Décryptage

Que valent les écoles de commerce de "second rang" ?

En sortie d’école de commerce, le salaire moyen tourne autour de 45.000 euros brut annuel.
En sortie d’école de commerce, le salaire moyen tourne autour de 45.000 euros brut annuel. © ihorvsn / Adobe Stock
Par Clémentine Rigot, publié le 30 novembre 2023
6 min

Les écoles de commerce de "milieu de tableau" n’ont rien à envier aux plus grandes. La différence se joue surtout sur le réseau.

"En France, on est obnubilé par les établissements de haut de classement, déplore Nicolas Glady, vice-président de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) en charge de la commission Formation et carrières. Mais on a aussi de très bonnes écoles dans le top 10 ou top 20".

De fait, les écoles de commerce nivèlent en quelque sorte par le haut, les premières ayant su imposer un degré d’excellence tel que les suivantes restent très solides. "Ce sont de bonnes écoles qui donnent accès à de bons emplois bien rémunérés", affirme Nicolas Glady. Pour cause : les établissements dits de "milieu de tableau" affichent un taux d’insertion de près de 90%. 

"Six mois après la sortie, on est même à 100% d’étudiants en poste", confirme Camille Faure, directrice du Programme grande école de l’ESDES. Accessible après le bac, l’établissement lyonnais se félicite aussi de sa proximité avec les étudiants. "C’est une école à taille humaine, ce qui permet d’accompagner nos élèves au plus près", précise la directrice qui insiste également sur son ancrage local. "Nos diplômés sont souvent recrutés dans de plus petites entreprises, ce qui leur permet d’évoluer plus vite et d’avoir des postes à impact", insiste-t-elle. Et qui dit évolution, dit augmentation rapide des salaires.  

L’apprentissage, clef de l’insertion ?

Les écoles du milieu n’ont pas grand-chose à envier côté rémunérations. "À la sortie, le salaire moyen tourne autour de 45.000 euros brut annuel", précise, de son côté, Annelaure Oudinot, directrice du PGE de Grenoble Ecole de Management (GEM). Un revenu assez élevé et, pour autant, assez classique dans ces établissements.

La directrice remarque même une augmentation ces dernières années. La raison ? Un "marché du travail beaucoup plus favorable", mais aussi la place importante laissée à l’apprentissage. "Cette année, 19% des étudiants ont décroché un emploi dans l’entreprise où ils ont réalisé leur alternance", souligne la responsable. 

"Toutes les écoles de commerce reconnues suivent des standards internationaux, sont adossées à la recherche et proposent des formations professionnalisantes, avec une place importante laissée à l’expérience professionnelle via l’alternance, les stages et les immersions en entreprise", abonde Nicolas Glady.

Diplômée de l’ICN Business School en 2023, Chloé Vien-Do a effectué ses deux années de master en apprentissage chez TotalEnergies, en tant que contrôleuse de gestion. "C’était une alternance d’une semaine en formation et trois semaines en entreprise. Cela m’a permis de découvrir le monde du travail, voir ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas, mais aussi de toucher un salaire", se souvient la jeune diplômée. 

L’importance de l’international

Elle occupe aujourd’hui un poste de Financial planning et Analyst chez Deloitte au Luxembourg. Une ouverture sur l’Europe "très enrichissante". Et la preuve que l'établissement d'origine ne fait pas tout : "J'ai des collègues qui viennent des écoles du top 5 dans mon service", souligne Chloé Vien-Do. 

Au-delà des expériences professionnelles, les mobilités à l’international restent ainsi un atout sur le CV pour l’insertion professionnelle. Et ça, les responsables l’ont bien compris : "Dans nos critères de diplomation, il y a de l’international", insiste Camille Faure, alors qu’à l’ESDES le départ à l’étranger est possible en 2e, 4e et 5e années.   

Des opportunités qui séduisent aussi pour débuter sa carrière : à GEM une part significative des diplômés travaillent hors du territoire français, notamment en Suisse, premier pays employeur des anciens élèves. 

Des établissements encadrés et contrôlés

Alors qu’est-ce qui distingue les écoles du haut du tableau et celles du milieu ? "C’est une somme de détails, mais typiquement, les réseaux d’anciens peuvent faire la différence", avance Nicolas Glady. Au delà de leur prestige, l’ancienneté de certaines, comme HEC ou l’Essec, permet ainsi d’acquérir un vivier d’alumni plus solides et installés.  

"Les grandes écoles sont des institutions qui préparent très bien à la vie professionnelle, mais une très grande école ouvre davantage le champ des possibles, affirme pour sa part Bernard Ramanantsoa, directeur général honoraire d’HEC Paris. Pour une promotion donnée, on va retrouver des gens qui se placent sur des spectres beaucoup plus larges : dans les secteurs de la banque, du luxe, mais aussi dans l’associatif par exemple." 

Les écoles du Top 5 se démarquent tout de même du côté des rémunérations. Dans les plus grandes, les salaires à la sortie dépassent souvent les 50.000 euros, là où ces rémunérations fluctuent entre 35.000 et 45.000 euros pour celles de second rang.    

Mais peu importe le classement, tous les établissements sont encadrés et répondent à des critères d’excellence, "quelle que soit leur place, comme en atteste le taux d’insertion", insiste Nicolas Glady. En plus de délivrer des formations généralistes en management, "les écoles sont une valeur sûre en termes de formation, d’aide à la recherche d’emploi, mais aussi de construction du projet professionnel", complète Annelaure Oudinot.

Et ces dernières années, des transformations majeures ont eu lieu dans le paysage du supérieur, notamment via l’arrivée de la RSE ou du développement durable : "les écoles modifient leur modèle pédagogique pour les intégrer, quelle que soit leur place dans les classements", salue Bernard Ramanantsoa. 

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