Agrément des maîtres de stage : les étudiants en médecine ont leur mot à dire
Pour les étudiants en médecine, être confronté au milieu professionnel n'est pas toujours facile, surtout lorsque les maîtres de stage sont loin d'être exemplaires. Désormais, les externes et internes auront la possibilité d'évaluer leurs tuteurs, de suspendre leur stage ou de demander le retrait de l'agrément lorsque leurs conditions de travail ne sont pas respectées.
Dès leur quatrième année, à leur entrée en externat, les étudiants en médecine commencent à multiplier les stages, à côté de leurs cours théoriques à l'université. L'occasion de découvrir différents services, de voir différentes pathologies et aussi d'appréhender différentes manières de travailler.
Comme partout, il arrive que ces stages ne se déroulent pas dans les meilleures conditions. Ajoutons à cela un climat parfois sexiste, misogyne, avec un rapport hiérarchique très fort, dans un milieu médical où la pression est constante, le manque de temps et de moyens criant, difficile pour les étudiants de s'y retrouver. Désormais, externes et internes en médecine auront des leviers pour réagir vis-à-vis de leurs maîtres de stage.
Evaluer les terrains de stage par les étudiants en médecine
(de la quatrième à la sixième année de médecine), les étudiants devront réaliser plusieurs stages obligatoires : en chirurgie, dans un service d'urgence, de réanimation ou de soins intensifs et un autre chez un médecin généraliste. C'est justement ce stage auprès d'un "praticien agréé-maître de stage des universités" qui fait désormais officiellement l'objet "d'une évaluation par les étudiants", comme l'indique l'arrêté du 22 décembre 2021.
Suspendre ou retirer les agréments de stage
Pour réaliser une nouvelle demande, le maître de stage devra justifier sa situation en fournissant "les éléments permettant d'apprécier que des corrections ont été apportées concernant les éléments ayant motivé le retrait d'agrément".
Des formations obligatoires d'encadrement des stages
Si dans un premier temps, elle devait être comptabilisée dans le cadre du quota annuel d'heures dont peuvent bénéficier les médecins, l'arrêté a finalement été modifié le 21 février 2022. En effet, cette nouvelle règle était une aberration pour les associations étudiantes comme l'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France) ou l'ISNAR-IMG (représentants des étudiants en médecine et des internes en médecine générale) qui y voyaient comme conséquence une baisse du nombre d'agréments et donc de maîtres de stage étant donnée les contraintes supplémentaires. Des tuteurs moins nombreux et potentiellement moins bien formés car les heures de formation sont réduites alors que toujours plus de thématiques doivent être abordées. Pour les étudiants, cela limite aussi les terrains de stages ambulatoires dont le but est aussi à terme de limiter les déserts médicaux.
Les associations étudiantes ont donc salué la "correction" de l'arrêté qui "permet aux professionnels qui le souhaitent [de participer à cette formation] sans renoncer aux autres auxquelles ils peuvent prétendre dans le cadre du développement professionnel continu".