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La quatrième année d'internat en médecine générale officialisée

Médecine générale internes quatrième année
Les futurs médecins généralistes auront désormais une quatrième année d'internat à effectuer pour valider leur diplôme. © bnenin/Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, mis à jour le 06 janvier 2023
7 min

À compter de la rentrée 2023, les nouveaux internes auront quatre ans pour se former au métier de médecin généraliste, au lieu de trois aujourd'hui. Les grèves des syndicats d'étudiants, opposés à la réforme, n'ont pas fait changer la décision du gouvernement.

Après six motions de censure rejetées et cinq recours à l'article 49.3 par la Première ministre Elisabeth Borne, la quatrième année d'internat en médecine générale a été officialisée le 2 décembre 2022 par l'Assemblée nationale. Elle s'appliquera dès la rentrée scolaire 2023 aux nouveaux internes en médecine générale.

L'ajout de cette année supplémentaire d'internat en médecine générale a été annoncée dès 2017. Après cinq ans dans les tiroirs, le gouvernement l'a remis sur le devant de la scène à la surprise générale en septembre dernier, à l'occasion des discussions autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Désormais officielle, cette décision ne fait pas l'unanimité. Le 14 octobre, le 28 octobre puis le 14 novembre, les associations d'étudiants en médecine (ANEMF) et les syndicats d'internes (ISNI et ISNAR-IMG) s'étaient mobilisés pour faire entendre leur mécontentement.

Dix ans pour devenir médecin généraliste

Au total, dix années d'études seront désormais nécessaires pour devenir médecin généraliste : trois années de premier cycle dont une première année en PASS ou L.AS, un deuxième cycle en externat puis quatre années d'internat (au lieu de trois). "Aujourd’hui, la médecine générale est la seule spécialité médicale à n’avoir que trois années de formation en troisième cycle, précisent les députés. La mesure vient aligner la spécialité de médecine générale avec les autres spécialités."

Cela permet aux internes de bénéficier d'une année de consolidation pour "acquérir de l'autonomie" avec un statut de docteur junior "pour une insertion professionnelle renforcée". Une volonté partagée par François Braun. Le ministre de la Santé s'est prononcé le 15 décembre lors du congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) en insistant sur la fin des inégalités entre les étudiants en médecine. Cette quatrième année a "une philosophie : renforcer la formation de nos futurs médecins généralistes".

Un stage dans les déserts médicaux pour la quatrième année d'internat

Plus concrètement, cette dernière année d'études pour les futurs médecins sera consacrée au stage en pratique ambulatoire, sous la supervision de praticiens agréés maîtres de stage des universités. Selon le PLFSS, cette année vise à "compléter la formation, à accompagner les jeunes professionnels dans leur futur exercice de la médecine généraliste et à permettre ainsi une installation en cabinet dès la sortie de scolarité".

Si le dispositif est donc pensé pour ceux qui "se destinent en priorité à une installation en libéral", le texte précise tout de même qu'à "titre exceptionnel" "un stage peut être réalisé en milieu hospitalier ou extrahospitalier". Une nécessité pour les internes qui n'auraient pas vocation à exercer comme indépendant une fois diplômés.

Les futurs médecins généralistes exerceront également "en priorité" dans les zones sous-denses. Une décision qui faisait justement partie des points de blocage des syndicats, qui estimaient incohérent le fait d'inciter les docteurs juniors à exercer dans des zones déjà dépourvues de médecins et donc de maîtres de stage pour les superviser. Les députés entendent bien poursuivre les efforts pour "augmenter le nombre de praticiens agréés".

Une mission sur la réforme de médecine générale confiée à la profession

Les conditions et modalités de mise en œuvre de la réforme restent à déterminer en concertation avec le CNGE et des syndicats d'internes. Une mission a d'ailleurs été confiée à plusieurs représentants de la profession dès octobre dernier. Les premiers retours ont été annoncés par Olivier Saint-Lary, président du CNGE, lors du congrès.

Le professeur de médecine a rappelé qu'"aucune structure [interrogée dans le cadre de la mission] ne s'est prononcée en faveur de la coercition". Plusieurs recommandations ont été soulevées : la mise en place d'un guichet unique pour accueillir les médecins généralistes, l'encadrement systématique par des maîtres de stage dans des lieux agréés en pratique ambulatoire (sans terrain de stage, pas de docteur junior), l'accélération du recrutement des maîtres de stage et des enseignants. François Braun s'est dit favorable aux conditions évoquées : la réforme ne se fera "pas en dépit de la qualité d'encadrement".

La rémunération des internes reste à négocier

Parmi les autres éléments qui pourront encore être discutés : la rémunération des docteurs juniors exerçant en zone sous-dense. Jusqu'à présent, les néo-internes multipliaient les remplacements et étaient donc payés comme des médecins généralistes. En passant une année supplémentaire en internat, ils risquent de perdre en rémunération.

Si rien n'est inscrit dans la loi, les députés assurent que "des mesures d'aides à l'installation spécifiques seront travaillées en lien avec les collectivités territoriales pour mettre à disposition un logement ou indemniser les frais de transport vers ces zones qui souffrent souvent d’un défaut d’accessibilité".

Les 5 et 6 décembre derniers, certains députés et sénateurs ont tout de même saisi le Conseil constitutionnel pour contester l'ensemble du PLFSS 2023. Un ultime blocage qui s'est soldé par un échec : l'institution a définitivement validé la mise en place de cette quatrième année d'internat le 20 décembre. La mission doit, quant à elle, être rendue au ministre de la Santé d'ici fin janvier. Les textes de loi concernant les modalités de mise en place de cette quatrième année de médecine générale attendront juillet 2023.

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