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Reportage

Au CNR jeunesse, l’accès aux droits au cœur des débats

La Première ministre, Elisabeth Borne et sept de ses ministres ont pu échanger avec une vingtaine de jeunes lors des deuxièmes "Rencontres jeunesse de Matignon", ce mercredi 15 janvier.
La Première ministre, Elisabeth Borne et sept de ses ministres ont pu échanger avec une vingtaine de jeunes lors des deuxièmes "Rencontres jeunesse de Matignon", ce mercredi 15 janvier. © Marine Ilario
Par Marine Ilario, publié le 17 février 2023
5 min

Lors des deuxièmes "Rencontres jeunesse de Matignon" consacrés à la vie quotidienne des jeunes, ce mercredi 15 janvier, la question du difficile accès aux droits a été pointée du doigt.

Logement, sport, précarité, santé… Ces thèmes liés à la vie quotidienne étaient à l'ordre du jour de la deuxième édition des "Rencontres jeunesse" qui se sont tenus à Matignon ce mercredi 15 janvier dans le cadre du CNR (conseil national de la refondation) jeunesse. Une vingtaine de jeunes a ainsi pu formuler de nombreuses propositions. Face à eux, la Première ministre, Elisabeth Borne, et sept ministres ont rappelé les dispositifs existants, les obligeant à reconnaître une méconnaissance des droits auxquels ils peuvent prétendre.

Choisir entre sa santé et ses études

"80% des jeunes que j’ai sondés ne savent pas ce qu’est le Pass'Sport". Le constat de Moussa Sow, fondateur de la coupe d’Afrique des nations des quartiers, est clair. Si cette aide financière de 50 euros permet de s’inscrire dans un club, et s'adresse notamment aux étudiants boursiers, peu de jeunes la connaissent.

Le sport est "vecteur de confiance en soi et il favorise non seulement la santé physique, mais aussi psychologique", précise Elisabeth Borne. Pourtant, la santé mentale des jeunes ne cesse de se dégrader depuis la crise sanitaire. Un sujet abordé par Eva, 18 ans, dont des proches ont dû interrompre leurs études en raison de leur santé.

"Aujourd’hui, on se retrouve à devoir choisir entre sa santé mentale et ses études. Ce n’est pas normal !" En plus de proposer d’éduquer les jeunes sur l’importance de prendre soin de soi, la jeune femme souhaiterait que des rendez-vous en ligne avec des psychologues soient possibles dès le collège, "pour ne pas attendre de voir sa santé se dégrader".

L’occasion pour la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, de rappeler que le dispositif "Santé Psy Etudiant", qui permet de faire 8 séances gratuites chez un psychologue, a été prolongé en 2023.

"Il faut éradiquer la précarité étudiante"

Si certains arrêtent leurs études pour des questions de santé, d’autres y renoncent faute de logement, comme l’explique Clémence, lycéenne en terminale professionnelle. "Mon lycée est dans le XVIe arrondissement de Paris. Les élèves peuvent venir de toute la France, mais pour certains, c'est impossible parce qu’ils ne trouvent pas de logements à des prix raisonnables."

Plus largement, c’est la précarité étudiante qui pose question. Un enjeu longuement abordé. Mursia, alternante dans l’association "Règles élémentaires" explique avoir dû renoncer à s’acheter des protections hygiéniques pour continuer "à remplir [son] assiette".

Pour que les étudiants n’aient plus à faire de choix aussi difficiles, Etienne Matignon, président de la Fage, un syndicat étudiant, demande que les politiques apportent des solutions concrètes "non pas pour lutter contre la précarité, mais pour l’éradiquer".

Parmi les solutions proposées, Achraf Manar, fondateur de l’association "Destins liés" souhaiterait que la bourse soit prolongée de dix à douze mois. "La vie universitaire dure dix mois, c’est vrai, mais la vie d’un étudiant, et en particulier d’un étudiant qui galère, dure toute l’année", explique-t-il.

Un guichet unique pour une automaticité des droits

Pour Aurélien, ancien étudiant boursier à Poitiers (86), plus que l’élargissement de la bourse, c’est le problème de l’accès aux droits qui doit être soulevé. "Comment avoir connaissance de tous les dispositifs existants ?" demande-t-il en pointant du doigt la difficulté de s’y retrouver alors "qu’il y a tout un tas de guichets, de portes à ouvrir pour bénéficier d’aides sociales".

Il propose alors d’élargir l’idée de "guichet unique"

mis en place par l’université de Poitiers. "Pour les étudiants, c'est une adresse mail, un numéro de téléphone et un lieu physique pour accéder à l’information et demander toutes les aides auxquelles ils peuvent prétendre".

Une idée validée par Sylvie Retailleau, qui souhaiterait arriver à une automaticité des droits, et ce, dès le lycée, "avec un guichet unique en ligne qui pourrait se trouver sur Parcoursup et un guichet physique sur chaque campus".

Après plus d’une heure et demie d’échanges, Elisabeth Borne a conclu les débats en soulignant "l’enthousiasme et le grand nombre de propositions faites" et en reconnaissant que le sujet central reste l’accès au droit. "Quand bien même des solutions existent, elles ne sont pas toujours connues et plus on est dans une situation vulnérable, plus il est difficile d’accéder à ces dispositifs."

Deux autres rencontres sont prévues d'ici la fin du printemps sur l’avenir professionnel et l’engagement citoyen, pour faire émerger d’autres propositions qui constitueront la feuille de route interministérielle sur les questions de la jeunesse.

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