Portrait

Comment je suis devenue conceptrice pédagogique

Après un cursus axé sur la psychologie, Isaure a trouvé le secteur dans lequel s'épanouir : la conception pédagogique.
Après un cursus axé sur la psychologie, Isaure a trouvé le secteur dans lequel s'épanouir : la conception pédagogique. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 27 février 2020
6 min

À 25 ans, Isaure, curieuse et organisée, a mis en application les compétences acquises pendant sa formation en psychologie pour élaborer des programmes de formation digitale.

Lundi, 9 h 30, 2ème arrondissement de Paris (75), dans une agence de formation digitale. En réunion avec les équipes de production, Isaure détermine les priorités de la semaine. Ces jours-ci, c’est une formation technique de base en motoculture pour des vendeurs d’un magasin de bricolage qui l’occupe.

Les étapes de la conception de contenus pédagogiques

"Mais chaque projet est différent, chaque contenu transmis par le client, plus ou moins complexe : mon job est de transformer des contenus bruts en un dispositif d’apprentissage." Le public visé est vaste : étudiants, salariés, séniors retraités…
Chaque étape d’un projet doit être validée par le client, "comme un architecte qui part d’une maquette globale et affine ensuite". Contrainte de "trier" les contenus et de "prioriser les infos à mettre en avant", Isaure est régulièrement en rendez-vous avec des experts.
Après avoir posé les bases sur Excel, elle passe au storyboard, chaque slide décrivant texte et type d’activités envisagées (Quiz, QCM, zones à identifier dans une image, etc…).

Des outils auteurs (maillons indispensables pour produire le contenu pédagogique des formations "digitalisées"), comme e-learning, ou encore Storyline, sont ses meilleurs assistants. Vient ensuite la phase de design graphique, qu’elle confie à un graphiste ou illustrateur, et régulièrement, une version en langue étrangère à superviser.

Une licence de psycho choisie "par défaut"

Sa curiosité pour chaque nouveau dossier et sa volonté d’approfondir les sujets pour mieux les transmettre la font s’étonner elle-même : "élève moyenne" au collège et lycée Saint-Jean-Hulst de Versailles (78), ses centres d’intérêts varient selon les années et surtout selon les profs.

"Par défaut", ne sachant pas vers quoi s’orienter, elle choisit la 1ère ES. Son bac en poche, elle envisage des études de psychologie, et intègre l’IPC, une université libre, dont l’enseignement parallèle en philo la séduit. Les matières au programme de la 2ème et 3 ème années de licence la passionnent : psychanalyse, psychologie cognitive, psychologie clinique et psychologie du développement.
Le stage de deux mois auprès d’adultes handicapés mentaux au foyer Saint-Louis à Versailles qu’elle effectue la même année aussi, mais elle demeure indécise : "J’ai pris un an pour réfléchir et je suis partie faire de l’humanitaire au Cambodge avec une amie, dans une association qui gère des enfants défavorisés".

UX designer ou concepteur pédagogique ?

Après cette expérience enrichissante, Isaure travaille quelques mois au siège de l’association, à Versailles, où elle s’occupe des tâches administratives. Décidée à reprendre ses études, elle s’inscrit finalement en master de Neuropsychologie et de Psychologie cognitive, à Nanterre (92).
"Les deux domaines m’intéressaient, mais au cours d’un stage à l’APHP à Créteil en neuropsychologie, j’ai compris que ça n’était pas pour moi, notamment parce qu’il n’y avait pas de suivi des patients après les tests (Alzheimer, Parkinson…) qu’on leur faisait passer. J’ai donc opté pour un master 2 en psychologie cognitive.

Phénomènes cognitifs, attention, perception, motivation, gestion de projets, déontologie etc. Les cours portant sur la psychologie de l’apprentissage permettent à Isaure d’entrevoir des métiers potentiels derrière le diplôme, en particulier pour elle, celui d’UX designer. Mais "l’aspect très marketing de ce métier qui consiste à représenter l’ensemble des émotions que peut ressentir un utilisateur par rapport à une interface donnée, m’a plutôt fait opter pour un autre débouché : la conception pédagogique", sourit-elle.

Pédagogie et technicité pour dépoussiérer les contenus de formation

Son master en poche, la jeune femme enchaîne avec un mois de travail en août à l’agence de biomédecine, à Saint-Denis (93), où elle suit les projets de formation digitale déployés auprès des médecins : "dons d’organes et de cellules, greffes… j’y avais déjà effectué mon stage durant le master, j’ai adoré y retourner", témoigne-t-elle.
Ce contact réussi avec la conception pédagogique l’amène à répondre à une annonce de recrutement sur LinkedIn : "une agence de formation digitale recrutait une conceptrice pédagogique. C’est allé très vite : après un entretien fin octobre, j’ai décroché un CDD de six mois, puis un CDI", affirme la jeune femme.

Depuis, elle enchaîne les projets de formation apportés par l’équipe commerciale de l’agence. Heureuse et épanouie, elle recommande un sens de l’organisation béton pour mener de front les différents dossiers, et confesse aussi un appétit insatiable d’apprendre. Très "couteau-suisse", elle navigue entre les logiciels de la suite Adobe, In design®, Illustrator® et After effect®, et des contenus de formation souvent obsolètes à moderniser. Une agilité dans la transmission 100% pédagogique.

Isaure de Chevron en 6 dates
15 décembre 1994 : naissance à Paris
Juillet 2012 : bac ES, mention bien
Juin 2015 : licence de psychologie
Septembre 2015/Février 2016 : mission humanitaire au Cambodge pour l’Association PSE (Pour un sourire d’enfant)
Juin 2018 : diplômée en master 2 Psychologie cognitive
Février 2019 : signe un CDI chez Nell et Associés
Formation :

Du bac+2, suivi d’un DUT Métiers du multimédia et de l’internet, au bac+5 en master Conception et intégration multimédia, en passant par une licence pro Spécialités développeur web des systèmes d’information multimédia, différents degrés diplômants sont envisageables. Mais on peut aussi venir de la culture, de l’édition, de l’informatique ou du graphisme ! En fonction de son background, chaque concepteur a une ou des spécialités qu’il peut ensuite enrichir au contact.

Salaire :
De 1.600 à 2.300 euros nets mensuels pour un concepteur pédagogique junior.

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