Interview

François Asselineau : “Je veux un Erasmus planétaire !”

François Asselineau, le candidat du "Frexit" à la présidentielle 2017.
François Asselineau, le candidat du "Frexit" à la présidentielle 2017. © Lydie Lecarpentier/REA
Par Natacha Lefauconnier, publié le 18 avril 2017
1 min

Développement des échanges étudiants à l'international, valorisation des filières professionnelles, sélection à l’entrée de l’université... Dans un entretien accordé à l’Etudiant, le candidat de l’Union populaire républicaine détaille ses propositions. Cet échange s'inscrit dans une série d'interviews, tous les candidats à l’élection présidentielle ayant été sollicités par notre rédaction.

Vous citez l’article 5 de la Constitution pour rappeler la fonction d’un président de la République… Pourquoi est-ce important à vos yeux ?

Parce qu’il faut rétablir la dignité de l’État aux yeux des jeunes. Certains jeunes diplômés partent à l’étranger parce qu’ils ont perdu espoir en la France. Il faut leur redonner confiance en leur pays. Ce ne sont pas avec les “affaires” mettant en cause les dirigeants politiques ou les émissions de télé qui les font passer pour des imbéciles ou des corrompus que l’on va y parvenir. Cela donne une mauvaise image de ce que devrait être la gouvernance d’un pays.

Dans le même esprit, vous voulez rétablir l’autorité des professeurs.

Oui. Pour améliorer la réussite des élèves, il est indispensable de rétablir l’autorité du professeur et revenir à des méthodes qui ont prouvé leur efficacité : il n’est pas tolérable qu’il soit moqué en cours par ses élèves.

Cela passe notamment par une meilleure gestion des ressources humaines. C’est une ineptie que d’envoyer dans les zones d’éducation prioritaire des jeunes enseignants sortant de formation. Il faut y mettre des professeurs aguerris. Pour les motiver, il faut augmenter de façon conséquente leurs revenus, de l’ordre de 75 %, avec un système de primes.

Votre parti, l'UPR (Union populaire républicaine), souhaite valoriser davantage les filières professionnelles. Cela doit-il commencer dès le collège ?

Oui, dès 14 ans. Il faudrait ouvrir plus de filières à l’apprentissage et inciter les jeunes qui ne sont pas faits pour les études académiques à les choisir, au lieu de les pousser absolument jusqu’au baccalauréat. L’apprentissage mène à des emplois où l’on gagne de l’argent et où l’on peut avoir une vie très heureuse. De ce point de vue, l’Allemagne est beaucoup plus pragmatique.

Vous indiquez dans votre programme que “la vraie valeur des diplômes doit être réintroduite” : pensez-vous que le baccalauréat ait perdu de sa valeur ?

L’idée que 90 % d’une classe d’âge doit avoir le bac est un miroir aux alouettes. En diminuant l’exigence, on dévalorise les diplômes. Et ce sont les enfants des classes populaires qui sont les plus pénalisés, car l’école ne joue alors plus son rôle d’élitisme républicain. 

Je suis favorable à ce que l’on repère les enfants méritants, quelle que soit leur origine. Pour ceux dont les parents ont émigré en France, l’école est un moyen d’intégration formidable.

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Il faut favoriser l’ascenseur social… sous peine d’explosion sociale.

D’où votre volonté de rétablir les prix d’excellence et les bourses au mérite ?

Aujourd’hui, dans les entreprises, on exige des salariés l’excellence… tandis qu’à l’école, on fait comme s’il n’y avait pas de concurrence ! J’aimerais donc rétablir, d’une manière raisonnable, les prix d’excellence et les bourses au mérite, avec pour principal objectif de rappeler qu’il faut travailler pour réussir. Le collège et le lycée ne sont pas des endroits où l’on vient pour s’amuser, mais où l’on doit faire preuve d’efforts intellectuels. J’insiste sur le fait qu’il faut favoriser l’ascenseur social… sous peine d’explosion sociale.

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Vous souhaitez également que soit enseignée au lycée une “utilisation modérée et intelligente des nouvelles technologies”.

Oui. Mais il faudrait d’abord former des professeurs, ce qui se ferait grâce à la création d’un CAPES (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire) d’informatique. Et à partir de la seconde – une fois les savoirs fondamentaux acquis – les lycéens pourraient bénéficier d’enseignements sur une utilisation intelligente des nouvelles technologies. De manière générale, il faut renforcer leur capacité à bâtir des raisonnements.

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Que proposez-vous pour améliorer l’orientation des lycéens vers les études supérieures ?

Beaucoup de bonnes choses ont été faites ces dernières années en matière d’orientation. Mais notre pays latin a tendance à privilégier les métiers de robe (avocats, notaires, médecins…) : il faut encore rendre les métiers manuels plus attractifs. Sans pour autant supprimer les grandes écoles d’ingénieurs, de commerce ou de sciences politiques : elles font partie de notre ADN.

Il faudrait aussi encourager l’esprit d’initiative et l’entrepreunariat. L’objectif de l’éducation n’est-il pas que chaque individu ait une vie heureuse, et donc qu’il fasse ce qu’il aime ? Beaucoup de jeunes aujourd’hui sont intéressés par une vie rurale et se lancent dans l’agriculture biologique, par exemple. Il faut les accompagner pour qu’ils concrétisent leurs idées.

Pour ce qui est de l’entrée à l’université : êtes-vous favorable à une forme de sélection ? Ou préférez-vous conserver le tirage au sort dans les filières en tension ?

Le tirage au sort est un système totalement injuste. Je suis favorable à la sélection à l’entrée de l’université, qui se ferait au mérite, et qui serait par conséquent plus juste que le tirage au sort.

En revanche, je suis contre le système anglo-saxon pour ce qui est du coût des études. Il peut y avoir un ticket modérateur, mais le coût des études universitaires doit rester raisonnable, avec toujours un système de bourses pour les étudiants.

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Vous vous présentez comme le candidat du Frexit : que deviendrait Erasmus si la France sort de l’Union européenne ?

Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas partie de l’Union européenne qu’on ne peut pas être avec Erasmus : prenez l’exemple de la Suisse ! Mon but n’est pas de fermer la France. Je veux au contraire un Erasmus de la francophonie, et même un Erasmus planétaire : il faut que les jeunes puissent étudier partout.

Mon idée serait de multiplier les échanges en France pour les collégiens. Ceux de métropole partiraient dans un collège de l’outre-mer, et vice versa. Imaginez un collégien de Romainville partir dans un collège à Tahiti : ce serait une expérience dont il se rappellerait toute sa vie !
Au lycée, il s’agirait d’échanges avec les pays francophones.
Enfin, les étudiants partiraient dans le monde entier. Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Éducation nationale seraient des soutiens pour développer ces partenariats.

Vous voulez pourtant mettre fin à l’apprentissage systématique de l’anglais ?

Oui, afin de valoriser toutes les cultures ! Les jeunes doivent apprendre le russe, le chinois, le japonais, l’arabe, le portugais brésilien… Les langues étrangères sont importantes, mais il n’y a pas que l’anglais.

Lire aussi : L'entretien de François Asselineau sur EducPros.

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