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Election de Macron : quelles sont les attentes des jeunes pour ce second mandat ?

REA MANIFESTATION PRESIDENTIELLE 2022
Les jeunes ont manifesté pendant l'entre-deux-tours pour faire barrage à l'extrême droite. © Eric TSCHAEN/REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 26 avril 2022
7 min

Emmanuel Macron a été réélu, ce dimanche 24 avril. Les 18-24 ans, qui se sont rendu aux urnes, ont majoritairement voté pour lui. Les jeunes expriment néanmoins de fortes attentes pour ce second mandat, notamment des mesures concrètes et rapides pour lutter contre la précarité et le réchauffement climatique. Témoignages.

Le président sortant Emmanuel Macron (LREM), a été réélu ce dimanche 24 avril, avec 58,5% des voix. "Cette ère nouvelle ne sera pas dans la continuité des cinq ans qui s’achèvent mais l’invention collective d’une méthode refondée pour cinq années de mieux au service de notre pays, de notre jeunesse", a-t-il déclaré lors de son discours de victoire.

Adresse du président réélu à la jeunesse : "Un message politique"

Un clin d’œil à la jeunesse qui peine à convaincre. "On a du mal à le croire, c’est hypocrite au vu de ce qu’il a fait sur ces cinq dernières années", relève Antoine*, en master de sociologie à Saclay. Le jeune homme de 24 ans évoque la mise en place de la sélection en master, le SNU (Service National Universel) et la baisse des APL (Aide Personnalisée au Logement). "Et au-delà, il y a aussi ce qu’il n’a pas fait ! Il n’a pas aidé les jeunes pendant les confinements, il a laissé libre cours à la précarité et aux mauvaises conditions d’études".

Un avis partagé par Timothée*, en troisième année à Sciences po Paris. "Vu le quinquennat qu’on vient de vivre, j’ai du mal à croire qu’il fera de la jeunesse sa priorité. C’est un message politique. Je ne pense pas qu’il se soit tout d’un coup rendu compte de l’importance de notre génération et que ça se traduira en acte. Le but, ce n’est pas d’être sympa, mais d’agir tout de suite", enjoint l’étudiant de 20 ans.

Un vote contre l’extrême droite plus que pour Macron

Antoine et Timothée ont voté Macron au second tour, comme 61% des 18-24 ans, selon un sondage Ipsos-Steria. Un vote pour contrer l’extrême droite, car ils sont loin d’être satisfaits de son bilan. "Il y a une désillusion et une colère au sein de la jeunesse de ce pays. D’ailleurs, beaucoup de jeunes n’ont pas voté ou ont voté pour l’extrême droite", pointe Antoine. Le même sondage indique que, sur la tranche d'âge 18-24 ans, l'abstention atteint 41% contre 28% au niveau global.

Jay, 23 ans, a voté blanc. "C’est un vote de contestation, les deux programmes ne m’ont pas du tout convaincu. J’avais confiance dans le fait que les gens feraient barrage contre l’extrême droite", explique le jeune homme.

La jeunesse attend "une vraie action vis-à-vis du climat" du nouveau gouvernement

L’aspect environnemental est crucial pour les jeunes interrogés. Jay plaide pour "plus de débat et d’action sur l’écologie et le réchauffement climatique". "Il faut des mesures comme une taxe écologique et un changement de l’infrastructure publique. Ça fait des années qu’on en parle, il est temps de les mettre en place !", souligne-t-il.

Antoine attend aussi "une vraie action vis-à-vis du climat". "C’est un élément fort pour notre génération. Macron a été condamné deux fois pour inaction climatique". Il attend du président qu’il agisse contre le réchauffement climatique mais aussi qu’il inclut les questions environnementales dans les formations des étudiants.

Lutter contre la précarité étudiante doit être une priorité

La lutte contre la précarité est aussi une priorité. "La pauvreté, présente depuis un moment, a été exacerbée ces derniers temps. Il faut ouvrir le RSA (Revenu de Solidarité Active) aux moins de 25 ans. Mais aussi mettre fin à la hausse des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers. Ces mesures changeraient la vie de tant de jeunes", assure Antoine.
Pour Timothée, il est urgent de remettre en place le repas à un euro pour tous les étudiants, d’engager rapidement une réforme des bourses, de mettre en place un revenu d’autonomie pour les jeunes et de construire des logements sociaux pour les étudiants. "Quand on est étudiant, on n’a pas de revenus. A moins de travailler à côté et d’échouer dans nos études. Cela renforce les inégalités par rapport à ceux qui sont aidés par leurs parents", explique-t-il.

Sur le plus long terme, il attend du chef de l’Etat d’insuffler une "dynamique" sur le marché du travail. "L’Etat continue à regarder les jeunes enchaîner les stages et les contrats précaires. Il faut arrêter de nous dire que si on se donne très fort, ça va aller, car ce n’est pas le cas ! Ça ne va pas se résorber naturellement, c’est la responsabilité de l’Etat de limiter les contrats précaires et de subventionner des emplois dans les secteurs porteurs comme l’écologie, le numérique, le soin aux personnes âgées…", pointe Timothée.

Une mobilisation pour défendre la jeunesse

L’étudiant à Sciences po est pourtant résigné. "On peut être optimiste et se dire que Macron va changer de direction, mais ce n’était pas le sens de sa campagne. Pendant la crise, il a vu que les jeunes étaient à la limite de ce qui est vivable. Il a juste mis en place des mesures ponctuelles pour ne pas que ça explose, comme le repas à un euro qui s’est arrêté pour les étudiants non boursiers. A un moment, il va falloir vraiment changer de cap".

S’il a espoir que les choses changent, il ne s’attend pas à ce que le président prenne naturellement en compte la jeunesse. "Il doit comprendre que notre génération est l’avenir du pays. On va se mobiliser pour le pousser à aider les étudiants. Au moins, avec son élection et non celle de Le Pen, on peut manifester".

*Le prénom a été modifié

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