Décryptage

Les réformes des études de pharmacie en officine et industrie attendues pour 2022 ?

L'objectif de ces réformes est notamment d'uniformiser les trois voies possibles en pharmacie en créant un diplôme d'études spécialisées (DES).
L'objectif de ces réformes est notamment d'uniformiser les trois voies possibles en pharmacie en créant un diplôme d'études spécialisées (DES). © sofiko14 / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 17 décembre 2021
6 min

INFOGRAPHIE. Très attendue, la réforme du troisième cycle des études de pharmacie reste au point mort. Notamment pour les étudiants en officine et industrie pour lesquels rien n'a évolué. Les réformes devaient se préciser en 2020 puis en 2021 mais ce serait plutôt en 2022 qu'elles verront vraiment le jour.

Alors que les réformes des études de médecine s'enchainent depuis 2017, le chemin semble encore long pour les étudiants en pharmacie. Et ce n'est pas faute d'attendre. Chaque année, après un PASS ou une L.AS (ex-PACES), ils sont un peu plus de 3.000 à poursuivre leur cursus dans cette filière. La pharmacie où, après cinq années d'études, trois voies sont possibles : l'officine, en tête des choix (44% des étudiants), l'industrie (40%) ou l'internat (16%). C'est ce que l'on appelle le troisième cycle : il se déroule en un an pour les filières officine et industrie et en quatre ou cinq ans selon la spécialité choisie en internat.

Ambitieuse, la réforme, ou plutôt les réformes, concernent ces trois voies et donc tous les étudiants en pharmacie. L'idée remonte à 2016 et s'appuie sur le rapport de Dominique Porquet, ancien président de la conférence des doyens de pharmacie, chargé de proposer une évolution du troisième cycle. L'objectif : uniformiser les trois filières en créant notamment un diplôme d'études spécialisées (DES), jusqu'alors uniquement réservé aux internes en pharmacie. Les réformes doivent également permettre d'approfondir certains programmes, en les adaptant aux besoins des professionnels.

Créer un diplôme d'études spécialisées (DES) en officine et industrie

Rien n'est encore définitivement acté pour les étudiants en pharmacie officinale ou industrielle. Mais la rentrée 2022 reste un objectif pour la mise en place des réformes. Ainsi, les étudiants actuellement en cinquième année pourraient éventuellement en bénéficier l'année prochaine pour leur dernière année de formation.

Le changement principal de ces réformes concerne la création d'un DES, un diplôme d'études spécialisées en officine ou en industrie. Et ce, en plus du diplôme d'Etat de docteur en pharmacie que tous les étudiants obtiennent déjà. Il s'agit donc plus d'une reconnaissance de diplôme, reconnaissance à laquelle seuls les internes en pharmacie peuvent prétendre aujourd'hui.

Les étudiants doivent passer une thèse pour obtenir ce DES. D'après l'ANEPF (association nationale des étudiants en pharmacie de France), le mémoire "fera office de thèse, pour ne pas surcharger les étudiants lors de leur troisième cycle". Cela n'aura pas d'impact sur la durée des études : l'officine comme l'industrie restent des cycles courts où, au total, six années d'études sont nécessaires.

Le statut, la rémunération et la répartition des stages en jeu en officine

Pour la voie industrielle, l'obtention de ce DES est le seul véritable changement à prévoir. En revanche, pour les étudiants de la filière officine, le chantier concerne aussi directement leur formation. "Les pharmaciens ont de plus en plus de missions, on l'a vu avec la crise sanitaire, cela nécessite des formations supplémentaires et plus de mises en situation", commente Juliette Marat. Aussi, la sixième année serait désormais consacrée uniquement aux stages. Une année ponctuée de séminaires tous les mois pour maintenir la formation académique.

Trois pistes sont étudiées pour revoir le statut des étudiants en pharmacie : celui d'interne, d'apprenti en officine ou de résident. Ce dernier statut permettrait aux futurs professionnels de changer de stage contrairement au statut d'apprenti. L'ANEPF, de son côté, penche plus pour le statut d'interne. "Les étudiants seront ainsi considérés comme des agents publics ce qui leur donne des droits et des indemnités supplémentaires mais il se peut que ce soit finalement un quatrième statut qui soit retenu."

Pour l'association étudiante, la rémunération doit aussi être revue à la hausse pour passer d'environ 500 euros par mois à 1.200 euros. Un chiffre décidé en concertation avec les différents syndicats et représentants de la profession. Ainsi, la dernière année de formation serait axée sur la pratique et la multiplication des stages. L'ANEPF insiste sur une meilleure répartition de ces stages sur le territoire. "Aujourd'hui, les étudiants restent principalement dans les villes universitaires pour leurs études puis exercer. Or, on ne peut pas forcer les étudiants à se rendre sur les territoires ruraux pour 500 euros par mois", estime Juliette Marat.

Ce nouveau maillage territorial aura un impact sur les maîtres de stage. Encore aujourd'hui, ce sont les mêmes professionnels qui accueillent les étudiants de la deuxième à la sixième année. Or, ils sont eux-mêmes souvent dans les villes universitaires. "Il faudrait des maîtres de stage qui ne s'occupent que des étudiants de sixième année. Cela veut dire un nouvel agrément et donc beaucoup de textes à modifier", poursuit la représentante étudiante.

Des passerelles possibles entre officine et industrie

L'obtention du DES permettrait aussi de bien différencier les trois voies d'accès en pharmacie. Notamment entre l'officine et l'industrie où la possibilité de passer de l'un à l'autre était facilité. "De plus en plus, l'ordre des pharmaciens demandait aux professionnels d'effectuer une passerelle s'ils voulaient changer de domaine mais rien n'était fixé dans les textes de loi", détaille l'ANEPF. La passerelle sera davantage institutionnalisée par la réforme et l'obtention d'un DES puisqu'il donne, par défaut, accès à un domaine spécifique.

En novembre dernier, après deux reports, les doyens de pharmacie ont rendu un nouveau rapport aux ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur sur le déroulement de la formation. "Les ministères nous ont confirmé que les réformes restaient la priorité mais nous attendons toujours leur arbitrage. Les années passent, les promos passent mais rien ne change…", constate la vice-présidente.

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