Jonathan, 29 ans : "Comment je suis devenu chorégraphe"
Tout jeune, Jonathan Breton est attiré par le monde de la danse. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’il prend ses premiers cours. Tenace, il mène son projet professionnel et devient chorégraphe à 25 ans. Aujourd’hui à la tête d’une compagnie de danse, il exporte ses créations à l’international.
La danse, pour Jonathan, c’était d’abord une passion "pour le mouvement". Ses parents auraient préféré, quand il était plus jeune, qu’il s’intéresse plutôt au foot, mais il s’est entêté. "J’étais fier d’être l’un des rares garçons à faire de la danse. Certains arrêtaient à cause des remarques, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir été trop embêté", raconte-t-il.
"D’abord du hip-hop, pour ne pas choquer mes parents"
À 14 ans, Jonathan commence tardivement à prendre des cours de danse. "J’ai choisi d’abord de faire du hip-hop, pour ne pas choquer trop vite mes parents ! Mais ce n’était pas ce que je préférais", admet-il. L’adolescent se tourne ensuite vers la comédie musicale et participe pendant deux ans à plusieurs représentations avec son lycée. "C’était la comédie musicale 'Cats', dont certains passages de danse classique m’ont bien accroché… On m’a demandé également de chorégraphier certains tableaux, j’ai commencé à prendre goût à ce métier !"
"Je séchais les cours pour aller à des cours de danse"
Son bac L en poche, Jonathan s’inscrit en licence de langues étrangères (italien, espagnol, anglais), à l’université catholique de l’Ouest, située à Angers (49). "J’ai dû me lancer dans d’autres études en parallèle de la danse, car mes parents considéraient que ce n’était pas assez sérieux…" Il continue à s’échapper des cours d’italien, sous l’œil bienveillant de son enseignant, pour suivre les cours du Conservatoire d’Angers.
"Mes parents ont dû accepter mon choix lorsque l’école m’a retenu"
Après avoir validé sa première année de licence, Jonathan passe des auditions pour intégrer l’ECM-ISAS (Institut supérieur des arts de la scène), à Paris. "Mes parents ont dû accepter mon choix lorsque l’école m’a retenu. Si la formation, privée, coûtait environ 3.000 € par année, elle était complète, et me permettait de pratiquer la danse et la comédie musicale."
Pendant quatre ans, il prend des cours de danse classique, contemporaine, jazz, moderne… mais aussi de claquettes, de théâtre et de chant. Pour payer ses études, il fait des petits boulots comme distribuer des journaux à la sortie du métro ou donner des cours à domicile d’assouplissement musculaire et de barre au sol.
"Environ 70 heures de cours de danse par semaine"
Il acquiert une expérience professionnelle de chorégraphe et crée la Compagnie de l’étoile, avec laquelle il fera quelques représentations dans le Loir-et-Cher.
Pendant sa dernière année à l’institut, il danse également au Conservatoire de Bobigny et prépare le DE (diplôme d’État) de professeur de danse, dont il ne validera que la première partie. "Je suivais environ 70 heures de cours de danse par semaine. Je saisissais toutes les opportunités d’apprentissage car j’avais besoin de compenser le fait d’avoir commencé tard la danse."
"C’était mon rêve américain !"
Une fois diplômé de l’institut, il ne souhaite pas se lancer entièrement dans le monde professionnel. "Les métiers de la danse ne sont pas assez reconnus en France et on leur colle des étiquettes. J’avais envie de plus de liberté, mais aussi de me perfectionner dans les techniques de la danse moderne américaine." À 23 ans, il réussit à intégrer The Ailey School, à New York. "C’était mon rêve américain !"
Dans cette nouvelle école, il profite du programme des mentors. Après sa formation, il décide de rester à New York pour tenter sa chance comme danseur. Pendant quatre ans, Jonathan enchaîne les auditions et les projets. "J’ai surtout fait de la danse contemporaine. Je préfère m’exprimer à partir des émotions, du vécu…" Jonathan se lasse peu à peu de la scène new-yorkaise. "Il y a beaucoup de demandes, et les danseurs ne sont pas toujours payés… alors que la vie est chère ici !"
"Parcourir le monde avec ma propre compagnie"
"J’avais envie de parcourir le monde avec ma propre compagnie. Chorégraphier me manquait, je ne voulais plus me contenter d’interpréter pour les autres. J’ai donc repris mon ancienne compagnie, créée en France, que j’ai juste renommée Azoth Dance Theatre", précise-t-il. Pour ses premières pièces, il fait appel à des amis danseurs.
En 2016, il développe sa compagnie, avec une amie américaine, qui en devient la directrice exécutive. Jonathan a, quant à lui, le rôle de directeur artistique. Le succès de sa compagnie permet à Jonathan d’être désigné lauréat Jeune Espoir des Trophées des Français de l’étranger au printemps 2018. Azoth Dance Theatre a déjà tourné dans plusieurs pays, au Danemark, en Pologne ou encore au Guatemala. Jonathan prévoit aussi d’aller en résidence en Finlande, puis au Japon en 2019, mais aussi de revenir un peu en France.
L’une des choses que Jonathan aime dans son métier, c’est "pouvoir voyager, découvrir d’autres cultures. Notre travail est important, car nous touchons le public. J’aime voir l’impact que peut avoir un spectacle, ce qui est ressenti". Être chorégraphe, "c’est un travail de création artistique qui stimule. On va de l’avant. Chaque jour est différent. Il n’y a pas de routine."
"Toute la chorégraphie se dessine dans ma tête"
Quand Jonathan crée ou renouvelle une pièce, dans un premier temps, il s’isole. "Le thème ou l’histoire me guident, mais aussi la musique choisie, pour son rythme. Je ferme les yeux, je vois alors des mouvements, une énergie, une esthétique. Certains chorégraphes ont besoin de prendre des notes, moi pas, toute la chorégraphie se dessine dans ma tête", explique-t-il. Une fois cette étape réalisée, il fait venir son équipe de danseurs pour leur montrer les mouvements. Le travail de chorégraphe ne se limite pas à la création. "Je passe beaucoup de temps à chercher des musiques, des compositeurs, des lieux de résidence, et à organiser les tournées de la compagnie."
Dans les métiers liés à la performance artistique, de nombreux danseurs apprennent auprès d’autres danseurs ou chorégraphes. Il existe une formation qui débouche sur un DE (diplôme d’État) de niveau bac : le diplôme d’études chorégraphiques. C’est une formation en trois ans, dispensée par les conservatoires.
Pour devenir professeur de danse, il faut passer un DE de professeur de danse, qui se prépare en deux ans après le bac. Il permet d’enseigner dans les écoles municipales ou d’ouvrir un cours privé. Il existe aussi un certificat d’aptitude aux fonctions de professeur de danse, en trois ans, qui permet ensuite de travailler dans la fonction publique.
2003 : premiers cours de danse.
2008 : il intègre l’Institut supérieur des arts de la scène, à Paris.
2012 : il rejoint The Ailey School, à New York.
2014 : il fonde sa compagnie de danse professionnelle, Azoth Dance Theatre.
2018 : lauréat Jeune Espoir des Trophées des Français de l’étranger.