Décryptage

Travaille-t-on vraiment en études d'art ?

Prép'art
Prép'art © Pauline Bluteau / L'Etudiant
Par Séverine Mermilliod, publié le 24 août 2023
4 min

Contrairement aux idées reçues, le rythme dans les formations artistiques est souvent intense. Et pour cause, contrairement au lycée, une grande part du travail s'effectue en atelier et en autonomie.

Non, les étudiants en art ne chôment pas : si leur emploi du temps dépend des formations, un fort investissement personnel est nécessaire. Oubliez le cadre du lycée, les cours, peu nombreux en études d'art, laissent une grande place à la pratique… ce qui n'est pas plus reposant ! 

De plus en plus d'autonomie pendant la formation

"Autonomie ne veut pas dire absence de travail, au contraire", insiste Rémi, 24 ans, en quatrième année de Design industriel à l'ENSCI Les Ateliers. Dans cette école parisienne, les étudiants choisissent leurs cours. "On n'est pas rattaché à une promo. On a un atelier de projet choisi chaque semestre, qui représente 16 heures par semaine ainsi que deux ou trois cours de quatre heures sur des thèmes variés (philosophie, esthétique, entrepreneuriat, etc)", précise l'étudiant.  

Sans compter le travail personnel qui augmente progressivement. En quatrième année aux Beaux-Arts de Quimper, Elia avait en moyenne quatre à six heures de cours par jour en première année. "Et à côté, le double de travail personnel, estime l'étudiante. On a des rendus réguliers et plus on avance dans les années, plus on gagne en autonomie. Là, je n'ai plus vraiment de cours mais je fais six à huit heures en atelier." 

Des heures et des heures en atelier en études d'art

Même si les ateliers sont dirigés par des professionnels du milieu, mieux vaut donc être mature, car les profs ne vont pas vous courir après. Néanmoins, tout dépend des formations : les DNMADE (diplôme national des métiers d'art et de design) sont souvent plus encadrés. Par exemple, le DNMADE Matériaux-céramique du lycée Léonard de Vinci d'Antibes intègre le travail pratique dans sa maquette : les élèves ont une trentaine d'heures de cours, dont un tiers de cours généraux (humanités, gestion, anglais…) et le reste lié aux projets.  

Rien de surprenant puisqu'il s'agit d'un ancien diplôme des métiers d'art (DMA), supprimé à l'arrivée des DNMADE. La nouvelle formation a été conçue pour conserver "autant d'ateliers qu'avant", souligne Christine Toussaint, l'une des enseignantes, soit une journée d'atelier céramique, une de conception et une à deux demi-journées d'autonomie en atelier. "Tous nos enseignements sont au bénéfice de la pratique, comme des cours de physique-chimie autour du travail des émaux." 

Aux Beaux-Arts de Quimper, la première année vise à "expérimenter au maximum. Il y a des options, bois, céramique, photographie, vidéo, métal…", développe Elia. Les ateliers, de projet et de matériaux, constituent aussi l'essentiel de la formation à l'ENSCI Les Ateliers, ce qui "permet des échanges avec les autres étudiants", ajoute Rémi. 

Au-delà des cours, un travail-passion

Mais ce n'est pas tout : être curieux, aller voir des expositions pour enrichir son travail… ces études demandent souvent d'être impliqué au-delà des cours pour trouver son univers propre. "Il faut être motivé, avoir un engagement car la céramique est chronophage : entre la conception et le moment où la pièce sort du four, il peut se passer un mois ou deux ! C'est un métier de passion", prévient Christine Toussaint.  

À l'ENSCI, "il y a un mélange entre passion et travail qui fait que tu te retrouves à beaucoup bosser", constate aussi Rémi. D'ailleurs, "certains sont parfois à bout". Les nuits blanches en prévision d'un rendu sont aussi monnaie courante en école d'architecture, alors attention à garder la mesure. 

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