Décryptage

Faire ses études d'infirmier en Belgique, elles ont sauté le pas

Les diplômes belges sont reconnus en France.
Les diplômes belges sont reconnus en France. © Aleks / Adobe Stock
Par Héloïse Weisz, publié le 22 mai 2023
7 min

Depuis la suppression du concours d’entrée, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) reçoivent chaque année un nombre record de candidats : près de 700.000 dossiers de candidatures sur Parcousup rien qu’en 2021. Alors parmi les nombreux bacheliers qui ne parviennent pas à intégrer ces formations en France, certains décident de s’inscrire dans le même cursus… en Belgique.

À la différence du système supérieur français, les établissements universitaires belges sont moins sélectifs. Une aubaine pour les étudiants puisqu'en plus d'être accessibles, les écoles d’infirmiers délivrent une formation de qualité et permettent d'exercer en Belgique, en France mais aussi à l’étranger. Chacune à leur manière, Charlotte et Julie racontent comment elles ont fait le choix de l'expatriation pour leurs études.

Un accès aux études de soins infirmiers facilité en Belgique

Après un premier échec au concours d’entrée des IFSI il y a quelques années, Julie décide de retenter sa chance, au printemps 2021, pour enfin réaliser son rêve : devenir infirmière. Hors de question pourtant de réessayer en France et via Parcoursup : "Je n’aurais jamais été prise, j’ai eu mon bac en 2017."

C’est donc en Belgique francophone qu’elle décide de commencer ses études en soins infirmiers : "C’était une question de sécurité. L’accès au cursus est tellement simple là-bas à partir du moment où l’on a un diplôme du secondaire", raconte-t-elle.

S'inscrire en bachelier infirmier pour quatre ans

Originaire d’Alsace, elle s’inscrit donc à un bachelier "Infirmier responsable de soins généraux", dispensé à la Haute Ecole libre de Mosane à Liège. Il s'agit d'un diplôme équivalent au bac+3, comme une licence, en France.

Considérée comme étudiante étrangère, Julie doit justifier d’une attestation d’équivalence de son baccalauréat (200 euros), délivrée par le service des équivalences du secondaire de Wallonie-Bruxelles. Autre formalité administrative à remplir : fournir un extrait de casier judiciaire. Contrairement en France, ce document est nécessaire dès l’inscription aux études de soins infirmiers belges.
Admise dans l’établissement, Julie est actuellement en deuxième année d’un bachelier qui se prépare en quatre ans, contre trois en France pour le diplôme d'Etat d'infirmier. La formation est "assez dense", prévient-elle. Mais la professionnalisation est aussi au rendez-vous : "Cette année, j’ai quatre stages de trois semaines chacun, en chirurgie, en médecine, en gériatrie et en revalidation (rééducation). On voit beaucoup de choses."

Le brevet d’infirmier hospitalier, l’autre voie en Belgique

Même constat pour Charlotte, 19 ans, elle aussi en études de soins infirmiers à Liège. Pourtant, l’étudiante originaire de Poitiers ne prépare pas un bachelier mais un brevet d'infirmier hospitalier à l’institut St-Joseph Ste-Julienne.
Ce cursus dure trois ans et demi et est accessible aux titulaires d’un bac non général. C’est le cas de Charlotte, diplômée d’un bac technologique sciences et technologies de laboratoire (STL). Le brevet est aussi ouvert aux étudiants qui ne possèdent pas de baccalauréat, à condition de passer par une année préparatoire avant d’intégrer la formation.

Son cursus est lui aussi, très orienté pratique : "On apprend pendant trois semaines et puis après on travaille tout de suite ce qu’on a vu en stage. Sur le terrain, c’est ma partie préférée." En première année, la formation porte sur l’hygiène, le confort physique et psychologique des malades ainsi que l’éthique notamment. Un programme comparable à celui proposé en France.

Une poursuite d'études plus favorable après un bachelier

Mais contrairement au bachelier, le brevet belge ne permet pas aux étudiants de se spécialiser. C'est la principale différence entre ces deux diplômes. Au terme de l’obtention d’un bachelier, les diplômés peuvent effectivement continuer de se former une année supplémentaire à la pédiatrie, à la santé mentale et la psychiatrie, à l’oncologie ou encore à la santé communautaire.
En France, des spécialités existent aussi comme la puériculture, le bloc opératoire ou l'anesthésie. Néanmoins, elles ne sont pas équivalentes à celles étudiées en Belgique. En d’autres termes, si le bachelier d’infirmier en soins généraux est automatiquement reconnu par l’Union européenne et donc par la France, l’année de spécialité ne l’est pas.

Le bachelier, plus coûteux que le brevet

Dernière différence entre le bachelier et le brevet : le prix. Chaque année, Charlotte doit dépenser, pour son brevet, environ 75 euros en frais de scolarité, auxquels s’ajoutent des frais de livres et d’uniforme. Du côté de Julie, les frais de scolarité pour le bachelier sont plus chers, 450 euros par an. En France, le droit annuel de scolarité pour les IFSI publics est de 170 euros. Il peut monter à plus de 1.000 euros dans les établissements privés.

Des diplômes belges reconnus à l’étranger

Pour les deux étudiantes, faire le choix d'effectuer ses études d'infirmiers à l'étranger n'a rien eu d'anodin. En choisissant la Belgique, Charlotte estime que sa décision a un prix : "C’est un sacrifice. Il y a des moments où l’on a envie de rentrer voir ses parents… Mais ça vaut le coup", reconnaît-elle.

L'étudiante sait qu’après son "gros stage" de six mois en dernière année, elle retournera en France. D'ailleurs, elle n’est pas inquiète à l’idée de chercher du travail. Son brevet, automatiquement reconnu par l’Hexagone et l’Union Européenne, a bonne réputation. Et un atout majeur selon elle : "Il y a six mois de formation de plus qu’en France." De quoi avoir plus de maturité et plus de confiance en elle pour débuter dans la vie active.
Pas de quotas pour les études d'infirmiers en Belgique

De plus en plus d'étudiants français font le choix de partir à l'étranger
comme en Belgique mais aussi en Roumanie, en Espagne, au Portugal, à Chypre ou Malte pour effectuer leurs études de santé. Face à cette affluence, la Belgique a remis en place des quotas pour accueillir les étudiants étrangers, dont les Français, en médecine. Les études de soins infirmiers ne sont, à l'heure actuelle, pas concernées.

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