Décryptage

Construire son CV pour travailler dans le luxe : quels stages privilégier ?

Garçon réflexion au café
Allez-vous envoyer votre candidature à un grand groupe, une petite maison, une agence de pub travaillant avec des marques de luxe ? © plainpicture/Westend61/Rainer Berg
Par Anne-Laure Robert, publié le 22 octobre 2016
1 min

Dans le secteur du luxe, les stages sont souvent l'un des meilleurs moyens de trouver du travail. Pour accumuler de l'expérience et commencer à constituer votre réseau, où vaut-il mieux faire vos premières armes : dans un grand groupe ou une petite structure ? Au poste que vous visez ou dans d'autres domaines ? Réponses extraites du guide “Les Métiers du luxe” d'Anne-Laure Robert.

Vaut-il mieux viser un grand groupe ou une maison indépendante ?

Pour les ambitieux, viser un grand groupe est une bonne solution. Une fois entré dans le “réseau interne”, les ressources humaines gardent un œil sur votre profil si vous avez réussi votre premier stage. Vous aurez ainsi plus facilement accès à des opportunités par la suite. Dans une maison indépendante, de taille inférieure, on vous confiera peut-être plus de responsabilités.

Les responsables des ressources humaines participent généralement aux jurys de sélection des écoles. Dès cette étape, ils essaient de déceler qui seront leurs futurs stagiaires en fin d'année et à quel poste ils pourront les faire évoluer. “Dans nos promotions, entre 60 % et 80 % des étudiants effectuent leur stage dans une des maisons du groupe LVMH”, explique Sonja Prokopec, responsable de la chaire LVMH à l'ESSEC.

Commencer par travailler dans un grand groupe peut être très impressionnant pour un jeune diplômé car il se retrouve face à une masse conséquente de nouvelles têtes, de nouveaux logiciels ou encore de nouveaux process à intégrer. Et tout ceci à un rythme soutenu. Mais l'avantage c'est qu'après cela, l'adaptation dans de plus petites structures semblera plus facile ! “C'est bien de commencer dans un grand groupe même s'il y a beaucoup de pression, beaucoup de réunions, de prises de parole en public, etc., c'est très formateur. Les responsables des ressources humaines sont très présents, ils suivent les stagiaires et proposent des formations pour compléter si nécessaire”, affirme Marie-Sabine Leclercq, directrice internationale de la communication chez Lanvin.

À lire aussi : Quels sont vos droits et devoirs en stage ? Le vrai/faux

En vous adressant à une maison indépendante, vous aurez peut-être d'emblée plus de responsabilités et d'autonomie et vous toucherez sûrement à plus de domaines. Mais il est généralement plus formateur de passer d'un grand groupe du CAC 40 à une maison moins importante que l'inverse.

À mots choisis, Hermès conseille aux plus jeunes d'aller un peu rouler leur bosse avant de tenter d'intégrer cette maison. “Hermès accueille chaque année de nombreux stagiaires dans l'ensemble de nos métiers : développement produit, développement commercial, vente, production, juridique, finance, ressources humaines, communication et digital, supply chain, achats… Nous invitons ceux qui souhaitent nous rejoindre à découvrir le monde, à s'enrichir des cultures d'autres pays, d'autres langues et d'autres entreprises avant de rejoindre Hermès et d'apprécier toute la singularité de notre culture et enrichir notre mosaïque. Et surtout, de rejoindre Hermès pour de bonnes raisons, pour le poste et le projet professionnel et non pour le ‘luxe’”, insiste Augustin de Champeaux, DRH Groupe Hermès International.

Ceux qui ont soif d'entreprendre peuvent aussi aller frapper à la porte de PME qui possèdent des savoir-faire mais manquent de compétences en gestion et en management.

“Si vous êtes un passionné, avec une âme d'entrepreneur, prenez le temps d'aller sillonner la France. Nous possédons des savoir-faire innombrables qui ne demandent qu'à croiser la route de jeunes gestionnaires débordant d'énergie. Cela représente de formidables opportunités”, estime Élisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert.

Ne vous focalisez pas uniquement sur le luxe

Les avis ne sont pas unanimes, mais une majorité s'accorde tout de même pour dire qu'il ne faut pas forcément effectuer l'intégralité de ses stages dans des maisons de luxe. Il peut être judicieux de faire un stage au poste que l'on souhaite occuper dans le luxe mais dans un autre secteur.

“Certains DRH de grandes maisons vont rechercher des talents dans d'autres secteurs comme un spécialiste de la logistique dans l'automobile ou un pro du développement durable chez Veolia, par exemple. Ils recherchent de réelles expertises. Donc soyez passionné et excellent dans votre activité, vous mettrez ainsi toutes les chances de votre côté pour intégrer l'une de ces maisons”, conseille Élisabeth Ponsolle des Portes.

Une incursion dans un autre secteur pourra également être un moyen de se démarquer et d'apporter une expérience supplémentaire dans son domaine de compétence.

Le luxe est le secteur de l'exigence par définition. Ainsi, logiquement, les maisons cherchent à recruter les meilleurs spécialistes dans chacune des disciplines. Quitte à aller les chercher dans d'autres secteurs. Il est donc parfois préférable d'aller acquérir une expérience dans le secteur où elle est la plus réputée. Même s'il faut aller à l'opposé du luxe… dans la grande distribution, dans les grands groupes de consommation ou “lessiviers”, comme Procter & Gamble pour ne citer que le plus grand.

Un passage par le service de communication d'une ambassade ? Six mois d'expérience dans l'événementiel lié à l'art contemporain ? Loin de vous desservir, ces expériences témoignent d'une ouverture d'esprit qui cadre bien avec les profils recherchés dans le luxe.

Explorez différentes fonctions

En sortant d'une école de commerce, on peut choisir des stages à des fonctions autres que celle à laquelle on se destine. Par exemple, dans une agence de publicité, de communication ou de relations presse travaillant avec des marques de luxe. Il est toujours formateur de voir ce qu'il se passe de l'autre côté du miroir. Le dialogue sera ensuite plus facile lorsque vous serez amené à travailler avec des personnes de ce milieu : vous comprendrez mieux leurs contraintes et leurs objectifs.

Un bon moyen de valider votre projet professionnel

Effectuer des stages à d'autres fonctions que celle que l'on vise peut aussi s'avérer salvateur lorsque l'on n'est pas encore sûr à 100 % de sa vocation. “En toute logique, après mon école de commerce, je m'étais orientée vers un stage de contrôle de gestion chez Tommy Hilfiger. Ces quatre mois ont suffi pour que je réalise que je n'étais pas au bon endroit. J'avais choisi le secteur du luxe pour travailler autour du produit. Là, je passais mon temps à analyser des chiffres, j'aurais pu faire exactement le même travail dans n'importe quelle société de n'importe quel domaine. Pour mon stage de fin d'études, j'ai donc cherché une expérience différente, sur le terrain. Je suis entrée au showroom parisien d'une grande marque italienne. Cela m'a confirmé que j'aime le contact avec le produit”, explique Marianne, 27 ans, assistante commerciale et ancienne étudiante de Sup de luxe.

N'ayez pas peur de diversifier les expériences

Il est naturel de prétendre à un poste d'encadrement si vous sortez diplômé d'une grande école de commerce et de management, mais il est tout aussi normal d'apprendre à connaître le quotidien des équipes que vous serez amené à diriger et celui des autres fonctions avec lesquelles vous devrez collaborer.

Pensez au retail en priorité. Comme Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de luxe, le souligne, tous les cadres des grandes marques de luxe commencent par une sorte de tournée des points de vente. Bernard Arnault, le patron de LVMH, se déplace lui-même régulièrement dans les boutiques pour observer. Alors, ne dédaignez surtout pas le retail, il est au cœur du système. En réalisant des stages en vente, vous gagnerez sûrement un temps précieux si vous êtes ambitieux.

L'événementiel peut aussi s'avérer utile. “Cela apprend à être très réactif et aussi très précis dans ses consignes et ses prévisions de budgets. Il faut aussi avoir 1.000 idées à la seconde”, conseille Marianne.

Mathieu, 34 ans, ex-retail operation manager pour un célèbre joaillier entre 2012 et 2015, a pour sa part opté pour… le journalisme. “J'ai travaillé pour le site abc-luxe.com car c'était un bon poste pour faire de la veille sur le secteur et constituer mon réseau”, témoigne-t‑il.

Sabine Salats, fondatrice et dirigeante de son cabinet de recrutement, Sabine Salats Conseil, estime que “le besoin de spécialisation dans le secteur du luxe a une importance différente en fonction de son métier. Il sera plus important dans le marketing ou le commercial que dans la production ou les métiers d'ingénieur”.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
“Les Métiers du luxe”,
par Anne-Laure Robert.

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