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Témoignage

Forum citoyen Erasmus+ : des propositions concrètes pour permettre à tous de réaliser ses "rêves de mobilité"

Le secrétaire d'État chargé des affaires européennes, Clément Beaune, a participé au forum citoyen Erasmus+.
Le secrétaire d'État chargé des affaires européennes, Clément Beaune, a participé au forum citoyen Erasmus+. © Agence Erasmus+ France / Education Formation.
Par Pauline Bluteau, publié le 21 janvier 2022
7 min

À l'occasion de son 35e anniversaire, l'agence Erasmus+ a invité les citoyens pour réfléchir sur l'avenir de son programme. Lycéens, étudiants, apprentis, volontaires, professeurs et jeunes demandeurs d'emploi ont ainsi établi une liste de 35 propositions.

Aller de l'avant au lieu de ressasser le passé, c'est toute l'ambition du forum citoyen Erasmus+. Depuis octobre 2021, l'agence française Erasmus+ a réuni 70 citoyens, bénéficiaires ou non du programme, pour les encourager à réfléchir sur l'avenir des mobilités. Et plus précisément, sur "leurs rêves de mobilité". Après plusieurs mois de concertation, pour fêter le 35e anniversaire d'Erasmus+, certains d'entre eux sont venus présenter leurs ambitions pour les années à venir.

Au total, 35 propositions ont été retenues autour du droit à la mobilité, de la nécessité d'informer dès le collège et d'être mieux accompagné dans sa mobilité ou encore, de garantir à toutes et tous des conditions favorables aussi bien matérielles que financières pour encourager les départs.

Erasmus+, un programme pas seulement destiné aux étudiants du supérieur

Sarah a effectué un apprentissage dans le domaine des ressources humaines. Elle a toujours rêvé d'un départ à l'étranger. Si cela n'a pas été possible pendant ses études pour des raisons financières, ce n'est qu'une fois sur le marché du travail qu'elle a pu réaliser son rêve : "J'ai commencé à travailler mais j'avais toujours ce besoin de partir. Je me suis retrouvée demandeuse d'emploi et c'est ma conseillère Pôle emploi qui m'a parlé du programme Erasmus+. Je ne savais pas du tout que j'y avais droit", raconte la jeune femme qui a pu partir pendant huit mois à Malte en 2020. "Je viens d'ailleurs de trouver du travail là-bas dans mon domaine, les ressources humaines. J'ai commencé en décembre !" se réjouit-elle.

Des opportunités professionnelles qui se présentent grâce au programme Erasmus+, a priori cela n'a rien de très exceptionnel… "Après chacune de mes mobilités, on m'a proposé du travail. Donc à chaque fois, c'est une chance mais si on ne le sait pas, on peut passer à côté d'une belle occasion", pointe Rémi, 29 ans, aujourd'hui boulanger-pâtissier. En tant qu'apprenti, le jeune homme a pu effectuer quatre séjours Erasmus+ : trois mobilités de trois semaines à Francfort puis un séjour de huit mois à Cambridge. "L'Angleterre, c'était mon rêve. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je ne cache pas que j'aurais voulu y rester mais on ne sait jamais…"

Lui aussi a toujours eu le goût de l'aventure mais pensait que le programme Erasmus+ était uniquement destiné aux étudiants du supérieur. Ce manque d'information est d'ailleurs ce qui fait le plus souvent défaut au programme, en proie aux clichés issus du film "L'Auberge espagnole". "Aujourd'hui, je veux montrer que ces mobilités sont possibles, même quand on est apprenti. Je pense qu'il n'y a pas d'obstacles à la mobilité mais plus des craintes qu'il faut lever", poursuit Rémi.

Parmi les propositions retenues à cet égard : créer des espaces Erasmus+ dans les établissements, créer un réseau de délégués Erasmus+, créer un réseau d'ambassadeurs Erasmus+ et enfin, créer un forum en ligne pour permettre l'échange entre bénéficiaires et non-bénéficiaires.

Faire de la mobilité un droit pour tous, tout au long de la vie

Un besoin d'information qui doit commencer très tôt, dans les écoles. Pour Camille, 21 ans, actuellement en CAP vêtement de peau à Paris, le plus important serait de faire reconnaitre le droit à la mobilité. Que tout à chacun puisse partir à l'étranger au moins une fois dans sa vie entre "la maternelle et ses études. Et même après : tout au long de la vie", détaille celle qui a réalisé deux mobilités : à Berlin pendant cinq semaines en terminale puis à Rome, quatre semaines, une fois dans le supérieur.

Un droit à la mobilité qui doit s'inscrire dans les différents parcours de formation et être reconnu en tant que tel.

Cela passe par "l'option de mobilité" accessible au lycée, qui concerne aujourd'hui uniquement les apprentis mais qui doit s'étendre aux élèves de seconde générale et technologique dès la rentrée 2022, comme l'a annoncé le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Autre proposition : valoriser les acquis de la mobilité grâce à l'Europass Mobilité pour faire reconnaitre ses compétences professionnelles, académiques et transversales en mobilité.

Lever les freins financiers, matériels et l'autocensure des candidats à la mobilité

Dans l'ensemble, les participants au forum réclament un meilleur accompagnement à la mobilité. Aussi bien concernant l'aspect financier (mettre en place un système de simulation de l'aide à la mobilité, financer le retour à domicile pendant un séjour long, affiner le calcul des bourses en fonction du coût de la vie au sein des villes et non des pays), l'accès au logement mais aussi la préparation au départ. Des propositions encouragent ainsi l'élaboration d'une sorte de "Guide du Routard Erasmus+", l'augmentation des cours de langues, la nomination d'interlocuteurs Erasmus+ pour mettre des ressources à disposition ou encore la création d'un numéro vert d'assistance.

Ces 35 propositions ont été présentées au gouvernement. Notamment à Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des affaires européennes et fin connaisseur du programme Erasmus+ puisqu'il a lui-même bénéficié d'une mobilité à Dublin pendant ses études. Selon lui, trois principaux freins restent à lever : les obstacles financiers, matériels (l'accès au logement) et l'autocensure. "Il faut traiter ces trois problèmes ensembles. Aujourd'hui, il y a encore de mauvaises informations qui circulent. Il y a des efforts à faire pour briser l'autocensure. C'est plus qu'une question de moyens. Il nous faudra imaginer des solutions mais cela prendra du temps pour tout mettre en place", prévient-il.

En mai prochain, les propositions seront aussi portées au niveau européen par les différents directeurs des agences Erasmus+. "On s'est rendu compte que même s'il y avait une grande diversité de profils dans cette concertation, on avait tous les mêmes craintes et les mêmes attentes", estime Camille. Même constat pour Sarah : "Je voulais donner mon ressenti et c'était enrichissant de voir que l'on était tous sur la même longueur d'onde. Je me suis sentie utile, notre voix compte." "Au-delà des propositions, pendant ce forum, on a aussi dit tout ce qui allait parce que nous avons tous tiré quelque chose de positif de nos mobilités", conclut Rémi.

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