Stressées et maltraitées, une étudiante sage-femme sur deux envisage d'arrêter ou suspendre sa formation

En cinq ans, pas d'amélioration mais plutôt une aggravation de la situation. La formation de sage-femme n'attire plus et les étudiantes en maïeutique ont de plus en plus de mal à la défendre. Et pour cause, la plupart d'entre elles seraient susceptibles d'abandonner leurs études plus tôt que prévu.
Stress quotidien, maltraitance en stage, manque d'accompagnement pédagogique, situation financière précaire… Plusieurs facteurs expliquent pourquoi à la rentrée 2022, 20% des places en deuxième année de maïeutique sont restées vacantes. Un phénomène qui pourra s'aggraver encore dans les mois et années à venir si rien ne change.
Des conditions d'études de plus en plus difficiles en maïeutique
Du stress, du stress et encore du stress. C'est sans doute le facteur le plus révélateur du mal-être des étudiantes* sages-femmes. Plus de 80% se disent davantage stressées depuis leur entrée dans la formation. En ligne de mire : le manque d'accompagnement de l'équipe pédagogique. Pire encore, les étudiantes ressentent de la maltraitance, principalement morale de la part des enseignants.
Mais au-delà des cours, les stages sont tout aussi difficiles à supporter : 61% des étudiantes y ressentent de la maltraitance et 21% ont déjà subi des traitements inégalitaires ou des discriminations (lié à leur statut d'étudiant). Finalement, près de trois étudiantes sur dix estiment que leur formation de sage-femme ne permet pas de s'épanouir.
Une précarité aggravée par les stages
Or, comme tous les étudiants, en santé ou non d'ailleurs, d'autres facteurs viennent encore noircir le tableau. En plus d'une situation financière déjà précaire (42% de boursières, 29% ont un job étudiant), les futures sages-femmes subissent aussi d'autres contraintes. Les écoles de maïeutique pratiquent ce qui est communément appelé des "frais illégaux" : en moyenne, 177,14 euros sont à la charge des étudiantes pour l'achat de blouses, de matériel…
Encore une fois, les stages n'améliorent pas non plus la situation. Les frais de déplacements et d'hébergement pour se rendre en stage ne sont pas pris en charge alors que les étudiantes parcourent en moyenne 4.599 km par an. Or, ce n'est pas l'indemnité perçue qui permet aux étudiantes de s'en sortir. En effet, elles sont nettement moins rémunérées que d'autres stagiaires du supérieur : 2,80 euros brut l'heure à partir de la quatrième année contre 4,05 euros l'heure pour les autres étudiants.
Des étudiantes sages-femmes qui peinent à défendre leur formation
Car malgré les difficultés, 95,9% des étudiantes se disent fières d'être sage-femme, signe qu'il s'agit d'une véritable vocation. Reste à savoir si cela sera suffisant pour attirer davantage d'étudiants dès la rentrée 2023.