Témoignage

Précarité : trois étudiantes témoignent

D'après une enquête de l'OVE, 22,7% des étudiants déclarent avoir eu d’importantes difficultés financières au cours de l’année.
D'après une enquête de l'OVE, 22,7% des étudiants déclarent avoir eu d’importantes difficultés financières au cours de l’année. © plainpicture/Wolfgang Steiner
Par Pauline Bluteau, publié le 15 novembre 2019
5 min

Après l’immolation d’un étudiant de l’université Lyon 2 vendredi 8 novembre, les associations ont alerté le gouvernement sur la nécessité d’intervenir pour aider les jeunes à sortir de la précarité. Car oui, c’est une réalité pour un bon nombre d’étudiants.

D’après la dernière enquête de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) publiée en 2016, 22,7% des étudiants déclarent avoir été confrontés à d’importantes difficultés financières au cours de l’année. "Pour moi, la précarité étudiante signifie ne pas avoir les moyens de vivre correctement, c’est devoir travailler en plus des études pour subvenir à ses besoins", estime Amélie, étudiante en première année de licence à l’université Grenoble-Alpes (38). Mais en dehors des ressources financières, la précarité étudiante s’évalue aussi à travers la santé ou le logement, la qualité de vie des étudiants au sens large du terme. Difficile donc de savoir combien de jeunes sont dans cette situation.

Les parents : premiers soutiens financiers des étudiants

"Je touche les bourses du CROUS, les APL (aide personnalisée au logement) mais ce sont mes parents qui couvrent la plupart de mes dépenses", raconte Amélie. Pour l’étudiante, les fins de mois sont compliquées, même si elle se considère comme très chanceuse. Comme dans le cas d'Amélie, 37,9% des ressources financières des étudiants proviennent des aides de leurs parents. En moyenne, ils reçoivent un montant de 486 €, à cela on peut ajouter 349 € d’aides publiques, selon l’OVE. Des bourses qui permettent de payer les courses et parfois une partie du loyer.

Pourtant, ce n’est pas toujours suffisant. "Mes parents me versent 500 € par mois, explique Marie, étudiante à Paris (75). Cela peut paraître beaucoup mais je me retrouve souvent dans le rouge. Nous sommes au milieu du mois et je suis à -70 € sur mon compte bancaire." Originaire de la Réunion, Marie se dit honteuse de cette situation et peine à en parler à ses parents. "Je ne trouve pas ça normal de ne pas pouvoir vivre avec 500 €, peut-être que je m’organise mal mais je ne sais pas comment faire, je fais pourtant très attention. Je ne veux surtout pas demander plus à mes parents, ce serait abusé."

"J’ai honte d’acheter ce qui n’est pas d’une nécessité absolue"

Pour certains étudiants, la solution est donc de travailler en plus de leur semaine de cours. Marie jongle entre son travail dans un centre pour personnes âgées et des missions d’intérim. Amélie et Orlane, étudiante à Troyes (10), font du baby-sitting. Des petits boulots qui ne leur apportent pas beaucoup mais qui leur donnent l'occasion de sortir la tête de l’eau. "Cela me permet surtout de composer avec mes cours, je peux aménager mon temps comme je veux, à l’inverse des jobs étudiants qui prennent tous les week-end", confirme Amélie. "Moi, j’espère pouvoir soulager un peu mes parents, rien que 50 ou 60 € en plus par mois, c’est super", estime Orlane.

D’après l’étudiante troyenne, il faudrait garantir un revenu minimum pour chaque étudiant. "Ce n’est pas normal que des étudiants soient obligés de travailler, cela occupe une bonne partie de notre temps. Je pense que 200 ou 300 € d’aides, ce serait déjà pas mal." Une idée partagée par Marie, même si cela lui paraît assez idéaliste. "Je vois les réactions qu’il y a sur Twitter mais je voudrais dire qu’on ne demande pas ça par caprice, on demande de l’aide parce qu’on en arrive à faire des sacrifices sur nos études, à doser la moindre quantité de pâtes et même à culpabiliser quand on achète des produits qui ne sont pas toujours nécessaires, comme une bouteille de jus de fruit."

De leurs côtés, les associations étudiantes ont été reçues jeudi et vendredi par le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, pour trouver des solutions concrètes face à la précarité.

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