Reportage

Apprentissage : quels sont les métiers de l'aérien qui recrutent le plus ?

Des apprentis du CFA AFMAE dédié aux métiers de l'aérien à Bonneuil (95).
Des apprentis du CFA AFMAE dédié aux métiers de l'aérien à Bonneuil (95). © Etienne Gless
Par Etienne Gless, publié le 04 octobre 2019
7 min

Le CFA des métiers de l’aérien près de l’aéroport du Bourget forme à des métiers techniques comme mécanicien aéronautique et de services comme agent d’escale ou hôtesse de l’air. Si côté entreprise, les besoins de personnels formés sont élevés, côté candidats la sélection à l’entrée du CFA est exigeante. Reportage.

Dans le gigantesque hangar, un hélicoptère Super Puma de 11 tonnes voisine avec un Falcon 50, avion d’affaires tri-réacteur et un moteur de Boeing 747 de 4 mètres de diamètre. Non, vous n’êtes pas au musée de l’air et de l’espace mais dans la grande salle de classe de l’Afmaé qui forme aux métiers de l’aérien à Bonneuil près de l’aéroport du Bourget. Les appareils, s’ils ont perdu leur certificat de navigation sont en parfait état de marche. "Les circuits hydrauliques et électriques des aéronoefs sont parfaitement opérationnels", explique Laurent Vincent, directeur des formations techniques. Les appareils sont devenus des outils pédagogiques !

Les apprentis mécaniciens aéro s'en servent pour rechercher, diagnostiquer et bien sûr réparer les pannes simulées par leur formateur. Dans des locaux tout neufs de ce centre de formation aux métiers de l’aérien, 739 apprentis au total ont été accueillis à la rentrée 2019. "Ici nous formons des mécaniciens avion chargés d’entretenir les appareils, des agents d’escale qui font l’accueil dans les aérogares et les aéroports ainsi que des personnels navigants et commerciaux, c’est-à-dire des hôtesses et des stewards qui vont intervenir à bord des avions", détaille Muriel Caristan, délégué générale de l’Afmaé.

Futurs mécaniciens aéronautiques très demandés

"Je répare les pièces accidentées des avions et je change les ferrures", explique Rhony, 21 ans, apprenti mécanicien aéronautique chez Air France industries, la filiale de la compagnie aérienne en charge de la maintenance des appareils. Rhony est en dernière année de son bac professionnel Aéronautique, option Structures. "J’ai toujours été passionné d’aéronautique mais avant de m’orienter dans le secteur j’ai passé un bac technologique STI2D (sciences et techniques de l’industrie et du développement durable) et effectué quelques jobs alimentaires".

Il n’est pas le seul à avoir hésité avant de s’autoriser à aller vers un domaine qui le passionne. Anne-Valéry a 26 ans et prépare actuellement un BTS aéronautique, également chez Air France industries. Bac ES en poche, la jeune femme a d’abord travaillé 5 ans dans les métiers de la vente en bijouterie et prêt-à-porter, avant de reprendre des études en alternance au CFA des métiers de l’aérien en 2016. "Chez Air France, je travaille au service du planning central. Nous recevons une liste d’avions qui entrent au hangar pour maintenance".

Anne-Valery doit éplucher la copieuse documentation technique fournie -en anglais- par Airbus et Boeing avant de planifier les tâches de révision, et de maintenance à effectuer en veillant à ne pas augmenter le TAT, comprenez le "turnaround time" ou temps d’immobilisation de l’avion en hangar

. Outre le rythme exigeant propre à l’alternance (3 semaines en entreprise, 3 semaines au CFA), Anne-Valéry travaille en 3x8 : "une fois le matin, une fois l’après-midi, une fois le soir, c’est un rythme à prendre". Pour entrer au CFA des métiers de l’aérien et y préparer son bac pro, Anne-Valéry a d’abord dû effectuer un CAP électrotechnique : "il me fallait acquérir ce diplôme technique pour accéder au bac pro aéronautique et être au niveau".

Structure, avionique ou systèmes… Se préparer au métier de mécanicien aéronautique exige de choisir sa spécialisation dès l’entrée en bac pro aéronautique. "Ces spécialités sont peu connues des jeunes mais ce sont celles qui sont le plus demandées par les entreprises et qui connaissent la plus forte croissance parmi les métiers techniques", remarque Christine Pelliet, responsable du sourcing des candidats au CFA.
L'Afmaé forme 248 apprentis cette année aux métiers techniques de l’aéronautique (bac pro, BTS et mention complémentaire) contre 211 l’an passé. Et encore le CFA ne peut-il satisfaire 100% des besoins des entreprises, seulement à 80% : compagnies aériennes, industriels équipementiers, entreprises de maintenance…toutes recrutent tant le secteur du transport aérien est en croissance.

Agent d'escale, un métier qui se prépare en un an

Chignon parfait, petit foulard de soie autour du cou, maquillage discret et tenue professionnelle aux couleurs de son entreprise Fabiola, 24 ans, est en pleine reconversion. Elle se prépare au métier d’agent d’escale. "Titulaire d’un bac pro secrétariat et d’un BTS d’assistant-e de gestion, je n’étais pas vraiment épanouie dans les bureaux. Il me manquait le contact humain auprès des clients. Comme j’ai un bon niveau d’anglais, parle portugais couramment ainsi que l’espagnol, je me suis réorientée vers un BTS tourisme qui m’a permis d’effectuer des stages dans des musées et dans le domaine de l’événementiel avant de me diriger vers les métiers de l’aéroportuaire ".

Fabiola prépare sa mention complémentaire (MC) d’Accueil dans les Transports (AT) avec Catherine 19 ans, bachelière littéraire promotion 2018 qui a débuté son apprentissage au terminal 2 E de Roissy en juin. "Après mon bac L j’ai travaillé 2 mois chez Carrefour et puis j’ai passé les tests d’entrée au CFA début 2019 : des tests psychologiques et de personnalité, un test d’anglais et de géographie. Le CFA m’a aidée à peaufiner ma lettre de motivation et mon CV ainsi que ma présentation. J’ai commencé la pratique en entreprise en juin avant les cours théoriques au CFA en septembre".

Un processus de double sélection au CFA et en entreprise assez long

Bien sur le CFA ne garantit pas un emploi une fois effectué ce travail de pré-sélection des candidats qui seront présentés aux entreprises partenaires. "Nous ne sommes pas recruteurs", rappelle Christine Pelliet, la directrice du sourcing. Pour entrer à votre tour en formation dans ces métiers de l’aérien, il vous faudra compter 6 à 8 mois. "Les processus de sélection des entreprises sont assez longs surtout pour des jeunes de 16 à 18 ans". En postulant au CFA en janvier 2020 pour passer les tests de pré-sélection, vous pourrez commencer votre apprentissage en entreprise au mieux 6 mois plus tard. Le prix à payer pour gagner vos ailes et vous envoler vers le métier de vos rêves !

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