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Edito : Face aux prépas, l'université est-elle suffisante pour réussir en PASS-L.AS ?

Des étudiants en tutorat à Tours.
Des étudiants en tutorat à Tours. © Pauline Bluteau
Par Pauline Bluteau, publié le 15 décembre 2023
5 min

DOSSIER. Galien, Médisup, Supexam… Ces noms, vous les avez déjà entendus ou aperçus si vous envisagez de vous inscrire en PASS ou en L.AS. Ces prépas aux études de santé ont la cote et depuis la fin de la PACES, elles se sont multipliées. Signe que l'université n'est plus suffisante pour accéder en médecine, en maïeutique, en odontologie ou en pharmacie ?

Si, dans l'univers des études de santé, les prépas ont toujours existé, elles se sont, depuis la réforme, multipliées. Aujourd'hui, on en compte plus d'une centaine en France.

Parmi les plus anciennes : Cours Galien qui possède aujourd'hui 13 centres partout en France, mais aussi Médisup Sciences qui a désormais pignon sur rue dans la majorité des villes universitaires, ou encore Supexam, implantée dans 14 villes sous des noms comme Bersot Formation, Stansanté, Skol Santé ou Prépa Vésale.  

Ces établissements du supérieur privé, non reconnus par le ministère de l’Enseignement supérieur, ont diversifié leur offre et proposent désormais de l'accompagnement du lycée à l'université en PASS et L.AS, en passant par la "prépa zéro" ("P0").

Avec des coûts atteignant près de 11.000 euros l'année pour certaines d'entre elles, elles n'ont qu'une promesse : accompagner la réussite des étudiants qui souhaitent devenir médecins, sages-femmes, dentistes ou pharmacien.  

Des réformes, encore des réformes

Mais ce n'est pas un hasard si ces prépas ont davantage la cote depuis quelques années. Au lycée ou dans l'enseignement supérieur, les réformes s'enchaînent depuis près de cinq ans (Parcoursup, spécialités au bac, suppression de la PACES).  

De quoi inquiéter les familles et aussi mettre à mal les enseignants du secondaire et du supérieur qui doivent d'autant plus s'impliquer dans l'orientation des étudiants. Un rôle que les universités ont du mal à tenir et qui ouvre la voie à des acteurs privés. 

Des inégalités de plus en plus perceptibles

Et aujourd'hui, confrontés à une pression constante sur leur réussite dès la première année, au moins la moitié des étudiants privilégient la prépa, faisant des études de santé un cursus réservé à ceux qui ont ou qui s'en donnent les moyens.  

Mais, sans le savoir, parfois, cet accompagnement peut avoir lui-même des répercussions sur leur avenir. Si les prépas développent de plus en plus des programmes en 1re et en terminale pour que les lycéens prennent de l'avance sur leur future année de PASS, c'est la P0, cette année de prépa entre la terminale et l’entrée dans le supérieur, qui interroge.

Si des prépas la présentent comme une alternative, après le bac, pour optimiser ses chances d’intégrer un PASS ou une L.AS, les universités la voient d’un très mauvais œil.    

Qu'est-ce qu'une prépa aux études de santé ?

Il existe une centaine de prépas aux études de santé en France. Si on les appelle "prépa", elles n'ont rien à voir avec les classes préparatoires aux grandes écoles (pour intégrer les ENS, écoles d'ingénieurs et de commerce principalement). Les prépas aux études de santé sont majoritairement des établissements d'enseignement supérieur privés non reconnus par le ministère de l'Enseignement supérieur. Plusieurs programmes sont proposés : dès le lycée aux élèves de 1re et terminale ; entre le lycée et l'université, une année blanche souvent appelée P0 ; et en PASS ou en L.AS, en première année d'études de santé à l'université (la plus répandue). Ces prépas sont payantes, et durent une année scolaire.

Privatiser les études de santé, la solution ?

Entre l'émergence des prépas privées, la crise sanitaire et la multiplication des cours à distance, les amphis de santé sont vides, et l'université ne serait pour beaucoup plus qu'un moyen de passer le concours, et d'accéder en deuxième année, à en juger les différents témoignages d'étudiants. 

Alors les facs de santé doivent-elles devenir payantes pour prouver leur crédibilité et surtout avoir davantage de moyens pour mieux encadrer les étudiants et favoriser leur réussite ?   

Certains doyens assurent que la faculté de médecine pourrait, à terme, devenir payante si rien ne change. Pour d'autres, cela reste du domaine de la dystopie. Quant aux prépas interrogées, elles insistent sur le fait que l'accompagnement n'est qu'un service proposé et que l'idéal voudrait que les étudiants puissent s'en passer.  

Au fond, plus qu'un clivage privé-public, c'est tout le système des études de santé qui reste à interroger. Dans ce cas, l'enjeu est peut-être purement politique.  

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