Témoignage

Les étudiants ont la parole : conseilleriez-vous le DNMADE ?

Cinq ans après sa mise en place, le DNMADE n'a pas encore conquis tous ses étudiants.
Cinq ans après sa mise en place, le DNMADE n'a pas encore conquis tous ses étudiants. © Rudzhan / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 01 mars 2023
7 min

Beaucoup critiquée depuis sa mise en place en 2018, cette formation artistique aurait peut-être plus d'atouts qu'on le pense. Étudiants en DNMADE Objet, Evénement, Matériaux, Graphisme et Innovation sociale, ils ont donné leur avis pour recommander, ou non, leur diplôme.

Le DNMADE (diplôme national des métiers d'art et de design) reste un diplôme assez nouveau. Successeur des MANAA (mise à niveau en arts appliqués) et des BTS Arts appliqués depuis 2018, cette formation a encore besoin de faire ses preuves. Les premières promotions d'étudiants en DNMADE ont, dès le départ, été plutôt sévères vis-à-vis du diplôme qui manquait d'organisation.

Cinq ans après, avec un peu de recul, les avis semblent moins tranchés. Pour conseiller, ou non, le DNMADE, les étudiants ont laissé leurs appréciations…

Une première année de mise à niveau pour tous les étudiants : plutôt satisfaisant

Le DNMADE est ouvert à tous les profils : en règle générale, il y autant de bacheliers technologiques (STD2A) que généraux (toutes spécialités confondues) qui y sont admis, parfois quelques bacheliers professionnels. "La première année ressemble à une mise à niveau en art, explique Eline, 21 ans, diplômée du DNMADE Matériaux au lycée Vauban à Brest (29). Pour moi, venant d'un bac S, c'était super, on découvre, on expérimente."

Même constat pour Maud, 20 ans, actuellement en troisième année de DNMADE Innovation sociale au lycée Le Corbusier à Illkirch-Graffenstaden (67) : "En début d'année, les bacs technos sont blasés, alors que nous, les bacheliers généraux, on court derrière eux pour rattraper notre retard mais le fossé s'estompe assez rapidement." Il s'agirait de l'affaire de quelques semaines seulement, la diversité des profils est plutôt appréciée dans ces promotions de dix à quinze élèves.

Des cours qui ressemblent à ceux du lycée : quelques lacunes

Les cours en DNMADE ne sont d'ailleurs pas très éloignés de ceux que l'on retrouve au lycée : du français, de la philosophie, de l'anglais, de la technologie ou du numérique, de l'histoire de l'art, de l'éco-gestion et de la physique-chimie. De quoi rassurer, même s'il semble y avoir quelques incompréhensions sur l'intérêt de certaines matières.

Certains étudiants comme Théo, 21 ans, diplômé du DNMADE Évènement au lycée Georges Brassens à Evry-Courcouronnes (91), s'interroge sur l'intérêt de continuer les sciences. Ce qui, au contraire, a été bénéfique, voire même indispensable, pour d'autres étudiants afin de comprendre les techniques, l'utilisation des matériaux… "On ne fait pas du tout la même chose qu'au lycée", estime Eline, pour qui les cours sont plus instructifs car en lien avec l'art et son parcours.

Mention spéciale pour l'économie-gestion qui fait l'unanimité : les étudiants apprennent à gérer une entreprise, sont initiés au droit du travail, savent présenter des factures, fixent des prix… un atout pour les préparer au monde professionnel.

Théorie et pratique en DNMADE : peut mieux faire

Pauline, 19 ans, étudiante en deuxième année de DNMADE Graphisme au lycée Saint- Étienne à Cahors (46), a tout de même vu une vraie différence avec la terminale : "Notre emploi du temps change toutes les semaines, les cours sont répartis en modules et on fonctionne en mode projet", résume-t-elle.

La pratique est certainement ce qui plait le plus aux étudiants et pourtant, ce n'est pas la partie la plus facile à gérer. La plupart des DNMADE consacre plusieurs heures, voire une demi-journée ou une journée entière au travail en atelier. Les étudiants y réalisent leurs projets – de plus en plus nombreux et approfondis au fur et à mesure du cursus – en toute autonomie.

Parmi les étudiants, il y a bel et bien deux équipes : ceux qui estiment que la pratique est insuffisante en DNMADE et ceux qui apprécient d'en avoir autant que la théorie. "On a appris des techniques mais rien en profondeur, on acquiert des bases", admet Oriane, 22 ans, diplômé du DNMADE Graphisme au lycée Image et Son d'Angoulême (16).

La troisième année, consacrée à la rédaction d'un mémoire et la réalisation d'un projet est aussi à double tranchant. Comme Théo, certains étudiants se sentent alors très loin du monde professionnel pendant cette année mais pour Maud, au contraire, cette année lui permet d'aller jusqu'au bout d'un projet sur un temps plus long.

Les périodes de stages : félicitations du jury

Ce à quoi les étudiants ne s'attendaient pas, c'est plutôt le temps à consacrer à leur DNMADE. "Le rythme est très intense, on ne s'arrête jamais. Ça nous prépare au monde du travail mais certains, pendant la formation, ne tiennent pas", alerte Alice, 21 ans, étudiante en deuxième année de DNMADE Objet à l'Institut Ste Geneviève à Paris (75).

Car en plus des cours, les étudiants effectuent en général 12 à 16 semaines de stage pendant leur cursus : deux semaines de découverte en première année et trois mois de stage en deuxième année. Difficile de faire plus selon Oriane, le planning des trois années étant déjà bien chargé. Mais pour tous, ces quelques semaines en entreprise, en agence, en atelier, et parfois même à l'étranger, sont une vraie respiration, une manière de se confronter à la réalité, d'apprendre de nouvelles techniques et de confirmer sa vocation.

En revanche, la majorité des étudiants interrogés le disent, le DNMADE ne semble pas assez professionnalisant. Tout dépend des mentions mais poursuivre jusqu'en bac+5 parait incontournable. "On a mené des projets intéressants mais il manque l'aspect professionnel qu'on retrouvait dans le BTS, affirme Théo. On manque d'enseignants qui connaissent les attentes des professionnels."

La moyenne attribuée par les étudiants pour leur DNMADE : 7/10

Tous l'assurent, le DNMADE est une formation à conseiller mais encore à améliorer. Plusieurs critères sont à prendre en compte : la mention, les parcours de chaque mention, mais aussi la capacité des établissements à s'adapter à ces nouvelles formations et donc à proposer un diplôme différent de la MANAA et du BTS.
Tout dépend également des attentes initiales des étudiants qui envisagent d'entrer dans le monde du travail après leur DNMADE alors que pour d'autres, il s'agit d'apprendre les bases pour se spécialiser plus tard. L'organisation de la troisième année semble assez disparate tout comme le lien avec le monde professionnel, présent mais jugé insuffisant. À suivre…

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