Comment je suis devenu infirmier en psychiatrie
A 29 ans, Mathieu s’épanouit de nuit, au contact de ses patients de l’unité de soins de psychiatrie adolescente.
C’est à 23 heures, moment du coucher, que les "tournées" de Mathieu dans les chambres commencent, entre crises d’angoisses des uns, insomnie et solitude des autres. "On intervient dès que ça ne va pas, et c’est toujours extrêmement enrichissant", précise le jeune homme, qui achève son service à 7 heures du matin, avec les transmissions à ses collègues de l’équipe de jour.
De la biologie à la passion de l’humain
L’ancien élève en sport-études du collège Louise de Savoie, à Chambéry (73), n’imaginait pas se retrouver infirmier en psychiatrie, mais plutôt… soigneur animalier !
"Après une seconde ratée dans un lycée généraliste, j’ai redoublé au lycée agricole Reinach à La Motte-Saint-Voleix (73). Je me voyais ingénieur agronome", se souvient Mathieu, qui a toujours eu une passion pour le vivant.
L’année de son bac S, option biologie, il s’inscrit comme bénévole à la Croix-Rouge, à Chambéry (73), après avoir suivi une formation de secouriste l’été précédent. "En participant à des évènements importants, festivals et concerts, j’ai eu une sorte de révélation ! J’ai compris que je voulais travailler au contact des personnes, et que les longues études n’étaient pas mon truc !", poursuit-il.
Mathieu présente, la même année, différents concours pour devenir infirmier. Obnubilé par son bac, qu’il décroche en 2008, il rate les admissions, mais se fait recruter comme "faisant-fonction", (aide-soignant), dans un EHPAD de Chambéry.
Du bac à l’accompagnement en EHPAD
Dérouté le premier jour par les soins intimes aux personnes âgées, auxquels il n’est pas préparé, il est coaché par une aide-soignante expérimentée. "J’ai découvert l’importance de l’empathie et de la bienveillance auprès de personnes vulnérables, et ça m’a conforté dans mes choix. J’y ai travaillé tous les week-ends, plus des remplacements, tout en suivant les concours d’une prépa privée, 2 jours par semaine", explique Mathieu.
De la théorie aux gestes qui soignent
En avril 2009, Mathieu intègre pour 3 ans l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) de Sainte-Egrève, proche de Grenoble (38). Dans cet établissement public, il fait l’apprentissage, au cours de la 1ère année, du fonctionnement du corps humain "sain", puis, en 2ème et 3ème années, du corps "malade" : anatomie, physiologie, muscles, squelette et les fonctions, sont au programme des débutants. La pharmacologie, le dosage et la toxicité des produits ainsi que les gestes infirmiers, eux, occupent le cursus des 2ème et 3ème années.
Ses patients trouvent en lui un soignant attentif et disponible, que des horaires "coupés" et des week-ends travaillés ne rebutent pas. "Le plus beau métier du monde", souligne celui qui ne porte jamais de blouse blanche, afin d’apprivoiser ceux qui souffrent.
5 décembre 1989 : Naissance à Saint-Martin- d’Hères (38)
Juillet 2008 : Bac S option biologie
Septembre 2009 : Reçu à l’IFSI de Saint-Egrève (38)
Novembre 2012 : Décroche son diplôme d’État infirmier
Décembre 2012 : Infirmier en unité médecine-nutrition en CDD à la clinique du Grésivaudan à La Tronche (38)
Janvier 2017 : Devient infirmier de nuit en CDI en psychiatrie adolescente, toujours à la clinique du Grésivaudan (38)
A la suite à la réforme adoptée en 2018, les lycéens en terminale, et les étudiants disposant du baccalauréat peuvent postuler en formation d'infirmier directement via Parcoursup. La sélection se fait entièrement sur dossier de candidature.
A noter qu'une branche d'accès spécifique pour les candidats en reconversion professionnelle est créée. A savoir, chaque IFSI organise son propre concours. Ce dernier se compose de 2 épreuves : l’une écrite, composée de culture générale et de mathématiques. L’autre, orale, est basée sur le projet professionnel du candidat.
Salaire
Entre 1.600 et 2.000 euros net mensuels.