Reportage

Des étudiants en santé jouent les "nounoursologues" pour rassurer les enfants

Par Pauline Bluteau, publié le 10 février 2023
5 min

Bienvenue à l'Hôpital des nounours ! Pendant toute une journée, une dizaine d'étudiants en santé ont joué les "nounoursologues" auprès d'élèves de maternelle. L'objectif : soigner les doudous bien sûr mais aussi, aider les enfants à avoir moins peur des blouses blanches et du milieu médical.

"Est-ce que vous êtes contents d'être là ? – Ouiiiiiiiiiiiiiii !" Les quelque 32 élèves de grande section de maternelle étaient loin d'être effrayés ce jeudi 2 février. Une date qu'ils attendaient avec impatience puisqu'ils avaient rendez-vous à l'"Hôpital des nounours", au sein de la faculté de santé de Caen.

Une dizaine d'étudiants, pour la plupart en deuxième ou troisième année d'études de santé, étaient présents pour les accueillir et les accompagner sur les différents ateliers. Dentiste, orthophoniste, sage-femme, kinésithérapeute, pharmacien, infirmier, radiologue, chirurgien, médecin… Tous les métiers étaient représentés. L'événement, qui existe depuis 2004, est organisé à Caen (14) mais se déroule aussi partout en France, dans la plupart des facultés de santé, pour les élèves de cinq à sept ans.

Car au-delà de soigner les doudous malades, les étudiants-nounoursologues sont aussi là pour rassurer les enfants et dédramatiser les actes médicaux.

Le doudou, un prétexte pour résoudre la peur des blouses blanches

Emmitouflés dans leur manteau, les élèves tiennent précieusement leurs doudous… tous malades. "On peut aller du Covid, en passant par la gastro, la mucoviscidose, la grippe, le pied cassé, un simple mal de ventre, un mal de gorge…", liste Karen Mabile, professeure des écoles. Encadré par un "nounoursologue", les petits binômes prennent plaisir à détailler les maladies de leur doudou et à réaliser les gestes d'un vrai médecin.

Parmi les stands qui leurs plaisent le plus : celui des sages-femmes. "On leur montre des différentes tailles de ventre, l'échographie pour voir le bébé dans le ventre de la maman panda, puis ils mettent les bracelets de naissance à leur doudou, font la peser, les mesures… tout ce qui peut impliquer le métier de sage-femme", explique Noa, en troisième année de maïeutique. Plus loin, les enfants apprennent à poser un plâtre, collent des pansements, réalisent des piqûres, lisent les radios, montent dans une ambulance…

"À travers le doudou, on essaie d'instaurer un cadre rassurant, leur montrer qu'on est là pour les soigner, les guérir et non pas pour leur faire mal", explique Carla, organisatrice de l'"Hôpital des nounours" et étudiante en troisième année de médecine. Les enfants n'ont d'ailleurs aucun mal à aller chez le dentiste.

Gabin, étudiant en deuxième année d'odontologie, leur apprend à bien se brosser les dents, savoir quel aliment provoque des carries, et surtout tester les fraises, un objet qui effraie surtout par le bruit qu'il émet. "Ça nous permet de leur montrer tout ce qu'on va leur faire et de leur donner les bonnes pratiques à adopter pour aller le moins possible chez le dentiste."

Reportage - Hôpital des nounours
Reportage - Hôpital des nounours © Corporation des étudiants en médecine de Caen

Apprendre à vulgariser les soins médicaux

De la prévention, beaucoup de dédramatisation et de concret. "Oh ça y est, le plâtre, il est tout dur ! – Il est guéri ? – Ah non, il doit prendre des médicaments", assure Calixte, en grande section. Bien assis à côté de son doudou, il remplit le carnet de santé. Il enfile le stéthoscope pour vérifier les battements du cœur… qu'il n'entend pas. "Ils sont très curieux, c'est ce qui m'impressionne le plus, ils posent beaucoup de questions", constate Juliette, en troisième année de médecine.

Un exercice qui n'est pas si simple pour ces jeunes étudiants en santé qui n'ont pas encore eu l'habitude d'avoir des patients, encore moins des enfants. "Ça nous change de ce qu'on fait, c'est une première approche très intéressante", poursuit Juliette. "On voit les soins différemment, admet Marine, en deuxième année de soins infirmiers. C'est plus difficile avec les enfants parce qu'on essaie de ne pas être dans la négativité, on emploie des mots différents pour ne pas les effrayer."

Les étudiants apprennent aussi à travailler ensemble, à mieux comprendre le rôle de chacun. "Ça nous entraîne à communiquer avec tout le monde", complète Carla. Lucie et Marion ont même appris à réaliser leurs premiers plâtres sur des doudous pas toujours coopératifs. "Sur les oreilles, c'est compliqué, s'amusent-elles. Mais si on ne le réalise pas à la perfection, les enfants ne vont pas s'en rendre compte !"
Quoi qu'il en soit, pour Karen Mabire, la maîtresse, le pari semble gagné. "Pour moi, l'école, c'est à la fois des apprentissages et se créer des souvenirs, et ça, je pense que ça marque pour des années."
Reportage hôpital des nounours
Reportage hôpital des nounours © Pauline Bluteau / L'Etudiant

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