Comment je suis devenu assistant funéraire

Entre licence de philosophie et école de management, Pierre, 25 ans, a finalement trouvé sa voie : accompagner les défunts dans leur dernière demeure, et assister leurs proches. Il nous raconte comment il est devenu assistant funéraire.
Assistant funéraire : un métier où prime l'écoute
Sa mission consiste aussi à s’assurer que les choix faits pour les obsèques ne soient pas source de péril financier pour les familles. Une nuit par semaine, les appels au standard atterrissent sur le portable de Pierre, alors d’astreinte. Elles ont lieu par roulement au sein de l’équipe de quatre salariés.
La philosophie éclaire son parcours post-bac
Elève sans histoire au collège privé Saint-Charles dans l’Isère (38), il devient interne au lycée Saint-Bonnet de Galaure, dans la Drôme (26), un choix personnel, consécutif à une rencontre avec un copain scout passé par ce pensionnat pour garçons. Puis Pierre décroche son Bac ES, "dans un esprit généraliste", sans se projeter dans l’avenir.
Lors d’une journée d’orientation, il entend parler de l’IPC à Paris (75). "La philo est enseignée là-bas comme une matière structurée et structurante pour la personne. Cela m'intéressait. J’y suis entré sur dossier et sur entretien, pour trois ans".
Métaphysique, logique, philosophie ancienne et moderne, histoire des idées politiques, latin, français et anglais composent le cursus de la 1ère année, complété en 2ème et 3ème années par des cours de philosophie du management, de bioéthique, de théologie et d’histoire des religions. Trois ans plus tard, il sort diplômé d'une licence de philosophie.
Une dose de management pour comprendre l’entreprise
Attiré par le monde de l’entreprise, Pierre décide d’intégrer l’EMD, une école de management située à Marseille. "Son message, 'former des managers à la lumière du bien-agir, pas uniquement du profit', m’a interpellé", explique le jeune homme de 25 ans. Une bourse, des petits boulots et l’aide de ses parents lui permettent d’y entrer en master, en 4ème année.
En plus de ses cours sur les marchés financiers, le marketing, la comptabilité et la communication, il effectue un stage dans une banque privée lyonnaise… où il s’ennuie ferme. "Heureusement, j’ai passé le semestre suivant dans une université londonienne, où j’ai suivi des cours de filmographie et d’écriture littéraire, choisis en totale liberté, juste pour perfectionner mon anglais !", se réjouit-il.
Se former au monde "immense et complexe" lié au métier d'assistant funéraire
Diplômé de l’EMD, après un stage de fin d'études comme community manager dans une boîte de jeux vidéo, Pierre raconte sa quête de sens à son tuteur. "Il savait que j’étais catholique pratiquant. Il m'a recommandé d'appeler l'un de ses amis. Ce dernier est aujourd'hui mon patron. Un homme extraordinaire, avec une vision du métier extraordinaire, qui m'a aidé à dépasser mes a priori."
Major de sa promotion, pour la première fois de sa vie, il savoure les aspects profondément humains d’un métier "aussi passionnant qu’extravagant". Parfois, Pierre va jusqu’à coucher un corps dans son cercueil : "Même s’il n’a plus de vie, et que personne ne regarde, ce corps a de l’importance, et doit être manié avec délicatesse". La vie éternelle, mode d’emploi.
9 novembre 1994 : Naissance à Bordeaux (33)
Juillet 2012 : Bac ES mention bien
Juillet 2015 : Diplôme d’État de Philosophie à l’IPC -Facultés libres de philosophie et de psychologie à Paris (75)
Février 2017 à mai 2017 : Étudie à Londres
Septembre 2017 : Diplômé de l’EMD à Marseille (13)
2 décembre 2018 : Signe son CDI avec le Service Catholique des Funérailles de Marseille
Il n'y a pas de diplôme spécifique pour devenir assistant funéraire, mais un niveau bac ou bac+2 est préférable, avec une orientation commerciale. Une formation de 140 heures, dispensée dans des établissements agrémentés, dans les douze mois suivant l’embauche, est obligatoire. La plupart du temps, elle est financée par l’employeur. Elle comprend des thèmes variés tels que la législation funéraire, la psychologie et la sociologie du deuil, les pratiques des différents rites funéraires, l'information aux familles etc.
Salaire :
De 1.500 à 5.000 euros nets mensuels. À noter que le salaire est le plus élevé selon la prise en compte ou non de commissions.