Témoignage

Le stress de la PACES : "J’avais des nausées, le cœur qui battait vite"

La ministre de la Santé a annoncé la fin du numerus clausus.
La ministre de la Santé a annoncé la fin du numerus clausus. © Virginie Bertereau
Par Mersiha Nezic, mis à jour le 16 septembre 2019
5 min

Le concours à l’issue de la PACES (première année commune des études de santé) est réputé très éprouvant. Les étudiants tentent de gérer leur stress alors que la suppression de la PACES et du numerus clausus, en 2020, apporte aussi son lot d’incertitudes...

"Je ne gère pas bien le stress. Les premiers mois, j’en étais malade. J’avais des nausées, le cœur qui battait vite… En ce moment, je suis épuisée et j’ai du mal à me concentrer."

Louise, qui espère devenir médecin, prépare le concours de fin de PACES (première année commune des études de santé). La voie "classique" pour entamer des études de médecine, d'odontologie (ou dentaire), de pharmacie ou de sage-femme (ou maïeutique), proposée par une quarantaine d’universités en France.

Il n'existe pas de calendrier national des épreuves. Les examens, organisés à l'issue du premier puis du deuxième semestre, relèvent des universités. Le concours attire quatre ou cinq fois plus de candidats qu’il n’y a de places disponibles.
La PACES et son numerus clausus ? C’est une "absurdité" selon Emmanuel Macron, qui a décidé de les supprimer en 2020.

"En termes de risques psycho-sociaux, difficile d’imaginer pire"

"À l’issue d’une ou de deux années d’études acharnées, d’heures et d’heures de travail, tout se joue sur deux jours d’épreuves qui vont définir le reste de la vie des candidats, commente Pierre-Adrien Girard, ex-vice-président de l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France). En termes de risques psycho-sociaux et de stress, difficile d’imaginer pire." S’ils sont nombreux à enchaîner des journées de 12, 14 ou 16 heures de travail, les étudiants tentent de mettre en place des stratégies pour gérer la pression.
Nora, étudiante à la fac de Versailles-Saint-Quentin, dans les Yvelines, travaille tous les jours de 7h30 à 22h30. C’est sa deuxième année de PACES. Lors de sa première tentative, l'étudiante avait perdu du poids et souffert de migraines. Mais, soutenue par sa famille et accompagnée par des amis avec lesquels elle peut travailler, Nora a repris des forces. "J’ai collé des fiches de révisions sur le mur de ma chambre. Mais ce n'était peut-être pas indispensable. Pendant que je mange, que je me douche ou que je me brosse les dents, j’essaie de ne pas penser au concours sinon je vais craquer", raconte-t-elle.
"En PACES, il faudrait sacrifier sommeil et repas au profit du temps de révisions. Mais dormir correctement est primordial, sinon on apprend moins bien et c'est contre-productif, confirme Chloé, d’Amiens. Passé 20 heures, je ne révise plus. La PACES est un marathon, il faut tenir sur la durée et arriver en forme au concours."
Pour réussir ce marathon, Julie, redoublante dans l'académie d'Aix-Marseille s’autorise "deux heures de sport par semaine, de la danse en club. Ce qui me permet de me défouler".

Une année de césure pour réintégrer la PACES en 2020 ?

Le numerus clausus a été relevé à un niveau record pour son avant-dernière année d’existence. Ainsi, plus de 1.000 places supplémentaires en deuxième année de médecine ont été ouvertes pour la rentrée 2019. Amiens offre neuf places en plus. Ce qui contribue à réduire légèrement le stress des étudiants. "Cela paraît peu mais dans les faits, c’est un soulagement", reprend Chloé.
Et faire une année de césure pour réintégrer la PACES en 2020, quand la réforme sera entrée en vigueur ? Emilie, étudiante à Tours avoue l’avoir envisagé : "J’y réfléchissais dans les moments où je perdais confiance en moi. Mais finalement, je préfère me donner à fond dès maintenant."
Surtout que la situation des étudiants qui s’inscriront à la rentrée 2019 risque d’être compliquée. Une année de PACES telle que nous la connaissons aujourd’hui, suivie d’une année de réforme, les attend.
La suppression de la PACES et du numerus clausus

est une mesure phare de la loi santé qui a été examinée au Sénat en juin 2019. Le texte prévoit que les quotas d'étudiants admis en deuxième ou troisième années seront désormais déterminés par les universités et les agences régionales de santé. L’objectif est notamment d’augmenter de 20 % le nombre de médecins formés. Il s’agit de lutter contre les déserts médicaux, en veillant à une meilleure répartition des praticiens sur le territoire. Mais attention, la sélection restera drastique, prévient Julie. "Les places dans les facs ne sont pas illimitées. Il y aura toujours, tout de même, une sélection."

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