Témoignage

"Le fait d’être femme, c’est une violence subie au quotidien", des étudiantes partagent leur regard sur le féminisme

Capucine (à droite), étudiante à Bordeaux et Emma (à gauche), en licence de droit à la Sorbonne.
Capucine (à droite), étudiante à Bordeaux et Emma (à gauche), en licence de droit à la Sorbonne. © Photos fournies par les témoins
Par Valentine Daléas, publié le 08 mars 2023
6 min

Si le terme "féminisme" est souvent au cœur d’âpres débats, loin des plateaux télé, la réalité paraît bien plus nuancée. À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars, trois étudiantes partagent leur vision du féminisme, qui doit aussi passer par un dialogue et une sensibilisation des hommes.

Égalité. Un terme qui revient constamment dans le discours des étudiantes rencontrées à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars. "Pour moi, le féminisme, c’est d’abord se rendre compte de la condition de la femme dans la société, puis c’est défendre les valeurs qui manquent pour trouver une égalité entre les hommes et les femmes", affirme Capucine, étudiante en santé publique à l’université de Bordeaux (33).

Le féminisme, c’est aussi "une lutte pour que les hommes et les femmes soient égaux et que tout ce qu’il y a entre soit inclusif", juge, elle, Solène, qui termine son master d’urbanisme à Paris (75). L’étudiante de 25 ans défend "un féminisme intersectionnel, qui prend en compte diverses oppressions, liées aux origines sociales ou ethniques, et qui inclut aussi les personnes LGBTQI".

"On se bat pour arrêter d’être violées et discriminées"

Un point de vue partagé par Emma, 25 ans, ancienne élève à l’École normale supérieure, aujourd’hui inscrite en licence de droit à la Sorbonne. L’ex-chercheuse en lettres modernes est membre d’un collectif de colleuses. "Quand tu colles des statistiques, c’est hyper percutant, parce que ça te balance à la figure une réalité que tu ne peux pas ignorer", raconte-t-elle.

"Le fait d’être femme, c’est une violence subie au quotidien, qu’elle soit symbolique, sexuelle ou économique", développe celle qui souhaite désormais devenir avocate pénaliste. D’où la nécessité d’informer par le collage : "C’est une façon d’amener des personnes vers l’idée qu’on ne se bat pas pour rien. On se bat pour arrêter d’être violées et discriminées".

Capucine, "pas le genre de meuf qui fait des collages féministes" selon ses propres mots, dresse un constat similaire : "À chaque fois que je faisais de nouvelles connaissances, les conversations menaient aux difficultés qu’on avait à affronter, que ce soit du harcèlement de rue ou des agressions. Ce sont des questionnements que je n’avais pas quand je rencontrais des hommes..."

"Sensibiliser les hommes sur certains types de comportements"

Face à cette situation, il est important pour Capucine de "sensibiliser les hommes sur certains types de comportements". Celle qui a récemment "traîné" son copain au cinéma pour voir le film Simone, retraçant la vie de Simone Veil, estime que "l’éducation des hommes est quelque chose de primordial".

Notamment en ce qui concerne les violences subies par les femmes : "Quand tu es un mec, je suppose que tu es moins à même de comprendre à quel point ça peut être fréquent". "Il faudrait que les hommes deviennent tous des alliés, estime Solène. Avoir le rôle d'homme dominant qui va gagner de l’argent, c’est épuisant pour eux aussi."

Ce besoin de dialogue est tout aussi important pour Emma, désormais membre d’un groupe de colleuses autonomes, après des "problèmes de pouvoir" qui l’ont lassée. L’étudiante en droit juge "très sain" que "des dissensions existent au sein du mouvement féministe, comme dans tout mouvement politique, autour du voile ou de la prostitution par exemple.

"Le féminisme doit se développer avec les réseaux sociaux"

Autre point commun entre les trois étudiantes, l’importance des réseaux sociaux dans leur engagement féministe. "Rien que sur Instagram, il y a tellement de documentation. Une fois que tu suis un compte, tu as accès à pleins d’autres ressources", détaille Solène.

"En tant que bébé féministe, je suis allée directement vers les comptes Instagram et les associations les plus visibles", confirme Emma.

Pour Capucine aussi, "le développement des réseaux sociaux a été ultra-bénéfique au mouvement". "Tous les jours, je vois plusieurs posts sur Instagram en lien avec le féminisme, souligne l’étudiante bordelaise. On est une génération qui utilise tellement ces modes de communication, que, forcément, le féminisme doit se développer avec les réseaux sociaux."

Le féminisme, "un objet séduisant" ?

Les trois étudiantes constatent toutes un essor du féminisme depuis le mouvement #MeToo. "Depuis #MeToo, on est sur la bonne voie, de plus en plus de personnes sont concernées et c’est le féminisme qui vient à nous", affirme Capucine. Il y a même un rayon féministe à Mollat (grande librairie bordelaise, NDLR) maintenant."

"Ce que j’aime beaucoup dans #MeToo, c’est à quel point la pop culture s’est emparée de ces sujets, abonde Emma. Le succès d’Angèle, c’est le meilleur exemple de la manière par laquelle la culture dominante s’approprie le féminisme pour en faire un objet séduisant." L’étudiante en droit l’affirme sans détours : "La culture dominante ne peut pas passer à côté des révolutions en cours".

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