Reportage

Félix, saisonnier-jardinier au Château de Versailles : "On ne s'ennuie jamais dans un jardin comme ça"

Par Pauline Bluteau, publié le 28 juillet 2023
4 min

VIDÉO. Pendant un mois, Félix, 17 ans, travaille comme saisonnier dans les jardins du Château de Versailles. C'est donc dans un "cadre magnifique" et sous l'œil des visiteurs que le lycéen apprend à tailler les ifs et les buis. Une tâche "pas si difficile" mais qui demande tout de même un brin de concentration…

Clac-clac-cla-clac… C'est la tête dans les buissons que l'on rencontre Félix, cisaille à la main, ce lundi de juillet. Il est un peu plus de 10 heures et le travail a déjà bien avancé. Avec son binôme, Evan, jardinier-paysagiste, le lycéen a taillé son premier if de la journée. Il faut dire que de juin à septembre, l'équipe de jardiniers du parterre de Latone -le parterre central du jardin du Château de Versailles- doit tailler pas moins de 450 arbustes à la main.

Pendant que l'un tient le gabarit jaune -une grande plaque découpée à la forme de l'arbre- pour servir de modèle, le second retire les pousses de la topiaire. "Il ne faut laisser que les pousses les plus foncées au fond, explique Félix. Je ne savais pas le faire en arrivant il y a trois semaines et on m'a appris. Après, je fais ce que je peux. Il y a toujours des grands pour repasser au cas où je fais des bêtises."

Jardinier, un métier où l'on ne s'ennuie pas

Car plus que la technique, c'est la motivation de Félix qui a fait la différence pour obtenir ce job d'été. "Si les saisonniers sont débrouillards, curieux et motivés, alors on peut leur apprendre n'importe quel métier", assure Thibault Montagné, responsable du parterre de Latone, occupé à ramasser les feuilles mortes dans les allées du jardin.

Binage, effleurage, soufflage, désherbage, tonte… Les cinq saisonniers-jardiniers comme Félix sont bien occupés. "On ne s'ennuie jamais dans un jardin grand comme celui-ci. Dès qu'on a fini, on appelle le chef et il nous donne autre chose à faire", s'amuse Félix. Seule la conduite d'engins est proscrite.

Une saison dans "l'impressionnant" jardin du Château de Versailles

Mais ce qui ravie le lycéen, c'est de passer sa journée à l'extérieur. La pluie ou le soleil plombant sont loin d'être une contrainte pour Félix. "C'est sympa parce que ce n'est pas commun. Je ne connaissais pas beaucoup le Château de Versailles et c'est vraiment un cadre magnifique." Au fur et à mesure de la matinée, la taille de l'if avance. Même s'il a l'air très à l'aise, Félix l'avoue, ici, tout l'impressionne même les touristes, toujours très nombreux l'été.

Bien que le lundi soit habituellement plus calme -le Château étant fermé au public-, les visiteurs affluent dans le jardin et les questions fusent. "On nous prend en photos, on nous demande ce qu'on fait, beaucoup s'imagine que tout est fait à la débroussailleuse. Et puis certains touristes nous demandent aussi où ils peuvent trouver de l'eau, les toilettes mais bon, ça je n'y connais rien… s'exclame-t-il, en souriant. Il faut s'adapter aussi parce qu'il y a toutes les langues !".

Un job d'été pour se frotter au monde de l'entreprise

Mais pour Félix, ce job d'été est surtout un véritable apprentissage. Même s'il souhaite poursuivre ses études dans le domaine du commerce après son année de terminale générale, bien loin de la verdure donc, cette première expérience professionnelle est un atout. "Je fais ça pour gagner un petit peu de sous, pour partir en vacances mais aussi pour découvrir, m'instruire et ajouter des expériences à mon CV. Ça m'apprend le monde du travail et la vie en entreprise avec des gens que je ne connaissais pas."

Du côté du responsable du parterre de dix hectares, le recrutement des saisonniers permet aussi de sensibiliser le public aux jardins : "Ils vont peut-être aimer en visiter d'autres et seront amenés à mieux les respecter parce qu'on a beaucoup de dégradations, même à Versailles."

S'il espère en amener certains à se reconvertir, Thibault Montagné aimerait surtout donner une autre image de son métier, loin du cliché des "pousses-tondeuses". "Je vais garder une bonne image du métier de jardinier, ils font vraiment plein de choses", s'enquit Félix qui imagine désormais pourvoir s'occuper des buis de son jardin.

Il est maintenant midi, l'heure de la pause déjeuner. Félix n'aura cette fois pas réussi à tenir son rythme : le deuxième arbuste n'est pas encore complètement taillé. Mais cet après-midi, c'est Evan, son co-équipier qui prend la relève. Félix n'aura plus qu'à tenir le gabarit, légèrement plus reposant, sauf quand il y a du vent… "Les aléas du métier", conclut l'apprenti-jardinier.

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