Décryptage

INFOGRAPHIES. Les licences sont-elles vraiment non sélectives ?

Licence sélective étudiante ordinateur
Un bon dossier scolaire vous sera indispensable pour vous démarquer et intégrer certaines filières très demandées, comme les licences STAPS ou de droit. © K Abrahams/peopleimages.com/Adobe Stock
Par Clémentine Rigot, publié le 21 février 2023
7 min

Souvent considérée comme la voie d'accès facile vers l'université, la licence est moins accessible qu'il n'y paraît. Dossiers, critères de sélection, taux d'accès... Voici les grands facteurs qui influent sur l'admission.

"À la question 'est ce que la licence est sélective', la réponse est oui", admet d'emblée Laurent Gamet, doyen de la faculté de droit de l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (Upec).

Et pour cause : sur les milliers de candidats Parcoursup, l’université n’en a accueillis, à la rentrée, que 800 en première année, en licence générale de droit. Sur un plan arithmétique pur, impossible d’accueillir tous les lycéens ayant formulé un vœu pour cette L1 ; il faut donc sélectionner les heureux élus.

Un tri entre candidats plutôt qu'une sélection en licence de STAPS

À l’université de Bordeaux (33), même situation. En STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), deuxième licence la plus demandée sur Parcoursup, les places sont chères. La première année de licence n’accueille que 300 élèves, pour plus de 6.500 vœux. "On appelle les candidats jusqu’à la place 900, on a donc un taux d’accès de 14%", détaille Léo Gerville-Réache, directeur de la filière.

Mais le terme de sélectivité est à relativiser. Aucun profil n’est éliminatoire stricto sensu, il s'agit plutôt d'un tri par le haut à partir des dossiers retenus par l’algorithme. Par ailleurs, rares sont les candidats rejetés qui n’avaient formulé aucun autre vœu concluant, en STAPS ou non, dans cette académie ou une voisine.

En bref, ne pas être pris à l'université de Bordeaux en STAPS ne signifie pas, pour les milliers d’élèves recalés, errer sans formation à la rentrée.

Des licences attractives mais avec une faible réussite

"On ne tire pas de gloire particulière du fait d’être sélectif. On aimerait pouvoir donner sa chance à tout le monde", regrette Laurent Gamet. Mais au-delà des critères de capacité d'accueil, les amphithéâtres ne pourraient pas accueillir huit fois plus d’élèves, la sélection permet aussi d’éviter le pire. "Finalement, ceux qui ne sont pas pris, c’est presque un service qu’on leur rend", analyse le doyen de la faculté de droit.

En effet, avec un taux de réussite de 17% en première année, on peut imaginer les difficultés qui attendraient les candidats dont le dossier était trop faible, dès le lycée, pour intégrer la formation en droit. Pourtant, la mention continue d’attirer en masse les lycéens. "Le droit a une image très positive socialement", analyse Laurent Gamet.

La pop culture et les juristes médiatisés ont participé à cette "glamourisation" du droit, qui mène de nombreux étudiants vers la déconvenue passé le premier semestre. "Le droit, c’est tout sauf le talent. C’est le travail et le travail !", résume le professeur.

Le dossier scolaire, essentiel pour entrer dans une licence en tension

Mais comment sont classés concrètement les candidats ? "Tous les STAPS de France ont un schéma commun d'analyse des dossiers, explique Léo Gerville-Réache. Cinq domaines de compétences vont être évalués pour donner une note globale sur 20, qui va classer les candidatures."

Ces domaines, qui ont le même poids dans la note finale, relèvent de la disposition de compétences scientifiques, littéraires et sportives, mais aussi de l’intérêt pour l'exercice de responsabilité collective et le savoir être et la capacité à réussir. Ces éléments proviennent du dossier scolaire de l’élève mais aussi de questions supplémentaires, notamment sur sa pratique sportive en dehors du lycée.

À l’Upec, pour entrer en première année de droit, là aussi, les notes de première et terminale sont cruciales. Pour certaines matières, notamment celles de spécialité, les licences ont développé un effet "booster" : tous les points supérieurs à 15 sont doublés voire triplés.

"Une sélection à l'université très froide"

Mais ce que regrette Laurent Gamet, c’est la dimension très froide de cette sélection. "Une situation d’injustice peut survenir quand l’étudiant a un problème personnel pendant ses années de lycée", précise-t-il. Décès d’un proche, dépression, maladie… Les évènements difficiles sont nombreux et ils ont un impact sur la scolarité.

"Je serais favorable à ce qu’ils puissent préciser ce genre de choses sur Parcoursup", plaide le doyen. En attendant que la plateforme se plie, un jour peut-être, à cette requête, Laurent Gamet demande aux directeurs d’établissements de le prévenir lorsqu’un élève est concerné. De quoi rectifier les erreurs de parcours et réhumaniser les dossiers.

Des disparités selon les académies

Pour s’assurer une place dans ces licences très prisées, pas de mystère. "Il faut se mettre sérieusement dans les études, dès la classe de première, se donner les moyens de réussir", résume Léo Gerville-Réache.

Et si le dossier pêche un peu ? Le directeur recommande de varier les académies pour les vœux afin de tirer à son avantage les contrastes de tension. "Toutes les universités n’ont pas les mêmes capacités d’accueil, explique-t-il, pour les STAPS, le Nord de la France, la Corse et les outremers sont moins tendus".

Libre aux lycéens de tenter leur chance dans ces facs plus accessibles. Seul bémol : sur Parcoursup, un élève est prioritaire dans son académie d’origine plutôt qu’une autre. Une astuce qui n’est donc pas gagnante à tous les coups.

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