Portrait

Etudiante et musicienne, Zoé va fêter la musique en fanfare

La fanfare des Muses Tanguent répète pendant que Zoé tourne son film.
La fanfare des Muses Tanguent répète pendant que Zoé tourne son film. © Wladislas Aulner
Par Séverine Mermilliod, publié le 21 juin 2022
6 min

Qui dit 21 juin dit retour de la Fête de la musique. Dès cet après-midi, la fanfare des Muses Tanguent va "faire le spectacle" au Palais-Royal à Paris. Un ensemble à 99% féminin que Zoé, trompettiste mais aussi étudiante en production audiovisuelle, a décidé d’immortaliser dans un documentaire.

"Au début, c’était très intimidant", confie Zoé. L’étudiante de 23 ans, qui termine son master 2 en production audiovisuelle à InaSup, a rejoint la fanfare des Muses Tanguent fin 2020 "un peu par hasard".

Cet ensemble fait partie des "Fanfares des Beaux Arts", un label dont disposent seulement une trentaine de formations, qui réunissait à l’origine des élèves de l’École nationale d’architecture et des Beaux-Arts de Paris. Mais les Muses Tanguent vont avoir 20 ans et ont donc décidé d’accueillir de nouvelles recrues. Zoé est l’une d’elles. "J’ai rencontré la présidente à un événement. Comme je faisais de la trompette, elle m’a proposé de venir à une répétition".

Un pont entre la musique et les études

Débute alors une nouvelle aventure faite de répétitions tous les mercredis soir, à 19h30 ou 20h et pour deux heures ou plus. Pas question pour autant pour Zoé de choisir entre ses études et la formation. "Mes études sont à Bry-sur-Marne (94), la répétition a lieu Porte de la Villette au nord de Paris donc il faut courir ! Mais je n’ai jamais mis l’un ou l’autre de côté", raconte la jeune femme.

Les deux, même, se complètent. Jouer dans la fanfare lui a par exemple "apporté beaucoup de confiance, car c’est de la représentation, avec le regard de l’autre posé sur soi. Dans les études de cinéma on est souvent amenés à devoir parler, se confronter au public donc cela m’a aidée", souligne l’étudiante.

Si elle concède que parfois elle ne peut pas faire tous les concerts, ses partenaires sont "très compréhensives". "Je n’ai jamais voulu réintégrer un orchestre justement parce que ça demandait une rigueur de répétition, alors que là, j’ai le sentiment qu’on est plus libre."

Un répertoire "festif" de Radiohead à Madonna

L’entrée dans la fanfare a d’ailleurs été une révélation qui lui a permis de continuer à jouer de son instrument tout en s’amusant. "J’ai commencé la trompette quand j’étais petite au conservatoire aux alentours de six ou sept ans, retrace Zoé. J’ai continué de mon côté au lycée et pendant mes études mais toute seule ce n’était pas très enthousiasmant, je tournais en rond à jouer toujours les mêmes morceaux."

Un jour, une amie qui joue dans une fanfare l’emmène à un concert. C’est là qu’elle rencontre la présidente des Muses Tanguent. "Jouer dans un ensemble me manquait ! Pour le côté humain, social, jouer devant du public, mais aussi pour la pratique musicale".

Une liberté jusque dans le choix des morceaux : le répertoire de la fanfare, pop et rock, jongle entre Radiohead, Cascada, les Doors et Madonna… tout en trombones, trompettes, tubas et percussions. "C’est festif, très ouvert ! Ce soir on va faire du spectacle et faire plaisir aux gens qui nous écoutent", s’enthousiasme Zoé qui redécouvre les concerts live après la crise sanitaire.

Une fanfare de femmes à filmer

La fanfare de l’étudiante a une autre particularité : elle est composée de femmes exclusivement - ou presque. "Un jour la caisse claire est partie et la fanfare n’a pas réussi à trouver d’autre femme à ce poste. Donc on tolère un homme dans notre formation", s’amuse Zoé.

Arrivée "toute effrayée" au milieu de ce groupe de quinze à vingt femmes qui "se connaissent bien" et depuis longtemps, elle va vite prendre ses marques. "De fil en aiguille je me suis vite très bien sentie. Il y a beaucoup de bienveillance et de sororité, on progresse vite."

Et une idée va germer dans la tête de l’étudiante en audiovisuel : "Quand j’ai découvert cet ensemble de femmes vraiment incroyables, j’ai décidé de mêler mes compétences et de réaliser un documentaire sur la fanfare", dévoile-t-elle. Le tournage a déjà commencé et va se poursuivre un an, avec l’aide d’une amie qui produit le film.

"C’est une bascule entre la fin de nos études et le début du monde professionnel. J’avais peur du monde des adultes où je pensais qu’on n’avait le temps de rien faire. Alors voir ce groupe de femmes, mères parfois, mais qui se réunissent tous les mercredis pour faire de la musique ensemble… c’est très rassurant ! Le film va parler de nos doutes, du passage à la vie d’adulte, active, ce qui est aussi le chemin que j’ai parcouru dans cette fanfare."

Pour retrouver la fanfare Les Muses Tanguent, rendez-vous ce mardi 21 juin de 16h50 à 17h35 au Palais-Royal à Paris.

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