Décryptage

Études de santé : la rentrée coûte jusqu'à 7.000 euros dès la première année

En études de santé, des frais spécifiques liés, notamment, au matériel pédagogique, s'ajoutent aux frais de la vie courante (logement, alimentation, etc.).
En études de santé, des frais spécifiques liés, notamment, au matériel pédagogique, s'ajoutent aux frais de la vie courante (logement, alimentation, etc.). © Adobe stock/Monthira
Par Sarah Nafti, publié le 18 septembre 2023
1 min

Même si les études de santé sont majoritairement publiques, les dépenses auxquelles les étudiants doivent faire face en début d'année sont loin d'être anodines. Si le logement reste le principal coût, d'autres frais, plus spécifiques, s’ajoutent au fur et à mesure des années jusqu'à atteindre plusieurs milliers d'euros par an.

Comme chaque année, les fédérations étudiantes en santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, kinésithérapie, infirmière, entre autres) analysent le coût de la rentrée pour les futurs professionnels de santé.

Sans compter les frais de la vie courante (loyer, alimentation, téléphonie, transports, loisirs, etc.) - qui représentent déjà près de 1.200 euros, soit entre un tiers voire la moitié du budget total de rentrée 2023 des étudiants selon la Fage* -, d'autres frais inhérents à leurs études viennent s'ajouter, en septembre. Force est de constater que ces dépenses ne font d'ailleurs qu'augmenter au fur et à mesure des années.

Le coût des études de santé à la rentrée

Entre 5.000 et 7.000 euros l'année de PASS-L.AS

Et pourtant, la facture est déjà assez salée dès la première année de PASS (parcours spécifique accès santé) ou de L.AS (licence avec option "accès santé"). L'année est obligatoire pour ensuite intégrer une deuxième année d'études de santé MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kiné).

En PASS, les frais spécifiques de rentrée (frais de scolarité, complémentaire santé, assurance logement, frais d’agence et matériel pédagogique) représentent 1.829 euros et en L.AS 1.765 euros.

Si vous optez pour une prépa privée, la note s'alourdit. Les frais sont évalués à 7.415 euros en PASS et 5.190 euros en L.AS, en moyenne. Bien sûr, le recours au privé n’est pas obligatoire dans la réussite mais nombreux sont les étudiants qui en bénéficient.

En deuxième année, l'achat du matériel pédagogique

Une fois la sélection de la première année passée, d’autres frais sont à prévoir. Parmi eux, les frais de transport entre les différents sites d’études ou vers les lieux de stage. S'ajoutent aussi, et principalement, le coût du matériel pédagogique (tenues, instruments médicaux, livres, etc.). Le montant passe, par exemple, de 318 euros en PASS à 408 euros en deuxième année de kinésithérapie.

En maïeutique, le coût moyen en deuxième année d'études n'est pas beaucoup plus élevé qu'en PASS ou L.AS (sans organisme privé) et ne dépasse pas 1.815 euros à la rentrée. Mais le montant du matériel pédagogique n'est pas négligeable : 215 euros de fournitures (sac, matériel d'écriture, impression) et 155 euros de matériel de stage.

En odontologie, le coût est encore plus édifiant et atteint en moyenne 1.339 euros, comme l’a calculé l’UNECD* en 2022 [le coût de la rentrée 2023 est encore en cours d'analyse, ndlr]. "En deuxième année, on doit acheter une mallette pédagogique, qui contient des instruments, mais aussi des gants, blouses, etc. Elle est indispensable pour réaliser les TP", détaille Liz-Marie Praud, vice-présidente de l’UNECD.

Et les coûts diffèrent aussi fortement entre les territoires, entre 456 et 2.256 euros selon les facultés et la possibilité des associations locales étudiantes à obtenir des prix moindres.

De l'externat à l'internat, des frais de concours qui explosent

Pour les futurs médecins, l'entrée en quatrième année d'études, une année qui marque le début de l'externat, peut même faire doubler la facture. Les étudiants doivent se préparer aux épreuves dématérialisées nationale (EDN). L’achat des référentiels, ces livres qui sont les supports de cours, est à leur charge. Neufs, cela représente une dépense de près de 1.400 euros, estime l’ANEMF*.

Certains collèges d’enseignants mettent à disposition gratuitement des versions numériques mais ce n’est pas le cas de tous. Il est à noter que les associations ne peuvent pas vendre à moindre coût les livres nécessaires car ceux-ci ne répondent pas à la définition des livres scolaires et n’entrent donc pas dans la dérogation prévue par la loi. Au total, un externe en médecine dépensera 4.400 euros en moyenne à son entrée en deuxième cycle et 5.300 euros s’il opte pour un accompagnement par un organisme privé.

En pharmacie, le concours de l’internat, en cinquième année, induit également de nouveaux frais : on passe de 1.845 euros en moyenne en deuxième année à 2.790 euros en cinquième année dont 657 euros rien que pour le concours. "Les épreuves se passent à Paris, ce qui engendre des frais lourds en hébergement et en transport", explique Nicolas Savic, porte-parole de l’ANEPF*.

Les études de kiné, les études les plus coûteuses

Les étudiants en masso-kinésithérapie font quant à eux figure d'exception. Chaque rentrée, de la première en PASS ou L.AS à la cinquième année, peut coûter jusqu'à 7.000 euros. Un diplômé pourrait donc dépenser au minimum 35.000 euros.

Une particularité qui incombe aux frais de scolarité des instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) dont la moitié est privée, à but lucratif ou non. Or, l’étudiant ne choisit pas entre le public et le privé, puisque son affiliation dépend de son université de provenance. Un étudiant devra débourser en moyenne 1.390 euros dans le public contre 7.061 euros dans le privé. Des chiffres multipliés par cinq donc pour les étudiants en kiné.

Des frais "fourre-tout", toujours d'actualité en IFSI

Les étudiants infirmiers peuvent, de leur côté, choisir d'intégrer l'un des 50 instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) privés sur les 330 disponibles. Les frais de scolarité s'élèvent alors en moyenne à 800 euros et ne grimpent pas au-delà de 1.500 euros. Certes, plus cher qu'un institut public mais assez peu, comparé aux futurs kinésithérapeutes dont les études durent aussi plus longtemps.

En revanche, en plus des 480 euros de frais pédagogiques, les étudiants infirmiers doivent régler des frais "illégaux" d'un montant, en moyenne, de 256 euros. Un quart des IFSI demanderaient encore à leurs étudiants de régler des frais de gestion de leur dossier d'inscription, des frais de fonctionnement de l'IFSI, les photocopies, etc.

Une rémunération des étudiants en santé insuffisante

Pour autant, dans toutes ces formations, l'omniprésence des stages peut réduire la facture. À partir du deuxième cycle (quatrième année), les étudiants en médecine, maïeutique, pharmacie et odontologie sont rémunérés en tant qu’étudiants hospitaliers.

Mais cette rémunération reste faible, largement inférieure aux 4,05 euros bruts que perçoivent les étudiants de même niveau en stage. Et dans tous les cas, pas de quoi couvrir l'intégralité des frais de rentrée.

*Liste des acronymes des associations étudiantes :

  • Fage : Fédération des associations générales étudiantes

  • UNECD : Union nationale des étudiants en chirurgie-dentaire

  • ANESF : Association nationale des étudiants sages-femmes

  • ANEMF : Association nationale des étudiants en médecine de France

  • ANEPF : Association nationale des étudiants en pharmacie de France

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