Décryptage

Faire un double master : une charge de travail importante mais des atouts concrets

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Faire un double master c'est àla fois une charge de travail plus conséquente mais aussi de meilleures opportunités. © Perry Correll/Adobe Stock
Par Camille Jourdan, publié le 25 mai 2023
6 min

Plusieurs universités et écoles du supérieur proposent des parcours de doubles masters. A la clé : deux diplômes. Où suivre une telle formation ? Dans quelles disciplines ? Avec quelle charge de travail ? L'Etudiant vous éclaire.

A l’université ou dans une grande école, vous avez la possibilité de choisir un double diplôme pour votre master. Certains se font avec des universités étrangères, mais même en restant en France, les possibilités sont multiples.

Plus rares que les doubles licences, les universités proposent aussi des doubles masters en leur sein, dans des disciplines proches ou plus éloignées : deux domaines du droit, langues et cinéma, informatique et mathématiques, sciences et management… Pour réussir dans ces cursus, les étudiants - souvent issus de doubles licences - sont sélectionnés. Avoir d'excellents résultats est aussi un pré-requis pour faire face à une forte surcharge de travail.

Faire un double master universitaire et grande école

Autre possibilité : coupler un master universitaire avec celui d’une école intégrée à l’université. Il existe par exemple plusieurs doubles masters "ingénieur-manager", entre des IAE (écoles universitaires de management) et des écoles d’ingénieurs intégrées aux universités. Mais ces partenariats existent dans d’autres disciplines entre université et Sciences po. C'est le cas du double master Gouvernance territoriale entre Sciences po Grenoble et l’université Grenoble Alpes (UGA).

Enfin, des accords relient des universités et des grandes écoles externes : école de droit de Panthéon-Sorbonne avec HEC ou Sciences po, l’UGA avec Grenoble école de management (GEM), l’Université de Bretagne Occidentale avec l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)…

Mais attention, certains parcours impliquant deux établissements ne sont pas réciproques : impossible par exemple pour des étudiants de l'université de faire les doubles masters de l’ESIREM (École supérieure d'ingénieurs numérique et matériaux), ou de CentraleSupélec alors que l'inverse est possible, des étudiants de ces écoles d'ingénieurs peuvent suivre un master à l'université.

Jongler entre deux masters

La plupart du temps, double master rime avec cours et examens supplémentaires. "Nous passons une trentaine de partiels par an", rapporte Louise, étudiante en droit notarial et droit du patrimoine à Paris Dauphine. Autre exemple : pour les doubles masters entre les départements de la Faculté des sciences et l’IAE à Montpellier, les étudiants ont deux mémoires à rédiger.

L’organisation des formations varie cependant selon les établissements. Les emplois du temps sont parfois aménagés pour suivre les deux formations simultanément, en deux ans. "Nos étudiants sont trois jours par semaine à l’ESIREM, et deux jours à l’Université de Bourgogne", décrit par exemple Gilles Caboche, responsable de ce double cursus bourguignon.

Adrien*, étudiant en master droit des affaires et management, a suivi le premier semestre de son M1 à HEC, puis le deuxième semestre à Pantéhon-Sorbonne. Pour lui, la charge est lourde : "A HEC, on rattrape les 3e et 4e années en un semestre, et à la fac, les deux semestres en un..."

De son côté Lisa, en master Gouvernance territoriale entre Sciences po Grenoble et l’UGA, jongle entre ses deux formations : "En première année, on est dispensés de seulement certains cours, puis en deuxième année, nous devons suivre l'intégralité des cours des deux cursus, donc on navigue entre les locaux de la fac de droit et ceux de Sciences po."

D’autres cursus se déroulent en trois ans, comme certains entre l’UGA et GEM, et d’autres substituent une année pour une autre : "Je valide mon master 2 d’AgroParisTech en suivant un master 2 à PSL", explique par exemple Slolène, qui sera titulaire des diplômes des deux établissements, sans avoir suivi de cours à AgroParisTech en M2.

Un double master pour se différencier auprès des employeurs

En choisissant un double master, vous approfondissez une double compétence, et vous vous démarquez auprès des employeurs, atteste Marie-Hélène Agard, au sein du cabinet de recrutement Michael Page. "Ces cursus démontrent une grande curiosité intellectuelle, et une capacité de l’étudiant de se mettre en difficulté, et de s’adapter à deux mondes différents", note-t-elle.
"Les méthodes de travail sont très différentes, confirme Lisa. Sciences po a une approche plus pratique, alors que la fac de droit a une approche plus théorique." De la même manière, un master recherche complétera l’aspect "sciences appliquées" d’une école d’ingénieurs.
Dès leur recherche de stage ou d’alternance, les étudiants en double master notent l’intérêt des employeurs pour leur cursus atypique. "Pour mon alternance, j’ai trouvé facilement une étude, témoigne Louise, et j’ai pu négocier mon contrat. Les réseaux des deux cursus se complètent." La renommée des écoles partenaires d’universités fait aussi son effet : "Pour les stages, les recruteurs sont plus intéressés par Sciences Po que par notre parcours en droit", remarque Lisa.

L’alternative : les diplômes conjoints

Outre un engagement intellectuel, ces doubles diplômes impliquent, bien souvent, un engagement financier, lorsqu’il faut généralement s’acquitter des frais de scolarité des deux structures. Certains partenariats sont toutefois avantageux : pas besoin de payer GEM pour les étudiants de l’UGA en double master avec cette école de commerce.
Si vous vous dites que les doubles masters ne sont pas pour vous, mais que vous aimeriez acquérir une double compétence, de plus en plus d’établissements proposent des diplômes "conjoints", ou "hybrides". Un seul master à la clé, certes, mais des connaissances dans plusieurs disciplines, et parfois une co-accréditation avec une école.

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