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Travailler dans la nature et en ville : "L’objectif est de permettre aux citadins de se reconnecter à la terre"

Le secteur de l’agriculture urbaine recrute !
Le secteur de l’agriculture urbaine recrute ! © Melinda Nagy / Adobe stock
Par Valérie François, publié le 08 avril 2024
6 min

Jardinier animateur, maraîcher urbain, conducteur de travaux … Petit à petit de nouveaux métiers émergent en ville. L’offre de formations se structure et le secteur recrute.

Depuis près de dix ans, la campagne s’est propagée sur les toits des immeubles, dans les jardins des résidences, dans les écoles, les hôpitaux, les entreprises, les monuments et dans la rue.

"Le secteur de l’agriculture urbaine a évolué très vite. En cinq ans, la demande a explosé, de nouveaux métiers sont apparus et le secteur est en train de se professionnaliser", explique Charlyne Bezicot, consultante free-lance en agriculture urbaine.

Entre la jardinerie et l'animation

Entreprises, associations, bailleurs, collectivités recherchent des profils qualifiés pour travailler le végétal dans un contexte urbain. Avec une différence notable : la production, qui reste, en ville, assez anecdotique. "Il faut avoir conscience que l’agriculture urbaine ne va pas nourrir la ville. L’objectif est avant tout de permettre aux citadins de se reconnecter à la terre", ajoute Charlyne Bezicot.

C’est pourquoi les métiers de la nature urbaine sont très hybrides, à mi-chemin entre le poste de jardinier paysagiste et l’animateur. A ce titre, l’agriculteur des villes ne travaille pas seul dans son potager. Il doit avoir une fibre sociale.

"Dans ce métier, il faut être à l’aise à l’oral et aimer transmettre. Le jardinage est un support à l’animation", observe Rémy, ingénieur agronome recruté comme animateur jardinier chez Ciel mon radis, l’un des postes les plus recherchés dans le secteur.

Des métiers pour retrouver du sens à son travail

Beaucoup de citadins en reconversion professionnelle rêvent de travailler dans ce secteur. Par ailleurs, de plus en plus de jeunes diplômés se détournent également des voies toute tracées pour privilégier ces métiers qui correspondent plus à leurs valeurs.

C’est le cas de Nicolas, qui a décidé après ses études à l’école nationale supérieure de paysage Versailles-Marseille d’orienter ses recherches dans ce domaine, en ciblant plus particulièrement les collectivités.

"Les études de paysage mènent plutôt à des postes en bureau d’étude mais j’avais envie d’œuvrer de manière concrète pour le bien public", explique le jeune chef de projet en agriculture urbaine à la mairie de Saint-Fons (69).

"J’ai démarré comme chargé de suivi de jardins partagés et de plantation citoyenne à la mairie de Villeurbanne (69). Pour évoluer, je suis parti à la mairie de Saint-Fons comme chef de projet en agriculture urbaine. Ma mission est de mettre en place les projets de nature en ville initiés par les élus", poursuit-il.

Peu de formations dédiées

A l’heure actuelle, peu de cursus de paysage ou d’agronomie ont déjà inclus cette spécialité dans leur cursus. Seules quelques formations dédiées ont ouvert comme la licence pro agriculture urbaine et péri-urbaine à Nantes (44), la licence pro aménagement paysager parcours éco-paysage végétale urbain de l’école Dubreuil ou le master ingénierie des espaces végétalisés urbains d’agro campus ouest.

Pour pallier le manque de candidats formés, les recruteurs cherchent aussi des profils curieux, passionnés, un peu touche à tout qui ont appris en dehors du cadre scolaire.

C’est le cas de François qui, titulaire d’un diplôme de paysagiste-concepteur, a été recruté comme conducteur de travaux chez Ciel mon radis grâce à son expérience personnelle : "Ce qui est important c’est d’aimer le vivant. A titre personnel, je suis aussi président d’un jardin partagé à côté de chez moi", raconte-t-il.

Faire des stages pour découvrir les métiers

"Faites des stages, du wwoofing, du bénévolat dans les fermes urbaines et les potagers urbains en toutes saisons. Pas uniquement en été ! De nombreuses entreprises et associations recrutent des stagiaires. C’est un bon moyen de voir si vous êtes fait pour ces métiers qui sont parfois un peu trop idéalisés", conseille de son côté Charlyne Bezicot.

Jardinier, maraîcher urbain, conducteurs de travaux… tous ces métiers sont physiques. "On travaille dans le vent, par tous les temps, debout pendant des heures. Il faut aussi faire beaucoup de déplacements et même en ville, rien n’est forcément très proche", avertit-elle.

Des salaires encore bas

Enfin, la question des salaires reste un sujet délicat. Canelle, jeune maraîchère urbaine de 26 ans embauchée chez Culture en ville a dû retourner chez ses parents pour vivre de sa passion. "Pour l’instant, cela me convient. J’adore ce que je fais et je me sens heureuse en allant travailler", se réjouit-elle.

"Les entreprises sont conscientes que les salaires sont bas. Cependant, il y a peu de turn-over lié au salaire car les salariés se retrouvent dans les valeurs de l’entreprise, dans le cadre de travail intérieur et extérieur, dans l’ambiance…", assure Marie Fiers, coordinatrice de projets à l’AFAUP (Association française d'agriculture urbaine professionnelle).

Depuis peu, des perspectives d’évolution existent au sein des entreprises qui grandissent vite. Ainsi, Rémy espère passer d’animateur jardinier à conducteur de travaux d’ici quelques années. "L’entreprise a pour objectif de passer de la création et l’entretien de 30 à 100 potagers urbains en 2026. Ils vont devoir recruter mais aussi faire évoluer leurs salariés", assure-t-il.

Pour en savoir plus sur les métiers et les formations de l’agriculture urbaine :

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