Décryptage

Plateforme Mon Master : l'enjeu d'ouvrir plus de places dans les formations

De nombreux masters sont saturés de demandes quand d'autres peinent à remplir...
De nombreux masters sont saturés de demandes quand d'autres peinent à remplir... © Skynesher/iStock
Par Camille Jourdan, publié le 25 janvier 2024
4 min

Les organisations étudiantes réclament l’ouverture de 30.000 à 40.000 places supplémentaires en première année de master à l’université, en priorité dans les filières en tension, comme droit, psychologie, STAPS ou encore SVT. En effet, de trop nombreux étudiants titulaires d’une licence ne peuvent pas poursuivre leurs études comme ils le souhaiteraient.

Malgré les 185.000 places offertes via la plateforme Mon Master en 2023, certains étudiants se trouvent toujours sans formation. En cause : une inadéquation entre leurs demandes et les places disponibles.

Un étudiant en droit ne souhaite pas forcément poursuivre en master de langues, comme un diplômé de Strasbourg ne veut pas – ou ne peut pas – nécessairement continuer ses études à Paris. Dans ce contexte, certaines filières sont particulièrement en tension, d’autant plus dans certaines universités : "A Lyon 3, nous avons reçu 30.100 demandes pour intégrer un master de droit, pour 1.100 places", témoigne Olivier Gout, doyen de cette faculté.

A Aix-Marseille, Julien Giannucci parle de "515 dossiers pour 30 places", dans son master management du sport.

A l’inverse, certaines mentions ne font pas le plein. Mais pour Loup Bensoam, fondateur de la plateforme "Vite Mon Master", "il est impossible d’avoir une adéquation parfaite entre les demandes des étudiants et les places ouvertes. Il faut donc que le nombre de places soit supérieur au nombre de candidats."

Des masters qui doivent conduire une insertion professionnelle

"Le risque est de sortir des diplômés qui n’auront pas de travail", s’inquiète Gaëtan Guerlin, assesseur master à la faculté de droit de Lille. Comme Julien Giannucci en STAPS, il craint que l’insertion professionnelle de certaines filières ne soit pas suffisante si un trop grand nombre de places supplémentaires étaient ouvertes.

"A l’Union Etudiante, nous sommes opposés à cette vision adéquationniste, s’insurge Eléonore Schmitt, porte-parole du jeune syndicat. Cela risque de créer une distinction entre les grandes universités d’un côté, et les universités de proximité, plus petites, de l’autre, restreintes à des formations professionnalisantes, répondant à leur bassin d’emploi. Or, les étudiants devraient pouvoir s’émanciper dans la filière de leur choix."

Selon elle, ce raisonnement conduit déjà à la fermeture de certaines filières, dites moins attractives ou répondant moins au monde économique. "Il y a un besoin social de former dans les filières aujourd’hui en tension, ajoute Loup Bensoam, il appartient aussi à l’Etat d’investir dans celles-ci, pour créer des débouchés."

Augmenter les moyens des universités pour ouvrir des places en master

"En droit privé, nous pourrions accueillir plus, mais nous manquons de moyens financiers, administratifs et humains", constate Gaëtan Guerlin. C’est pourquoi les organisations étudiantes appellent à des investissements massifs dans l’université, afin de garantir de bonnes capacités d’accueil.

Parmi les étudiants sans place en master, certains ont les moyens de se tourner vers des écoles privées, mais d’autres non. D’autres encore se font leurrer par des formations de moindre qualité, délivrant des diplômes de bac+5 très peu reconnus. D’autres, enfin, se voient contraints d’arrêter leurs études. Or, "la licence n’est pas un diplôme qualifiant dans le monde du travail", observe Arthur Sabatier, délégué général de l’Unef.

Vous souhaitez définir votre projet d’orientation ? Rendez-vous au Salon de l’Etudiant près de chez vous et trouvez votre formation ! J’y vais.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !