Les services culturels des universités, des trésors ignorés à la disposition des étudiants

Une pièce de théâtre, un concours d’écriture, un atelier slam, une exposition ou un atelier littéraire… Ces activités sont proposées par les services Culture des différentes universités françaises. Ces offices méconnus sont surtout visibles au moment des Journées arts et culture dans l'enseignement supérieur (JACES), qui, cette année, ont lieu les 3, 4 et 5 avril. Durant ces trois jours, les productions culturelles et artistiques de la communauté universitaire sont mises en avant. Toutefois, des actions sont menées tout au long de l’année.

"Les universités doivent s’emparer de la question de la culture et avoir un service, comme pour le sport", explique Nicolas Beck, directeur de la vie universitaire et de la culture de l'université de Lorraine. "Ici, nous avons deux missions principales. La première, c’est l’organisation d’actions. La seconde, c’est de faire de l’accompagnement pour les projets des étudiants et de la communauté universitaire." Des services souvent oubliés et pourtant gratuits. Ils sont en effet financés en partie par la CVEC (contribution à la vie étudiante et de campus), payée au moment de l’inscription à la fac.

À l’université de Lorraine, plus de 500 événements sont ainsi proposés chaque année aux 65.000 étudiants et aux curieux qui souhaitent y assister. "On veut offrir une vision large de la culture, qu’elle soit artistique ou scientifique, apporter un regard sur des sujets de société par le biais d’artistes mais aussi de chercheurs", précise Nicolas Beck. Sur les 12 villes que regroupe l’université, pas moins de huit expositions sont actuellement en cours. Dans les jours à venir, des pièces de théâtre seront jouées à l’Espace Bernard-Marie Koltès de Metz et un concert de jazz aura lieu dans l’une des bibliothèques universitaires de Nancy.

À la fac de Rennes 2, Alice profite de cette offre culturelle. "Une à deux fois par semaine, il y a des spectacles… Et je vais quasiment tous les voir", s’enthousiasme l’étudiante. Points forts de ces événements : "La gratuité et la richesse de la saison culturelle", estime la jeune femme. Grâce à sa salle de spectacle et à ses deux galeries d’art, l’université propose plus de 70 événements par an à ses 21.000 étudiants.

"L’idée, c’est de proposer des rendez-vous artistiques en lien avec les questions d’actualité et de société enseignées chez nous, explique Sarah Dessaint, responsable du service culturel de l’université de Rennes 2. On travaille notamment autour des enjeux d’écologie, d’égalité et d’émancipation." Et cette année, le succès des événements est au rendez-vous : "On a eu une grosse fréquentation sur la saison qui s’achève. Avec des salles de plus en plus pleines, voire complètes, et des jeunes qui viennent nous voir à la fin pour nous remercier", se réjouit Sarah Dessaint.

Pourtant, la visibilité des actions des services culturels reste un défi. "Contrairement à une structure territoriale, on n’a pas vocation à fidéliser notre public puisque les étudiants sont de passage, précise la responsable. L’un des enjeux est de ne pas toucher seulement ceux issus de filières artistiques, mais aussi d’aller chercher des personnes dans d'autres formations." En Lorraine, Nicolas Beck constate la méconnaissance de son service : "La programmation du théâtre existe mais beaucoup d’étudiants n’y mettent jamais les pieds." La newsletter de la fac n’est en effet pas très consultée et les informations passent surtout par le bouche-à-oreille.

"Le service culture est vraiment prêt à se donner les moyens pour répondre aux envies des étudiants, confirme Léopold, 24 ans, en master 2 Conception de dispositifs ludiques à Metz. Si des gens veulent faire des ateliers de musiques électroniques, ils peuvent aller chercher des intervenants." Le jeune homme a donc profité du soutien de l’université de Lorraine pour des projets. "On a créé une émission sur Twitch, qu’on a conçue et tournée à la bibliothèque universitaire. La maison des étudiants nous a prêté du matériel, des caméras, la plateforme de diffusion, explique-t-il. On a aussi pu accéder à des compétences techniques."

Les étudiants de la faculté de Metz ont également pu monter un projet d’envergure : Breaking BAM!, une soirée de concerts organisée par et pour eux, à la BAM, salle de musiques actuelles à Metz, ce jeudi 13 avril 2023. "J’ai participé aux réunions, explique Léopold. On avait notre mot à dire sur les artistes qu’on avait envie de programmer, sur les affiches, etc."

Les universités soutiennent ainsi des projets collectifs mais aussi personnels. L’appui et les encouragements du service culturel ont permis à Alice de participer au Tremplin musiques actuelles de Rennes 2, dont elle est l’une des lauréates. En quelques mois, elle s’est formée seule à la musique assistée par ordinateur, avec l’aide de l'ingénieur son de la fac et du matériel à disposition dans sa formation. "J’avais envie de voir naître ce projet depuis des années mais que je n’osais pas le mettre en œuvre", raconte l'étudiante. À la fin, elle a pu délivrer une performance sur scène. Elle en garde un précieux film, tourné avec le matériel de l’université, qui lui sera utile pour sa vie professionnelle.

Les services culturels ont aussi un intérêt pour la formation des étudiants. "À l’université de Clermont-Ferrand, le service était plutôt dans la pratique et proposait des cours d’art. J'ai pu y faire de la gravure, du décor, du gospel, raconte Alice. C’était intéressant parce qu’on devait intégrer une pratique artistique dans nos unités d’enseignement."

Quant à Léopold, à Metz, il a même trouvé du travail grâce au service culture. "Je cherchais un job et un camarade de promo commençait une alternance à la Maison de l’étudiant. J’ai pu y obtenir un emploi étudiant." Une façon de se faire un petit salaire, tout en s’impliquant dans la vie du campus.