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Les bachelors, tremplin vers les programmes grande école d'école de commerce ?

Les étudiants en bachelors représentent près de la moitié des 200.000 élèves inscrits en écoles de commerce.
Les étudiants en bachelors représentent près de la moitié des 200.000 élèves inscrits en écoles de commerce. © Konstantin / Adobe Stock
Par Juliette Chaignon, publié le 08 décembre 2023
5 min

Ces dix dernières années, les écoles de commerce ont presque toutes créé, en plus de leur programme grande école à niveau bac+5, des formations de bachelor au niveau bac+3. Un cursus professionnalisant qui n'empêche pas une majorité d'élèves de se tourner vers une poursuite d'études.

Impossible d'ignorer l'essor des bachelors d'école de commerce. D'après la CDEFM (Conférence des directeurs des écoles françaises de management), qui ne dispose pas de chiffres exacts, les étudiants de ces formations représentent près de la moitié des 200.000 élèves inscrits en écoles de commerce

Le bachelor, calqué sur les formations anglo-saxonnes, se prépare en trois ou quatre ans. Pour attirer les étudiants, les écoles mettent en avant l'aspect professionnalisant de la formation, l'ouverture à l'international et un accompagnement personnalisé.

Envisager un master après son bachelor en école de commerce

Pour Cyril Blondet Vargas, responsable des programmes de l'EMLV, le bachelor permet aux lycéens de se projeter vers "un diplôme en trois ans puis de se demander ensuite si on souhaite un bac+5".

"Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas une formation limitante", explique Théa, 23 ans, diplômée d'un bachelor technologie et management de l'EMLV. Après son bac STL, l'étudiante était certaine de "partir pour un bac+5" mais "ne savait pas trop par où passer".

Son bachelor, à cheval entre sciences et management, l'a convaincue pour son côté "professionnalisant" et "bien encadré". Théa continue ses études en master Data Analytics et Digital Marketing dans le même établissement, comme la moitié des diplômés du bachelor EMLV qui poursuivent leurs études. 

Initialement, les bachelors d'écoles de commerce proposent des cursus spécialisés vers un métier. Mais de plus en plus d'écoles adoptent des programmes généralistes. À Audencia, par exemple, la spécialisation "management for tomorrow" est un parcours académique.

"Cette filière est peu professionnalisante mais c'est cohérent avec les besoins des élèves qui souhaitent poursuivre leurs études et n'ont pas besoin de se spécialiser tout de suite", explique Marc Gibiat, directeur des programmes bachelors de l'école.

Le grade licence, essentiel pour poursuivre ses études en PGE

Depuis 2021, les bachelors peuvent prétendre à un grade de licence. En 2023, d'après la liste de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion), une trentaine de bachelors de management à bac+3 possèdent ce grade du ministère de l'enseignement supérieur. 

Sans ce grade licence, la poursuite en master ou en programme grande école n'est pas garantie. La reconnaissance des acquis professionnels (RNCP bac+3) ne suffit pas toujours à intégrer les programmes grandes écoles (PGE).  

Cela n'a rien d'un détail, quand on sait que les élèves veulent de plus en plus poursuivre leurs études après un bachelor. À Audencia, aujourd'hui, 85 à 90% des élèves s'inscrivent en master, contre 70% auparavant. "Parmi ceux qui ne continuent pas, beaucoup font une année de césure", indique Marc Gibiat.

C'est le cas d'Hugo, 21 ans, employé en CDI en tant qu'assistant manager dans un hôtel. Le jeune homme se donne "un an pour bien préparer son projet de bac+5". Malgré le constat de son aptitude à travailler dès le bac+3, Hugo estime "plus sécurisant à long terme" d'obtenir un diplôme de master

Pour Cyril Blondet-Vargas, à l'EMLV, la poursuite dépend du bachelor suivi. Dans son école de commerce post-bac, la moitié des élèves de bachelors spécialisés, en alternance, décident de travailler. Ceux des parcours généralistes se tournent "à 65-75%" vers un master. "On n'incite pas forcément les étudiants à poursuivre leurs études, souligne le responsable des programmes, on doit rester professionnalisant".

Une voie parallèle d'accès aux programmes grande école ?

À Audencia, 60% des étudiants qui poursuivant leurs cursus choisissent un PGE, pour beaucoup dans des écoles de commerce du Top 10, après une préparation aux épreuves d'admission. Clara, 21 ans, a ainsi pu intégrer l'Edhec, "une suite logique", pour celle qui a découvert un intérêt pour la finance durant ses stages de bachelor. Elle a choisi de suivre son PGE en alternance, comme beaucoup de diplômés de bachelor, qui ont pris l'habitude d'évoluer dans le monde professionnel. 

Le bachelor serait-il une voie d'accès court-circuitant les classes préparatoires ? Les écoles l'assurent : le public visé n'est pas le même. À Audencia, seul 5% des admis refusent le bachelor pour une CPGE. 

Dans les faits, seuls les excellents élèves intègrent des PGE d'écoles renommées. "On n'est pas beaucoup à venir de bachelor à l'Edhec", confie Clara. 

Surtout, un bachelor en école de commerce ne garantit pas du tout l'accès à son PGE et les étudiants doivent passer des épreuves de concours en tant que candidats externes. Sur 380 élèves du PGE d'Audencia, 80 viennent d'un bachelor de l'école. À emlyon, l'ESCP ou l'ESSEC, le passage en interne "s'avère extrêmement rare". 

Une différence de taille demeure entre la prépa et le bachelor : le coût. Si les prépas sont gratuites, une année en bachelor se monnaie de 6.000 à 20.000 euros pour les écoles les plus prestigieuses. Or, après un bachelor, la tentation est grande de poursuivre jusqu'en bac+5. Un cursus long, à anticiper financièrement, en envisageant, par exemple, l'alternance.

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