Portrait

Comment je suis devenue ingénieure dans l'industrie

Après une classe prépa, Alexia a intégré une école d'ingénieurs et s'épanouit depuis dans son travail scientifique.
Après une classe prépa, Alexia a intégré une école d'ingénieurs et s'épanouit depuis dans son travail scientifique. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 26 septembre 2019
6 min

Alexia, 29 ans, a fait de son goût pour les sciences et de son envie de solutions concrètes pour améliorer le quotidien, un métier 100% industriel.

8 h 30, dans une usine de production de verre de l’entreprise Saint-Gobain, proche de Compiègne (60). Alexia partage un café avec ses collègues ingénieurs et techniciens avant d’enfiler sa tenue de sécurité : "bleu" de travail à haute visibilité jaune réfléchissant, chaussures pourvues d’une coque, longs gants jusqu’au coude, lunettes, bouchons d’oreilles, et parfois même, un casque.
"Nous réalisons des essais pour améliorer la productivité d’une ligne, nous installons de nouvelles machines, et il arrive que nous donnions un coup de main au chef de production et à ses ouvriers", explique Alexia. Sa journée s’achève à 18 heures, sauf si une autre usine Saint-Gobain dans le monde, fait appel à son expertise, en anglais ou en espagnol.

De la littérature espagnole à la passion des sciences

Les langues, qui aujourd’hui ressurgissent dans l’univers professionnel de la jeune femme, ont également marqué sa scolarité : élève du collège international Europole à Grenoble (38), en section espagnol, Alexia se dirige en 1ère et terminale S, où la littérature espagnole représente la matière au coefficient le plus important dans son cas.
Mais son amour des sciences et de la chimie prend le dessus, elle aime fabriquer toutes sortes de choses de ses mains. Hésitante sur le choix de son orientation, elle assiste à de nombreuses portes ouvertes et visite différentes filières.

La voie royale de la prépa intégrée

Elle se décide enfin pour la prépa intégrée des INP, à Grenoble : 2 ans de cycle préparatoire polytechnique, arides et intenses, en contrôle continu débouchant sur un classement, la conduisent à choisir l'École de la transformation de la matière et de l'énergie basée à Toulouse (31).

Durant 3 ans, Alexia planche sur la chimie, la physique, la norme ISO, l’anglais, et apprend peu à peu les secrets de la fabrication d’éléments "plutôt technologiques". "Comment construire une colonne à distiller ? Comment fabriquer un mélangeur pour un boulanger ? Ce genre de choses très hétéroclites fait partie du cursus", raconte l'ingénieure. Heureuse dans son école, mais curieuse de découvrir la mentalité scandinave, la jeune femme s’envole pour la Suède en 3ème année, afin d’y suivre 6 mois durant des cours en anglais sur la gestion de l’énergie.

Revenue en France pour son stage de fin d’études, elle intègre un centre de recherche grenoblois du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), où elle travaille sur la conversion du C02 en carburant. "J’avais le choix entre poursuivre mes études ou entrer dans la vie active. J’ai opté pour la seconde voie, et j’ai démarré comme prestataire pour un autre CEA, via une boîte de prestations appelée Ortec", se souvient-elle. Embauchée en CDI, elle travaille 3 ans durant près d’Avignon (84) sur le retraitement des déchets radioactifs exotiques, c’est-à-dire, hors des filières classiques. Cette mission, "intéressante et socialement utile" est assortie de clauses de confidentialité strictes, car elle concerne le ministère de la Défense. Quand elle s’achève, Alexia décide de se rapprocher de la région parisienne, pour suivre son compagnon.

L’intermédiaire entre la technologie et le marketing

Rapidement, elle trouve un travail d’ingénieur des procédés dans le groupe Saint-Gobain, dont l’ADN, depuis les débuts, est le verre et les vitrages. D’abord chargée de l’optimisation d’une ligne de production de miroirs, elle est vite promue chef de projets, et s’occupe du développement de nouveaux produits, vulgairement appelés "vitrages intelligents".

"Paroi de douche, miroir connecté, pare-brise automobile aux fonctions alternatives… les projets sont variés et passionnants !", souligne Alexia, qui travaille en lien étroit avec les équipes marketing : "mon travail est d’apporter le produit souhaité par le marketing à l’usine, et ce que j’aime, c’est utiliser la science pour créer des choses concrètes, belles et utiles".
"Couteau suisse, bon(ne) scientifique, pragmatique, et capable de communiquer efficacement avec des gens plutôt créatifs", sont, selon la jeune femme, les qualités indispensables à qui rêve d’occuper ce type de poste. Un procédé à suivre à la lettre !

Alexia Yon en 6 dates
14 février 1990 : Naissance à Saint-Martin d’Hères (38)
Juillet 2008 : Bac option espagnol, mention bien
Septembre 2010 : Intègre l’École de la transformation de la matière et de l'énergie (Toulouse INP-ENSIACET)
Août 2012-Janvier 2013 : Cursus en gestion de l’énergie à l’université de Linköping en Suède
Octobre 2013 : Prestataire le Commissariat à l’énergie atomique) de Marcoule (30)
Mars 2016 : Intègre le Groupe Saint-Gobain en CDI
Formation

:
Après un bac scientifique, 5 ans d’études sont en principe indispensables pour devenir ingénieur procédés. Il est préférable d'intégrer une école d’ingénieur (généraliste ou spécialisée) en génie chimique ou en génie des procédés et réaliser un master en chimie et procédés (spécialité génie des procédés) ou encore, en procédés physico-chimiques (spécialité ingénierie des procédés).
Salaire : de 2.500€ à 3.000€ nets mensuels.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !