Premières EDN : "une étape capitale" pour les étudiants en sixième année de médecine
Du 16 au 18 octobre, les étudiants en sixième année de médecine passent les épreuves dématérialisées nationales (EDN) qui remplacent, pour la première fois, les ECN. Le principe est le même : l'examen reste déterminant pour choisir sa spécialité d'internat. Mais toutes ces nouveautés ont de quoi rajouter du stress aux futurs internes.
Alors que leurs ainés s'apprêtent à débuter leur internat, les étudiants en sixième année de médecine entament quant à eux leur marathon pour accéder à la spécialité de leur rêve l'année prochaine. Pendant trois jours, du lundi 16 au mercredi 18 octobre, près de 9.000 externes vont passer les EDN.
Ces épreuves dématérialisées nationales, qui remplacent désormais les ECN (épreuves classantes nationales), représentent une "étape capitale", selon Pierre Dubus, doyen de la faculté des sciences médicales de Bordeaux. "On passe à un nouveau système : jusqu'à présent, on avait une épreuve unique et théorique avec les ECN, désormais on alimente le classement par les EDN qui comptent pour 60% - ce qui n'est pas négligeable -, les ECOS (examens cliniques objectifs et structurés) pour 30% et le parcours de formation pour 10%", poursuit le doyen.
Les étudiants entament donc leur dernière année d'externat par un examen déterminant, le "summum" comme l'assure Xavier Balmelle, interne en ophtalmologie et secrétaire général de l'ISNI (intersyndicale nationale des internes), puisqu'il définit "le choix d'une vie".
La toute première session des EDN
Dès lundi, les étudiants plancheront donc sur de toutes nouvelles épreuves, "plus adaptées à la médecine", explique Xavier Balmelle. Les connaissances théoriques seront en effet évaluées de manière différente avec des questions à réponses ouvertes ou courtes notamment et les compétences seront également davantage prises en compte dans les QCM.
"C'est un changement de paradigme important, ce sont des épreuves classantes et validantes et c'est ce qui inquiète beaucoup les étudiants", poursuit Marc Hazzan, doyen de la faculté de médecine de Lille. Car la note obtenue aura à la fois un impact sur l'affectation en internat mais aussi sur l'accès à l'internat en lui-même. S'ils ont moins de 14/20 aux EDN (pour les connaissances de rang A*), les étudiants en sixième année ne pourront pas se présenter aux ECOS, la deuxième épreuve la plus importante pour le classement.
*Les connaissances de rang A et B aux EDN
Lors des EDN, les étudiants seront évalués sur les connaissances dites de rang A et B. Celles de rang A correspondent aux connaissances de base indispensables pour exercer alors que les connaissances de rang B sont les connaissances spécifiques pour chaque spécialité. Seules les connaissances de rang A sont nécessaires pour accéder aux ECOS.
Un fort taux de réussite attendu
Mais du côté des doyens, le stress est à relativiser. Tous se réfèrent aux EDN test qui se sont tenus à grande échelle du 6 au 8 septembre dernier. "Les épreuves se sont bien passées, nous sommes rassurés parce que les étudiants ont bien réussi", constate Benoit Veber, président de la Conférence des doyens de médecine et doyen de la faculté de médecine de Rouen.
Au total, les étudiants ont obtenu une moyenne générale de 13,8/20 aux EDN. Près de 92% des candidats ont obtenu plus de 14/20 aux connaissances de rang A dont la moyenne générale s'élève à 15/20. La quasi-totalité des étudiants pourraient donc se présenter aux ECOS en mai prochain en se basant sur ces EDN test.
"Les résultats montrent que nos étudiants travaillent et qu'ils sont au niveau demandé avec une réserve qui est qu'environ 1.000 étudiants au niveau national n'ont pas fait l'épreuve. Il est difficile de savoir si la participation de ces étudiants aurait modifié ce pourcentage", concède le doyen des doyens.
À l'université de Lille, Marc Hazzan, qui a participé à l'élaboration des sujets pour les examens blancs, estime qu'il devrait "y avoir peu d'échec" aux EDN. "La question n'est pas de recaler les étudiants mais plutôt de s'assurer que les bases sont acquises. Il n'y a aucun problème à atteindre 100% de réussite. On fabrique quand même des étudiants qui vont avoir la vie de patients entre leurs mains", considère Marc Hazzan. "Et puis 14/20, c'est quand même exigeant, c'est rare de demander plus de 10/20 de moyenne à l'université", complète Pierre Dubus.
Des candidats encore inquiets à l'approche des EDN
De quoi, a priori, rassurer aussi les candidats. "Ils sont plus sereins. Les examens facultaires les ont bien préparés. Je ne dis pas qu'ils ne vont pas être angoissés mais ils voient qu'ils y arrivent", constate Marc Hazzan. Un avis nuancé par les représentants des étudiants en médecine. L'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France) assure recevoir de nombreux messages d'étudiants "angoissés" et qui "ne supportent plus le flou. Tout leur avenir se joue sur cette année et sur cette réforme".
À quelques jours des EDN, des incertitudes subsistent sur les classements finaux et la procédure qui permettra aux étudiants de choisir leur affectation d'internat. Car ils ne seront plus répartis sur un seul classement mais sur 13, chacun regroupant plusieurs spécialités. "On ne sait pas quel écart de rang il peut y avoir entre les étudiants selon les spécialités, combien ne vont pas obtenir le rang A, est-ce qu'ils doivent miser sur un groupe de spécialité… Donc ils révisent tout en bloc, ils ne peuvent pas se le permettre", résume Blandine Fauvarque, porte-parole de l'ANEMF.
"Le fait qu'il y ait des nouveautés docimologiques, même s'ils y ont déjà été confrontés les années précédentes, cela diffère des annales", estime aussi Xavier Balmelle qui avait passé les ECN et pouvait s'entrainer sur les QCM des années précédentes. "Ils ont eu une période plus courte pour se préparer (les ECN se déroulaient en juin, ndlr) et même s'il y a moins de connaissances, on comprend qu'ils soient stressés", confirme Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de médecine de Caen.
Se préparer à d'éventuels bugs
Autre point de vigilance, comme pour les ECN d'ailleurs, la technique. Selon la Conférence des doyens de médecine la "faisabilité est assurée" comme l'ont prouvé les EDN blanches.
Mais pour le secrétaire général de l'ISNI, mieux vaut être prudent. "Il y a beaucoup de participants, est-ce que les serveurs seront solides ? Ça reste une première, je serai un menteur de dire que tout se passera bien. Il y a toujours des bugs mais on espère que ça ne paralysera pas les épreuves. Il faut que les étudiants s'y préparent, sait-on jamais, pour diminuer leur stress."
À quelques jours des EDN, "arrêtez de travailler"
"Facile à dire", s'amuse Pierre Dubus. Pour le doyen de l'université de Bordeaux, dans cette dernière ligne droite, il a deux types de candidats, ceux qui révisent jusqu'au dernier moment et ceux qui se relâchent, "je faisais partie de ce groupe. Il faut qu'ils pensent à autre chose maintenant." Selon Emmanuel Touzé, rien ne sert de travailler "comme un fou deux jours avant" mais pour ceux qui le souhaitent, revoir de façon "ultra synthétique les points où on a le plus de mal".
Mais surtout, bien se reposer pour "éviter les fautes d'inattention". "C'est comme les rugbymans, avant de jouer contre l'Afrique du Sud, ils vont être au vert pendant deux jours", compare le doyen lillois. Et le jour J, "ne pas baisser les bras même si on se trompe à la première question comme ça a été mon cas, détaille Xavier Balmelle. Il faut faire abstraction et se dire que chaque question est nouvelle." "Et ne pas perdre de vue son ambition", conclut Blandine Fauvarque.