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Portrait

Comment je suis devenu coach sportif

Teddy jongle entre deux jobs en attendant peut-être de devenir coach sportif à temps plein.
Teddy jongle entre deux jobs en attendant peut-être de devenir coach sportif à temps plein. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 13 février 2020
7 min

Une licence universitaire en poche, et beaucoup de lectures spécialisées au compteur, Teddy, 30 ans dans quelques jours, entraîne ses clients à domicile et à la carte. Il est coach sportif.

7 heures du matin, dans un parc parisien. Teddy et son client, un sexagénaire de 64 ans démarrent leur séance d’entraînement. Echauffement, fitness, renforcement musculaire, boxe… En trois ans, l’homme, qui n’avait jamais fait de sport de sa vie, est devenu un fidèle de Teddy et de sa méthode de coaching. "Fier de sa progression", ce dernier, qui va enchaîner les rendez-vous avant et après son job "régulier", finira sa journée vers 22 h 30, comme c’est le cas six jours sur sept.

"Elève calme", au collège Carnot d’Argenteuil (95), Teddy a longtemps connu des notes en dents de scie. C’est seulement après avoir redoublé sa 4ème que ses résultats ont connu une amélioration. "Littéraire et nul en matières scientifiques", il excelle en sport : "dès mes dix ans, j'ai pratiqué le handball dans un club local et j’ai testé pas mal de disciplines, comme le foot et la natation, en marge de l’EPS à l’école".

La licence STAPS comme fil conducteur

En seconde, au lycée privé Notre-Dame-de-Providence à Enghien (95), où il a demandé à ses parents de l’inscrire pour "ne pas mal tourner", Teddy reste un élève "moyen". La section sport-étude le tente, mais sa mère, craignant qu’elle ne lui ferme des portes, l’en dissuade.
"Ne sachant pas trop où aller, j’ai opté pour un bac ES, puis je me suis dirigé vers une licence STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives)", explique le jeune homme intéressé par l’organisation de projets sportifs, dans l’évènementiel. Déçu par le système de l’école privée, située à Cergy-Pontoise (95), où il effectue sa première année, il décide de revenir dans le public, par le biais de l'université de Nanterre (92).

Anatomie, biomécanique, ou encore physiologie et l'enseignement théorique de différents sports comme la boxe et le badminton, le passionnent, ainsi que l’option managériale : "communication, comptabilité, gestion, cours d’apprentissage cognitifs et moteurs, sans oublier la pratique de certains sports. Beaucoup s’imaginent qu’en intégrant une licence de STAPS, ils vont jouer à la 'ba-balle' toute la journée. C’est un leurre ! La filière est difficile et il faut bosser dur", affirme Teddy.
Sans surprise, les notions managériales et de fitness sont approfondies lors de la 3ème année, où l’on enseigne aussi aux étudiants à gérer des cours collectifs.

L’entrée dans la vie active après un passage à vide

Sa licence en poche, il décide de poursuivre avec un master.

Mais des problèmes personnels, et un stage "déprimant" dans un club de sport de Franconville (95) le détournent de ses objectifs. "J’ai perdu la foi, je me suis dit que le monde professionnel des projets sportifs était un circuit fermé et inaccessible", témoigne-t-il.

Un "décrochage" en règles, qui le fait chercher un travail sans rapport avec sa formation. Après avoir suivi une formation d’un mois dans un organisme privé, il est embauché à plein temps comme agent de sécurité à RTL : "Le milieu m’a plu, même si j’avais bien conscience de devoir rester à ma place, c’est-à-dire, à la porte de la station", dit-il.

De la culture physique au coaching empirique

Pour pallier les frustrations de son nouveau job, Teddy se jette à fond dans le fitness, la musculation et une diététique à toute épreuve. "Même au cours de mes études, je ne m’étais pas intéressé d’aussi près à la diététique ni au fitness ! J’ai lu énormément de livres et de publications scientifiques sur le sujet, de quoi soutenir une thèse", s’amuse Teddy. Il s'entraîne six jours sur sept et au minimum, deux heures par jour.
Rapidement, son corps se transforme et ceux qui l’entourent, dans le milieu sportif ou dans l’univers de la radio où il travaille, sollicitent ses conseils. "C’est comme ça que ma première cliente est venue à moi. Venant d’accoucher, elle avait besoin de perdre du poids et m’a demandée de la coacher à domicile. J’étais perplexe mais je me suis lancé".
En quelques mois à peine, la méthode de Teddy fait ses preuves : une dizaine de kilos envolés et une forme olympique pour la trentenaire ! Peu après, c’est une amie, propriétaire d’une salle de sport parisienne, qui l’embauche, pour quelques heures hebdomadaires.

Coach sportif : un métier qui repousse les limites

De fil en aiguille, Teddy, qui a adopté le statut d’auto-entrepreneur, se constitue une clientèle fidèle. "J’ai gardé mon job d’agent de sécurité pour… la sécurité, justement ! Et j’arrive à consacrer environ dix heures par semaine en plus à mes clients", affirme-t-il.

Particulièrement flexible au niveau des horaires, "la vraie contrainte de ce job", il est conscient de l’impact psychologique qu’il peut avoir sur sa clientèle : "Quand j’arrive chez une personne, même à 7 heures, je dois tout donner. Mon devoir, c’est d’être un élément motivateur. Je suis là aussi pour leur faire cracher leur stress, et les accompagner à des moments où ils se sentent vulnérables : ils transpirent, ils ne sont pas à leur avantage… la seule chose qui compte, c’est qu’eux et moi, on soit dans un objectif commun : y arriver !", déclare Teddy, souriant et confiant. Sa plus belle prime ? "M’entendre dire que je suis leur rayon de soleil de la journée !"

Teddy Gardais en 6 dates
17 février 1990 : Naissance à Argenteuil (95)
Juillet 2009 : Bac ES
Octobre 2010 : Entre en 2ème année de licence STAPS à l’université de Nanterre (92)
Juin 2013 : Décroche son diplôme de licence
Mars 2016 : Il coache sa première cliente privée
Mars 2017 : Embauché à Unity Factory, à Paris (6ème)
Formation :

Il y a deux filières possibles :
- Avec ou sans le bac, vous pouvez passer le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et sport, spécialités activités gymniques, de la forme et de la force (BPJEPS AGFF)
- La licence, voire le master STAPS à l'université.

Salaire : Il est variable en fonction du nombre d’heures. Les tarifs d’un coach sportif varient de 50 à 100 € de l’heure.

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