Témoignage

Le service sanitaire, un "bol d'air" pour les étudiants en santé

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De la prévention chez les enfants ou de l'accompagnement en Ehpad le service sanitaire permet aux étudiants en formation médicale ou paramédicale d'avoir une première expérience avec des patients. © Daniel/Adobe Stock
Par Thomas Leduc, publié le 23 mai 2023
7 min

Le service sanitaire est un passage obligé pour tous les étudiants en santé. Pendant plusieurs jours, les futurs médecin, psychomotricien, kinésithérapeute, infirmier, sage-femme... interviennent, en groupe, pour sensibiliser les petits et les grands à différentes thématiques en lien avec la santé. Alicia, Emile et Marine* racontent ce qu'ils ont retenu de cette expérience.

Dans un secteur d’études jugé "compétitif" et "solitaire", le service sanitaire est vu comme un "bol d’air", témoigne Alicia, étudiante en troisième année de médecine à l’université de Caen. Il y a quelques semaines, elle est intervenue auprès d'élèves de maternelle et de primaire pour faire de la prévention autour de l'alimentation. Parmi les sujets abordés : les "risques sanitaires d'une mauvaise alimentation" qui peuvent avoir un impact sur le physique, mais également sur le bien-être psychologique.

Cette expérience qui parait presque anodine et naturelle reste pourtant assez nouvelle. Le service sanitaire n'existe que depuis 2018 et déjà, il semble plaire aux étudiants en santé, qui ont l’occasion d'intervenir dès le début de leurs études auprès de potentiels futurs patients.

Faire de la prévention auprès de publics très différents

Emile, lui, est étudiant en quatrième année de kinésithérapie à l’université de Franche Comté. Lors de son service sanitaire, il est intervenu auprès d’élèves de 5e et de 3e afin de leur parler "de la vie affective et sexuelle". L'objectif : aider et informer les collégiens sur une thématique "encore assez taboue à cet âge". Il a notamment pu parler d'anatomie, des MST (maladies sexuellement transmissibles), du fonctionnement du corps pendant les règles, ou encore des protections pendant un rapport.

De son côté, Marine, en deuxième année d'études de psychomotricien, s’est rendue dans une maison d’accueil pour parents. Elle a pu répondre à leurs questionnements et leur apporter de l'aide sur certaines problématiques en lien avec la parentalité. Notamment "la gestion des émotions dans le couple enfant/parents, le développement de la motricité de son enfant, ou encore comment amener le calme et la détente chez l'enfant". Il ne s'agissait pas d'une séance de psychomotricité classique : l'étudiante a travaillé à la fois avec les parents et les enfants.

Pour les trois étudiants, leurs missions n'ont duré que quelques jours mais cela peut varier, jusqu'à une semaine parfois. Le plus souvent, les étudiants ne choisissent pas la thématique de leur intervention. Tout cela dépend des besoins de la région puisque c'est l'ARS (agence régionale de la santé) qui détermine le plan d'actions prioritaires. Les étudiants peuvent donc intervenir dans des écoles, des prisons, des EHPAD, des entreprises... et sont amenés à aborder différentes thématiques comme le tabagisme, la consommation de drogue et d'alcool, promouvoir les activités physiques...

Réussir à adapter ses interventions

La principale difficulté pour les futurs soignants, c'est de "s’adapter à son public, notamment lorsqu’on parle de sujets difficiles ou sensibles", explique Alicia. En classe, l'étudiante a dégainé une guitare et sorti sa plus belle plume afin d’écrire une chanson sur l’alimentation. Chanson qu’elle a interprétée face à ses maternelles. Une fois confrontée à des élèves un peu plus âgés, elle a préparé du "contenu un peu plus soutenu" avec des vidéos, des débats et des questionnaires.

Marine, elle, avait des activités différentes pour chaque demi-journée : "Je suis intervenue sur des jeux moteurs, puis des séances de relaxation. On a ensuite séparé les enfants des parents, qui avaient des ateliers de prévention, tandis que les enfants des activités manuelles."

Pour Emile, qui avait des collégiens avec une certaine différence d'âge, l'adaptation était d'autant plus primordiale. "On ne parle pas de la même façon de cette thématique en 5e et en 3e", ajoute-t-il. Il a donc souhaité "créer une ambiance bienveillante" où la discussion et le débat étaient les bienvenus. Cela se faisait notamment à travers des jeux, ou des images montrées aux élèves qui devaient "dire à quoi cela leur faisait penser", favorisant l’échange.

Le service sanitaire, un dispositif gratifiant et utile aux futurs soignants

Les trois étudiants l'affirment, leur service sanitaire a été très gratifiant. "Les élèves ont été très curieux et demandeurs d’informations. Plusieurs élèves m'ont dit qu'ils aimeraient bien avoir d'autres interventions sur cette thématique", explique Emile.

"C’était assez gratifiant de les rendre curieux sur ce sujet", témoigne aussi Alicia, qui ajoute que si elle a pu "les intéresser" à l’importance de l’alimentation, elle est "déjà très satisfaite".

Cette expérience leur a aussi permis d'en apprendre plus sur leur rôle en tant que futurs soignants, et de "mettre en pratique certaines parties" de leur futur métier, selon Marine. "Certaines rencontres m'ont poussée à me remettre en question : Qu'est-ce que je dois améliorer ? Est-ce que mon approche de la population ciblée est bonne ? Quels sont les points de vigilance ?", résume l'étudiante en psychomotricité qui a ainsi "développé son sens de l'adaptation et du contact", en s'imprégnant de ce qu'elle a vu et vécu.

Discours similaire pour Alicia, qui qualifie le service sanitaire d'"expérience hors du temps", lui permettant de sortir un peu de ses cours et "de parler de thématiques aussi importantes", ce qu’elle n’avait pas l’habitude de faire jusque-là.

Rencontrer des étudiants d'autres filières de santé

Au-delà de l’utilité du service sanitaire, ce qui a plu à la majorité des étudiants, c’est de pouvoir côtoyer des camarades venant d’autres filières en santé et de pouvoir échanger avec eux tout au long du service sanitaire. Une façon de ne pas "être trop cloisonné", explique Emile, qui a construit son intervention avec une étudiante sage-femme et deux étudiantes infirmières.

Alicia, qui a travaillé avec une étudiante en ergothérapie et un étudiant en pharmacie, a également trouvé "intéressant" de pouvoir échanger. L’occasion aussi d'"enfin avoir des travaux de groupe", qui plus est sur le terrain, ce qu'elle a qualifié de "génial". Une expérience qui ne lui arrive que trop peu souvent en médecine, puisque le dispositif du service sanitaire n'a lieu qu'une seule fois aux cours de leurs études.

*Le prénom a été modifié par souhait d'anonymat.

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