Enquête

Métiers exposés, métiers vulnérables : comment la crise du coronavirus impacte votre travail

Les salons de coiffure ont été touchés de plein fouet par la crise du Covid-19.
Les salons de coiffure ont été touchés de plein fouet par la crise du Covid-19. © Monkey Business / Adobe Stock
Par Etienne Gless, publié le 22 mai 2020
7 min

Personnel en première ligne face au risque sanitaire, salariés travaillant au contact de la clientèle, employés en chômage partiel, salariés en télétravail exposés au surmenage… En cette période de crise, à chaque type de métier sa vulnérabilité !

Personnel soignant exposé au risque épidémique, salariés du commerce alimentaire face au contact avec la clientèle, travailleurs mis en chômage partiel, employés en télétravail exposés au risque de surmenage... La crise sanitaire et l’arrêt de nombreuses activités économiques ont révélé la vulnérabilité des métiers.

France Stratégie, un organisme qui dépend du Premier ministre, a mené une enquête intitulée "Les métiers au temps du corona" et identifié cinq catégories de métiers exposés à différents types de vulnérabilités : risque épidémique, risque économique, contrat précaire, charge mentale… En fait, quel que soit votre métier ou futur métier, il comporte sa part de risques.

1. Exposés : les métiers du "front" ou ceux dont l’activité est prioritaire

Médecins, infirmiers, pharmaciens, aides-soignants, auxiliaires de vie… Les métiers de la santé ont été et sont encore en première ligne face à l’épidémie. Y compris les étudiants en médecine ou en soins infirmiers mobilisés pour affronter la vague d’épidémie de Covid-19 depuis mi-mars. Applaudis chaque soir aux fenêtres comme des héros, les personnels soignants s’exposent directement aux malades et à l’épidémie. Ils exercent dans des conditions importantes de stress, selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne soignante sur 13 serait infectée par le virus.

Également "au front" dans la guerre contre le virus, mais moins directement exposés, les professionnels dont l’activité a été jugée prioritaire pendant les 55 jours de confinement : ce sont les métiers de l’alimentaire (fabrication, distribution…) mais aussi les métiers de la propreté. Il faut y ajouter les professions dites régaliennes qui s'exercent dans l’armée, la police, les pompiers.

Dans une certaine mesure il y a également les métiers de l’éducation : beaucoup d’enseignants ont poursuivi leurs cours à distance mais certains étaient aussi sur le front pour faire classe aux enfants de personnels soignants. Tous ces métiers sont peu vulnérables sur le plan économique mais sont soumis à un risque infectieux du fait du contact avec le public pour les trois quarts d’entre eux. Selon France Stratégie, ces métiers représentent 10,4 millions d’emplois.

2. Les métiers vulnérables depuis la crise

Hôtellerie-restauration, services aux particuliers, métiers de l’art, de la culture ou du sport… Tous ces métiers s’exercent au contact du public mais ils ont été stoppés net en raison du confinement du 16 mars au 11 mai. Certains sont encore à l’arrêt complet jusqu’au moins au 2 juin, à l’instar des cafés-restaurants, même si beaucoup ont pu redémarrer lentement leur activité à partir du 11 mai, à l’image des métiers de la coiffure ou des commerces non essentiels.

Tous ces métiers affrontent une crise inédite. France Stratégie les appelle les "nouveaux vulnérables", ils représenteraient 4,3 millions d'emplois. Leurs activités ont été interrompues et reprennent au ralenti. De plus, leur statut est fragile pour près d’un tiers d’entre eux (31%) : ils exercent soit avec un contrat de travail non permanent (CDD, intérim…) ou sous statut d’indépendant. Très vulnérables financièrement, la sortie progressive du confinement est surtout synonyme pour eux d’incertitude quant à leur avenir économique.

3. Les métiers en télétravail : plus exposés au burn out qu’au virus !

Les employeurs ont été invités par les pouvoirs publics à poursuivre au maximum le télétravail pour les métiers qui le permettent afin de ne pas engorger les transports publics et permettent le maintien de la distanciation physique entre les individus. Ces quelques 3,9 millions de télétravailleurs, principalement des cadres, sont exposés à un risque de surmenage du fait de l’hyperconnectivité : ils passent trop de temps derrière l’ordi sur Teams, Zoom, Skype, Whatsapp ou Jitsi Meet pour suivre des réunions en ligne avec les collègues et la hiérarchie.

Il s’agit de maintenir l’entreprise en état de marche, même à distance, et de préparer la reprise. Mais déjà soumis à une forte intensité de travail en temps normal, leur charge mentale grimpe en flèche à domicile. D’autant plus qu’il faut aussi concilier vie professionnelle et vie privée : préparation des repas, gestion des enfants… Et sur ce point, la période de confinement n’a semble-t-il pas fait beaucoup évoluer la gestion des tâches ménagères : les femmes étant toujours en première ligne pour ces dernières ou l’éducation des enfants.

4. Des métiers déjà vulnérables avant la crise

Artisans

, ouvriers du bâtiment et de l’industrie…De longue date, leurs conditions de vie et de travail s’avèrent difficiles. Ces travailleurs, France Stratégie les a baptisés les "vulnérables de toujours". 4,2 millions de personnes cumulent l'impossibilité de travailler à distance avec un statut souvent précaire.

En effet près d’un sur cinq exerce son métier en contrat à durée déterminée ou en intérim. Il s'agit en majorité d'hommes (77%). Parmi les métiers les plus vulnérables économiquement, l'organisme a placé les techniciens et agents de maîtrise de industries mécaniques, les artisans ou les ouvriers peu qualifiés de la manutention (cf. infographie ci-dessous).

5. Des métiers avec risque d’isolement

France Stratégie a identifié une dernière catégorie de métiers relativement protégés du risque de licenciement à court terme du fait de leur statut de salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) ou de fonctionnaire. "Mais leur difficulté à télétravailler les expose à des risques d'éloignement de la sphère professionnelle et de désocialisation", estime l’organisme de prospective.

Il s’agit principalement de personnes exerçant une profession intermédiaire ou d’employés qualifiés : métiers administratifs de la fonction publique, employés de banque, salariés du secteur de la comptabilité, techniciens de l’informatique, techniciens de maintenance, métiers du secrétariat, attachés commerciaux... Ils représentent 4 millions d’emplois. Mis en chômage partiel car difficile à exercer en télétravail, ces métiers exposent ceux qui les exercent à un risque d’isolement. Pour eux, il est urgent de retrouver leur travail au bureau "en présentiel" comme dans "le monde d'avant".

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