Décryptage

Sciences po Paris : des élèves marqués à gauche, impliqués dans l'associatif

Sciences po Paris étudiant profil type portrait robot
Politisé et engagé dans l'associatif, le profil de l'étudiant type de Sciences po Paris se dessine d'après une étude menée en ligne auprès de 12.500 élèves en mai 2022. © Abundzu/Adobe stock
Par Agnès Millet, publié le 07 décembre 2022
5 min

Avez-vous le profil type de l'élève de Sciences po Paris ? Difficile d'en être sûr. Mais si vous voulez en savoir plus sur les engagements, les convictions politiques et la vision de l'avenir des élèves de l'IEP parisien, une étude publiée récemment vous livre quelques clefs.

Êtes-vous investi dans une association ? Penchez-vous plutôt pour les partis politiques de gauche ? Vous sentez-vous inquiet quant à l'avenir de notre société ? Si oui, vous correspondez au portrait robot de l'élève Sciences po Paris.

Un constat établi par une étude réalisée en 2022 auprès des étudiants de l'IEP parisien. Rappelons tout de même que ce n'est en rien un critère de sélection !

Des élèves de Sciences po très actifs dans l'associatif

En 2022, l'élève de Sciences po Paris s'implique plus que jamais dans l'associatif. Plus d'un tiers des élèves s'investit dans l'humanitaire ou le caritatif. Et 16% d'entre eux sont membres d’une association de défense de l’environnement, tandis que 14% sont engagés pour les droits des femmes et 8% en faveur des droits LGBTQ+.

C'est donc sur ce terrain civique qu'ils agissent désormais. Car si les étudiants restent passionnés de politique, seul un élève sur dix s'implique dans un parti politique.

Jean-Luc Mélenchon, premier vote des élèves de l'IEP de Paris

Paradoxalement, les élèves et surtout les jeunes femmes – sont de plus en plus politisés (54% contre 17% en 2002), un point qui ne concerne pas que les partis politiques, mais qui est à prendre au sens large.

Aujourd'hui, les élèves de Sciences po Paris confirment leur ancrage dans une "culture politique de gauche" et se portent désormais vers des partis plus radicaux. "En 2002, Lionel Jospin avait fédéré 60% des votes de gauche des étudiants, en 2022, Jean-Luc Mélenchon a capté 77% d’entre eux", écrivent Martial Foucault et Anne Muxel, auteurs de l'enquête.

Les deux auteurs rappellent que la jeunesse – dans son ensemble – a voté majoritairement pour ce candidat.

Un fort attachement aux institutions

Un vote qui ne présume pas d'une envie de faire la révolution. "Une très large majorité des élèves soutiennent le principe de la construction européenne et de la mondialisation ainsi que le cadre de la démocratie représentative", selon Mathias Vicherat, directeur de Sciences po Paris. "Ils ne décrochent pas et ils ne désertent pas", ajoute-il, en lien avec les récents discours protestataires de diplômés de grands établissements.

"Nos étudiants sont très attachés au cadre institutionnel", insiste Martial Foucault. Très conscients des menaces qui pèsent sur le futur – géopolitique, environnementale, etc. –, ils formulent une "'vraie demande de protection, d'où leur forte appréciation du rôle de l'État".

L'élève de Sciences po Paris est-il l'archétype du "woke" ?

Si la culture politique de droite recule, Mathias Vicherat souligne que "le pluralisme est tout de même au cœur des valeurs des étudiants : 89% mettent en avant la nécessité de la tolérance vis-à-vis des idées et des croyances des autres".

Le concept de "wokisme" divise,
selon Martial Foucault. Ce terme, parfois utilisé de façon péjorative, décrit la personne "éveillée" qui est sensible aux problèmes liés à la justice sociale et à la défense des minorités. Un étudiant sur deux le perçoit comme négatif.

"Nos étudiants sont parfois embarrassés et insatisfaits d'être résumés à une identité woke, avec tout le problème définitionnel de ce terme."

Entre une sombre vision du futur et un optimisme personnel

Ainsi, la perception du futur s'inscrit dans une "tonalité assez sombre", indique Anne Muxel. "Beaucoup pensent qu'on est dans une situation de non-retour". La conclusion de l'ouvrage nuance ce tableau puisque les élèves de Sciences po Paris "restent plus optimistes sur leurs destinées personnelles".

Pour Anne Muxel, ces étudiants ne sont pas "hors sol. Ils sont traversés par les évolutions à l'œuvre dans la société et amplifient des évolutions sociétales".

Tout savoir sur les engagements des étudiants de Sciences po Paris

L'étude, menée en ligne auprès de 12.500 élèves, en mai 2022, a permis de récolter les réponses de 4.792 répondants. De quoi faire le point, après une première étude réalisée en 2002.

L'ouvrage Une jeunesse engagée, écrit par Martial Foucault, professeur des universités en science politique à Sciences po et directeur du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences po), et Anne Muxel, sociologue et politiste, directrice de recherche CNRS au Cevipof, présente l'analyse des résultats.

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