Décryptage

Comment sont classés les étudiants en L.AS pour être admis en deuxième année d'études de santé ?

Pour être admis en deuxième année d'études de santé, il faut faire partie des meilleurs.
Pour être admis en deuxième année d'études de santé, il faut faire partie des meilleurs. © Nuthawut / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 25 octobre 2023
1 min

Des centaines d'étudiants répartis dans une dizaine de L.AS toutes aussi différentes les unes des autres mais un seul classement pour accéder en deuxième année de santé (médecine, maïeutique, odontologie ou pharmacie). De quoi susciter beaucoup d'incompréhension… L'Etudiant fait le point.

Une moyenne générale qui passe de 14 à 13/20, des licences plus faciles que d'autres, la mineure santé qui ne compte pas pour être admis en deuxième année… "C'est une réforme difficile à comprendre", résume Benoit Veber, doyen de la faculté de médecine de l'université de Rouen. Également président de la Conférence des doyens de médecine, il appelle à des "mesures de simplifications", en particulier au sujet de "l'interclassement entre les L.AS", jugé "complexe".

Car même si on ne parle plus officiellement de concours pour être admis en deuxième année d'études de santé, la sélection parmi les étudiants de PASS et de L.AS reste rude. Pour être admis, il faut faire partie des meilleurs. Et c'est là que tout se corse pour les étudiants en L.AS, difficile de comprendre comment on peut se retrouver en haut du classement…

Trois classements distincts pour entrer en deuxième année d'études de santé

Selon les universités, il peut y avoir jusqu'à trois classements distincts. Tout cela dépend du parcours choisi par les étudiants et ceux proposés dans les facultés :

  • Un classement est consacré uniquement aux étudiants de PASS ;

  • Un autre considère uniquement les étudiants en première année de L.AS ;

  • Et enfin, un dernier classement regroupe tous les étudiants de L.AS 2 (venant de PASS ou de L.AS 1 donc) et de L.AS 3.

Ces trois classements ne sont pas hiérarchiques mais bien à part les uns des autres, histoire de conserver une équité entre les étudiants d'un même parcours. Au total, la moitié des étudiants en deuxième année doivent venir de PASS et l'autre moitié de L.AS 1, 2 ou 3. "Les étudiants doivent avoir les mêmes chances d'entrée en deuxième année, quel que soit leur parcours", confirme Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de médecine de Caen.

Or, s'il n'y a qu'une seule promotion de PASS par université, une dizaine de L.AS peuvent être proposées : une L.AS droit, une L.AS sciences de la vie, physique, philosophie, psychologie, STAPS… Leur seul point commun est la mineure santé qui représente moins d'un quart des cours sur toute l'année de licence. Pourtant, tous ces étudiants de L.AS, aux profils très variés, participent au même classement final.

En L.AS, tout se joue sur la moyenne obtenue en licence

Dans la plupart des universités, c'est la moyenne générale obtenue en licence qui est la plus déterminante en fin d'année. Mais selon les L.AS, les niveaux peuvent être très disparates : un 16/20 dans une L.AS A peut être l'équivalent d'un 12/20 dans une L.AS B, comme l'appuient plusieurs doyens interrogés par l'Etudiant. "Les notes ne veulent pas dire grand-chose, on voulait éviter cet écueil", explique Steve Lancel, assesseur PASS-L.AS à l'université de Lille.

Pour établir un classement équitable donc, le plus souvent, les étudiants sont répartis par groupe. Si l'université décide de créer dix groupes (déciles), alors le premier groupe comprend les 10% d'élèves ayant obtenu la meilleure moyenne générale dans sa licence. Dans la L.AS A composée de 100 étudiants, les 10 premiers feront partis du groupe 1 ; dans la L.AS B d'une promo de 80 étudiants, ce seront les 8 premiers alors que dans la L.AS C qui compte 130 étudiants, les 13 premiers rejoindront ce premier groupe.

"Ce qui fait qu'un étudiant qui a 18 de moyenne peut se retrouver dans le même groupe que celui qui a obtenu 12/20", poursuit Steve Lancel, parce que cet étudiant reste de toute façon le meilleur de sa promotion, quelle que soit sa note. À l'université de Lille, l'année dernière, l'écart maximum entre deux étudiants d'un même groupe s'élevait à quatre points. "Dans le classement final, les étudiants sont répartis selon leur rang en licence et non selon leur note", complète Emmanuel Touzé.

La mineure santé décisive dans certaines universités

Mais pour départager les premiers des premiers, c'est la note obtenue dans la mineure santé qui entre en jeu. C'est le cas à Caen, à Lille mais aussi à Grenoble ou Bordeaux par exemple. "Ce serait dommage de les classer uniquement sur une toute petite partie du programme", constate l'assesseur lillois. "L'UE (unité d'enseignement) santé n'est pas représentative, là ils sont obligés de se concentrer sur leur licence et avoir 14 en licence, c'est dur", admet Olivier Palombi, le doyen grenoblois.

Or, dans d'autres universités, au contraire, c'est bien l'UE santé la plus déterminante. À Poitiers ou Créteil (UPEC), le classement final se base uniquement sur la mineure. Au sein de l'université Côte d'Azur, tous les étudiants en L.AS ont suivi la même UE santé et ont le même examen final, c'est cette note qui détermine leur classement. "Mais il faut quand même valider sa licence pour entrer en deuxième année et ça, tous les étudiants ne le comprennent pas", précise Jean Dellamonica, doyen de la faculté de médecine à Nice.

Ce système de classement unique basé sur la mineure santé pourrait, à l'avenir, devenir la règle comme le propose la Conférence des doyens de médecine pour des raisons de "lisibilité".

Aucune L.AS avantagée malgré des notes parfois réajustées

Car jusqu'à présent, les recours des étudiants de L.AS auprès du tribunal administratif se sont multipliés. Tous arguant leur incompréhension vis-à-vis du système d'interclassement. Les doyens l'affirment, des efforts sont faits pour expliquer dès le début de l'année ce qui est pris en compte pour l'admission en deuxième année mais certains étudiants assurent ne pas être au courant et d'autres restent dans l'incompréhension.

C'est d'autant plus le cas lorsque les universités publient les résultats. En faisant des péréquations ou des moyennes centrées réduites, la moyenne générale de la L.AS est modifiée et n'est plus identique à celle indiquée pour le classement. Certains étudiants ont l'impression de gagner des points et d'autres d'en perdre.

À l'UPEC, le doyen estime qu'il peut y avoir un point d'écart entre les deux moyennes. "Mais c'est normal, tous les étudiants sont dans un mouchoir de poche, un dixième de point ça compte et ça, ils ne le comprennent pas", explique Pierre Wolkenstein.

Cela ne signifie pas que certaines L.AS seraient avantagées ou désavantagées pour établir le classement. Seul le "mérite" compte mais les doyens constatent aussi qu'aucun système n'est parfait et qu'ils n'ont peut-être pas trouvé la meilleure solution. "Sinon, ce qui serait juste… et ça ne va pas vous plaire, c'est le tirage au sort…", tente Olivier Palombi. Mais les étudiants peuvent se rassurer, l'ancien système ne semble pas être d'actualité.

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