Portrait

Mathis, de l’armée à la création de vêtements

Avant de se consacrer à la mode, Mathis a travaillé plusieurs anénes dans la Marine.
Avant de se consacrer à la mode, Mathis a travaillé plusieurs anénes dans la Marine. © Sarah Nafti
Par Sarah Nafti, publié le 01 décembre 2022
4 min

Après un parcours scolaire chaotique et plusieurs expériences dont un passage dans l’armée, Mathis a une révélation en intégrant la Casa 93, une école de mode ouverte à différents talents. Portrait.

Mathis, 23 ans, n’a jamais réussi à se fondre dans le moule scolaire. Le jeune homme originaire de Cormeilles en Parisis (95) était plus prompt, à l’école, à dessiner dans ses cahiers qu’à écouter les profs. "Je faisais des conneries, je répondais beaucoup, j’ai été viré de plusieurs écoles dès la primaire", admet-il.

"Je ne voulais pas finir en bas de l’échelle"

Au collège, on lui dit qu’il ne correspond pas à "la typologie" des élèves. Alors il se retrouve dans un établissement géré par les Apprentis d’Auteuil, qui propose des solutions aux jeunes en difficulté. Dès la quatrième, il multiplie les stages en entreprise, en restauration, dans le commerce…

"Et là je me suis rendu compte que je ne voulais pas finir en bas de l’échelle, à gagner un SMIC toute ma vie, je devais trouver une solution."

De l’armée au business development

C’est son père, "qui a vécu son rêve à travers moi", qui lui donne l’idée de s’engager dans l’armée. À 16 ans, le voilà en école de mousses à Brest (29). Et très vite sur un bateau de la Marine nationale. "J’ai fait plein de mission, je suis allé sur des théâtres de guerre, j’ai fait du déminage sous-marin…" Il y restera six ans, jusqu’en 2020. Mais quand on lui propose un nouveau contrat de 10 ans, cette fois, c’est non. "J’ai compris que je ne voulais pas faire ça dans ma vie, mais je ne savais toujours pas vers quoi m’orienter."

Et le jeune homme a une autre difficulté, sans le bac, "peu de portes sont ouvertes" pour reprendre des études. Il découvre alors la Rocket School, qui recrute des talents sans regarder les diplômes et choisit la formation de business developer. Mais là encore, il comprend que ce ne sera pas son choix.

"Finalement, j’ai toujours aimé les vêtements, à l’école j’avais un style très particulier, je pouvais un jour arriver en surfwear et le lendemain tout en noir. J’ai toujours fait attention à être bien habillé." Or, s’il n’avait pas jusque-là pensé à une école de mode, c’est surtout parce qu’il se sentait "illégitime" et n’avait pas "15.000 euros par an à y investir".

Faire une école de mode, une révélation

Mais lors de l’année qu’il passe à la Rocket School, il rencontre une ancienne intervenante de la Casa 93. Et là, c’est la révélation. "La Casa, c’est la liberté, soit l’opposé de ce que j’ai vécu à l’armée."

Lorsqu’il postule, il n’a jamais cousu de sa vie.

Mais l’école cherche des talents, qui ont tous des compétences différentes. "Depuis que j’ai commencé, je n’ai jamais été aussi productif. Je suis content de me lever le matin pour venir ici. J’ai toujours rêvé de créer ma marque et ici j’apprends tellement de choses sur les vêtements, les volumes, les matières… J’ai toujours eu beaucoup d’idées et là j’apprends les techniques pour les réaliser."

En intégrant la Casa 93, Mathis a réalisé qu’il avait des ancêtres dans la mode en découvrant de vieilles photos. "J’ai un peu l’impression de prendre leur suite." Et si son père a eu de la peine à le voir abandonner l’armée "et la sécurité qu’elle m’apportait", sa mère, "beaucoup plus dans la création" le soutient entièrement.

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