est présent. Alors même si j'aimais le trampoline et les acrobaties assez impressionnantes, c'est peut-être cet accident qui m'a fait choisir la roue cyr plutôt que la bascule", avance Théo Touvet devant des élèves attentifs.

Et des interrogations plus originales, comme cette lycéenne qui se demande si une roue se casse, "ça se casse !", affirme le circassien surpris par cette question "rare" qui a fait sourire toute la classe. Il ajoute "qu'une roue se fait sur-mesure en fonction de la taille, au centimètre près. On fait tourner cette roue au sol simplement parce qu'on change de place son propre centre de gravité et ça permet de la mettre en mouvement et de faire des figures et on ne peut pas bien le faire si on est trop écarté ou trop serré à l'intérieur de la roue".

"Si on fait un métier passion, on ne peut pas le regretter"

Inspiré par le chanteur Boby Lapointe, inventeur d’un système mathématique, ou encore l’écrivain Boris Vian, passé par Centrale Paris (aujourd’hui CentraleSupélec, ndlr), Théo Touvet a toujours pensé qu’il était possible de bifurquer après ses études. "Ça me semblait plus intéressant de savoir faire plusieurs choses alors j’ai décidé de ne pas choisir." Et c’est le message qu’il a souhaité faire passer auprès des lycéens.

Quel que soit le chemin pour trouver sa voie après le bac, ce n'est pas grave de se tromper de route, l'important c'est qu'il y a "toujours une possibilité de redémarrer quelque chose. Il ne faut pas se mettre dans des cases. Si on fait un métier passion, c'est un choix qu'on ne peut pas regretter. Il faut faire quelque chose qui tient à cœur et non pas pour faire plaisir aux parents ou à un professeur", conclut Théo Touvet. Foncez et surtout ne vous censurez pas !

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