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Après de fortes mobilisations, trois millions d'euros d'aides débloquées pour les écoles d'architecture

Les étudiants en écoles d'architecture manifestent depuis plusieurs mois pour dénoncer le manque de moyens.
Les étudiants en écoles d'architecture manifestent depuis plusieurs mois pour dénoncer le manque de moyens. © MARTIN BARZILAI/HAYTHAM-REA
Par Pauline Bluteau, publié le 21 avril 2023
5 min

Depuis des mois, mobilisations et manifestations d'étudiants se sont succédé dans les écoles d'architecture pour dénoncer le manque de moyens. Après l'annonce d'une aide d'urgence pour les écoles d'art, la ministre de la Culture débloque également une enveloppe de trois millions d'euros pour les écoles d'architecture.

Les protestations ne faisaient que croître depuis septembre dernier. Dénonçant notamment des situations de précarité et le manque de moyens financiers de leurs écoles, les étudiants en architecture ont maintenu la pression des mobilisations partout dans les 20 ENSA (écoles nationales supérieures d'architecture).
Résultat : la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, vient d'annoncer, ce vendredi 21 avril, une enveloppe budgétaire de trois millions d'euros consacrée à la vie étudiante.

Une aide immédiate qui doit bénéficier directement aux étudiants

Dans une lettre adressée aux étudiants en école d'architecture, et que l'Etudiant a pu consulter, la ministre a justifié le déblocage de ce fonds qui sera consacré "en particulier aux projets pédagogiques dont les coûts peuvent représenter un poids important et créer des inégalités entre étudiants".

Manque de place, bâtiments inadaptés, matériel et matériaux aux frais des étudiants

… Les besoins sont criants. Depuis le 6 février dernier, l'ENSA de Rouen était d'ailleurs entrée en grève puis d'autres se sont ralliées au mouvement "Ensa en lutte" pour déposer à leur tour un préavis de grève le 14 avril dernier.

Pourtant, comme le rappelle la ministre : une augmentation des moyens de 20% avaient été alloués à l'enseignement de l'architecture à la rentrée dernière, en plus des "57 millions d'euros du plan de relance investis dans la rénovation de vos écoles." "J'ai bien conscience que ces efforts n'ont pas encore répondu à l'ensemble des difficultés rencontrées", poursuit Rima Abdul Malak qui entend prioriser les dépenses : "Résoudre les situations les plus urgentes comme à Grenoble, créer une offre de restauration comme à Clermont-Ferrand ou trouver des solutions de relocalisation comme à Paris-La Villette."

Une vigilance autour de la culture de la charrette

Le bien-être des étudiants a également été remis en avant avec une volonté d'approfondir les réflexions "sur vos rythmes de travail" et de lutte contre les violences et le harcèlement sexiste et sexuel (VHSS). "J'ai décidé de rendre obligatoire la formation VHSS de tous les personnels, enseignants comme administratifs" dès la rentrée 2023.

Les étudiants en architecture sont toujours confrontés à la culture de la charrette : une "pédagogie" qui implique un travail incessant, jusqu'à l'épuisement. Un enseignement déjà dénoncé depuis des années et qui était déjà sur la table du ministère de la Culture et de l'Enseignement supérieur avec un plan d'actions publié en mars 2022.

Les rémunérations des enseignants-chercheurs réévaluées

Outre les étudiants en architecture, le fonds d'urgence concerne également leurs enseignants-chercheurs. Leurs rémunérations, ainsi que celles des doctorants en architecture, devront être "alignées sur celles de leurs homologues des universités".

Des postes vont également être créés pour la rentrée 2023 : cinq pour les enseignants-chercheurs et dix emplois administratifs. "Ce sont donc au total 25 nouveaux emplois en 2022 et 2023, soit l'équivalent d'au moins un poste par école pour répondre aux besoins urgents et permettre à chacune et chacun d'exercer son métier plus sereinement", précise la ministre de la Culture.

Les écoles d'art également concernées par un fonds d'urgence

La ministre annonce également la tenue d'une concertation "en vue de relancer la stratégie nationale pour l'architecture" où les étudiants seront associés afin d'établir les enjeux de demain, notamment en termes d'écologie et d'environnement.

Toutes ces annonces font plus ou moins écho aux mesures prises pour les écoles publiques supérieures d'art. Le 28 mars dernier, la ministre de la Culture avait précisé une aide d'urgence de deux millions d'euros pour les 33 écoles territoriales publiques. Le manque de moyens humains et financiers et l'impression de ne pas pouvoir mener un enseignement de qualité pour les étudiants avait été largement dénoncé depuis l'automne dernier. Plusieurs écoles d'art sont toujours dans des situations critiques et menacent de fermer.

Ecoles d'art et d'architecture ont donc décidé de mener le combat ensemble, une technique qui semble porter ses fruits même si les efforts du ministère ne sont pas toujours à la hauteur des espérances.

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